Je ne sais plus qui a dit : « Persister à être romantique aujourd’hui c’est comme vouloir rester vierge dans une maison close. » Il est vrai que notre époque ne semble pas favoriser les élans idéalistes et célèbre plutôt une sexualité presque mécanique.
Jean-Paul Guerlain, lui, a toujours cultivé une image romantique. Ses parfums ont, semble t’il, tous été créés pour des femmes aimées, admirées ou désirées. D’ailleurs, on lit souvent, que Chamade fut inspiré par Brigitte Bardot. C’est aussi un hommage au roman éponyme de Françoise Sagan.
Inspiré, peut être, par une actrice qui a fait fantasmer toute une génération d’hommes et, qui plus est, lancé en 69, année érotique et point culminant d’une époque de libération sexuelle, Chamade reste, néanmoins, une création résolument romantique.
L’envol du parfum est très vert et floral, avec sur le devant de la scène, une jacinthe et un galbanum incisif. Cette verdeur prononcée mariée aux notes de tête un peu rêches du jasmin et du ylang, et au côté fruité acidulé, mais aussi sulfuré, du bourgeon de cassis, donnent à Chamade une légère stridence dans le départ. Mais il serait dommage de s’arrêter sur cette première impression.
Bientôt, le vétiver lui apporte une belle profondeur terreuse, pendant que des notes très poudrées et moelleuses créent un contraste intéressant avec le crissant initial. La rose achève de lui donner son aura romantique.
C’est un parfum tissé très serré, littéralement gorgé de matières riches et généreuses ; la rémanence sur la peau est exceptionnelle. Il me donne une impression de touffeur, d’épaisseur et possède une forme assez compacte.
Chamade ressemble à un coucher de soleil capturé au travers de lourds branchages, dans un jardin primordial. On y découvre aux détours des allées des statues de marbres blancs, partiellement recouvertes de végétal et captant doucement les derniers rayons de lumière.
C’est un parfum que je trouve légèrement oppressant... un peu comme l’amour… ?
En Bref
Lancement : 1969
Parfumeur : Jean-Paul Guerlain
Famille : Ambré Fleuri Boisé ou Floriental vert
Notes : Jacinthe, bourgeons de cassis, galbanum, muguet, lilas, Ylang Ylang, jasmin, rose turque, Iris, vetiver, bois de santal, vanille, musc, ambre.
Descendants : Nahéma (1979) ressemble beaucoup à son grand frère Chamade, la jacinthe, le vetiver, la rose et les notes poudrées, créent une sorte d’Adn commun, Nahéma est cependant beaucoup plus fruité (pêche) et la rose y est vraiment dominante.
source de la photo : Center Blog