Guido Hülsmann, professeur d'économie à l'Université d'Angers, critique les plans de relance économique décidés par de nombreux gouvernements pour remédier à la crise :
"Les gouvernements occidentaux ont instigué des "politiques de relance" qui consistent essentiellement à augmenter les dépenses de l'Etat, financées par une augmentation des dettes publiques. [...] Cette vision des choses est-elle correcte ? [...] Selon les économistes autrichiens, la crise découle des politiques monétaires dites de "stabilisation". En effet, les agents des marchés financiers, précisément parce qu'ils étaient sûrs du soutien des banques centrales, ont minimisé leurs trésoreries et leurs fonds propres, fragilisant ainsi l'industrie financière. De plus, la politique des taux d'intérêt bas, pratiquée de longue date par les banques centrales, a engendré des investissements insoutenables. [...] Aujourd'hui les erreurs d'investissement commises dans ces industries se manifestent par une crise d'insolvabilité à l'échelle mondiale. Cette insolvabilité généralisée n'est cependant pas en premier lieu un problème psychologique ("perte de confiance") qui saurait être redressé par des dépenses de l'Etat. Elle signale une pénurie globale de capitaux réels qui menace d'assécher la production et d'appauvrir la société entière. Les firmes insolvables ont fait des investissements fixes insoutenables. Ils ont visé une clientèle dont la richesse a été en fin de compte imaginaire, car résultant de bulles spéculatives. [...]
[L]es "politiques de relance" sont vouées à l'échec. Pis, elles risquent de prolonger et aggraver la crise, car elles cherchent à conserver les industries actuelles, tandis qu'il s'agit justement de les remanier. [...] A court terme, les dépenses de l'Etat bénéficient à certaines industries aux dépens du reste de l'économie ; à moyen et long terme, elles appauvrissent la société entière. [...]
Mais quelles sont les alternatives ? Si l'interventionnisme est à l'origine de la crise, il est logique de chercher la solution dans le sens opposé, en ôtant la gestion de la crise des mains du gouvernement et des banques centrales pour la confier aux citoyens, c'est-à-dire aux épargnants et aux entrepreneurs. Le résultat du laisser-faire serait une thérapie de choc avec des effets exactement contraires à ceux des politiques actuelles. A court terme une spirale déflationniste avec effondrement des marchés financiers et banqueroute de ceux qui ont financé leurs investissements largement par la dette. Puis des ventes d'usines et d'immeubles à bas prix à ceux qui n'ont pas, ou peu, de dettes. Pendant que les nouveaux propriétaires s'installent, il y aurait un chômage massif, une chute de la production et donc une réduction des revenus réels de la population. Après cette tempête, au bout de deux ou trois ans, on pourrait cependant s'attendre à une très forte relance de la croissance et à la disparition du chômage, la déflation ayant purgé l'économie des investissements insoutenables. Voilà une approche qui a fait ses preuves tout au long du XIXème siècle et jusqu'au début des années 1920. C'est toujours une option à l'heure actuelle, et probablement pas la plus mauvaise."
MJ