Les plaies sont en train de cicatriser avec 450 000 réfugiés qui sont revenus au pays depuis 2002. Mais leur retour ne suffit pas à guérir le Burundi, petit pays à forte densité démographique; la réinsertion passe avant tout par la restitution d’un accès à la terre.
Ferruzi Mukurumbuze, petit agriculteur de Rumonge au sud du pays, s’est bien débrouillé. A son retour de Tanzanie en 2004, il a récupéré une partie des terres qu’il avait dû abandonner en 1972, lorsque l’escalade de la violence l’avait contraint à l’exil avec sa famille.
“L’agriculture aide les populations à vivre”, dit-il. “Ce que vous avez en poche quand vous rentrez au pays ne dure pas longtemps, mais lorsque vous avez un lopin de terre à cultiver, vous arrivez toujours à survivre”.
Aujourd’hui, Ferruzi plante du manioc. Il emploie des boutures exemptes d’un terrible virus qui a causé d’énormes pertes de récolte dans toute la région des Grands Lacs. C’est la FAO qui lui a fourni ces boutures dans le cadre d’un effort régional financé par le Département d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) visant à éradiquer le virus. Cette initiative a abouti à la première récolte de manioc sain à l’automne 2008 dont ont tiré parti plus de 1,5 million de personnes.
Venir en aide à Ferruzi et aux quelque 25 000 familles de réfugiés rentrés au pays fait partie en 2008 de l’engagement de la FAO à remettre en état l’agriculture du Burundi. Et l’UE, qui a contribué à hauteur de 12 millions d’euros depuis 2001, est l’un de ses principaux partenaires.
Avec le soutien de l’UE, la FAO a lancé une vaste gamme d’activités : de la dissémination du savoir-faire agricole à la diversification des cultures et à la distribution de semences et d’outils, autant d’activités mises en œuvre en partenariat avec les autorités locales et la société civile afin de consolider les structures sociales du Burundi en phase de relèvement.
Dans tout le pays, la FAO organise des foires aux intrants, une des méthodes privilégiées par l’Organisation pour stimuler la production vivrière locale. Les agriculteurs reçoivent des bons qu’ils peuvent échanger comme bon leur semble contre des semences, des engrais, des outils et autres intrants.
Les foires servent également de marché aux producteurs locaux de semences de qualité et de soutien aux petites entreprises locales de vente de matériel agricole.
En tout, quelque 100 000 petits exploitants vulnérables ont bénéficié du programme en 2008. Selon Jean-Alexandre Scaglia de la FAO, la remise en état de l’agriculture du Burundi revêt une importance fondamentale: “Elle aide à consolider le processus de paix dans le pays.”
Source : ONU