Le 2 juin 1953, la princesse Elisabeth est couronnée reine d'Angleterre et succède à son père George VI sous le nom de Elisabeth II. Evènement planétaire du fait que c'était le premier couronnement diffusé à la télévision dans le monde. Depuis, aucun évènement n'avait marqué le paysage audiovisuel de cette manière. Même l'avènement du prince Charles (probablement George VII) ou du prince William (hypothétiquement Guillaume V) n'aura pas le même retentissement sauf à être le premier couronnement anglais du XXIème siècle.
Ce 20 janvier, l'arrivée de Barack Obama, après des années troublées de George W. Bush, va connaître la même révolution qu'en 1953. A double titre.
Premièrement, parce que c'est le premier président américain de couleur. C'est la grande révolution que va connaître cette puissance. Il a fallu attendre 144 ans depuis l'abolition de l'esclavage par le 13ème amendement pour voir se concrétiser ce pourquoi tant de gens se sont battus depuis des années, notamment avec Martin Luther-King (dont le 19 janvier est le jour férié en sa mémoire). Cela nous semble distant, à nous autres européens, mais de l'autre côté de l'Atlantique c'est un vrai bouleversement, et dans les mentalités, et dans la culture. Le nouveau président sera d'ailleurs très attendu sur la question des droits des minorités encore malmenées comme on peut le constater dans les bavures ou les procès. Mais, alors que c'est seulement un président américain qui a été élu, toute l'Afrique est pendue aux actions et déclarations que fera Barack Obama au cours de son mandat. Cette pression sur ses épaules doit être terrible.
Deuxièmement, parce qu'il prend la suite de huit années de gouvernance Bush, jugées comme les plus désastreuses. Tout est à refaire ou même à faire. Santé, social, éducation, justice, emploi et défense. Obama va avoir devant lui une rame de feuilles blanches sur lesquelles il va écrire l'avenir d'un pays. Ce qu'il écrira sera ce qui va déterminer la vie de plus de 305 millions de personnes directement et, ai-je envie d'ajouter, quelques milliards d'individus sur terre pour quelques années. Il a une occasion unique de construire un pays et de prouver que l'Amérique est un grand pays qui n'est pas le guerrier et le destructeur que l'on connaît. Le couple présidentiel en a bien conscience, c'est déjà ça. Dans ce pays où c'est "chacun pour soi et Dieu pour tous", l'inaction a des impacts sérieux. Le "laisser-faire" de Bush a permis de se mettre en place des habitudes et des irrespects des lois invraisemblables. Les lobbies sont tellement puissants que l'immobilisme est de mise pour ne pas froisser pétroliers, groupes industriels, pharamaceutiques et autres fabricants d'armes.
Pour tout remettre à plat, il ne suffira pas de prier Dieu, mais bien d'agir au bénéfice de la collectivité. Barack Obama ne peut pas se permettre d'échouer et de trahir ceux qui lui ont fait confiance. Surtout qu'au cours de sa période d'état de grâce, il aura droit à une sorte de consensus avec les Républicains qui semblent prêts à le soutenir pour son plan de relance. Espérons que la Bible, qu'il a choisi, sur laquelle a juré Lincoln lors de son investiture en 1861, lui portera chance. Ca classe ou ça casse le Barack.