30 mars 1844, Metz : naissance de Paul Verlaine, poète.
La difficulté qu'avait rencontrée sa mère pour mener une grossesse à terme fera de Verlaine un homme éternellement dépendant de son complexe d'Oedipe et favorisera ses tendances bisexuelles.
Bon élève au lycée Condorcet, à Paris, il tombe sous la double fascination de l'absinthe et de la poésie baudelairienne alors qu'il a tout juste seize ans.
Mais l'étroit noeud de vipères que forment en lui son goût pour la bohême et le respect pour les ambitions petites-bourgeoises de sa mère le pousse cependant à passer des concours administratifs qui le transformeront à ses débuts en employé municipal de la Mairie de Paris.
A la même époque à peu près, il tombe amoureux de Mathilde Mauté, la soeur de l'un de ses amis, et envisage on ne peut plus sérieusement l'épouser.
Ce qu'il fait effectivement en 1870. Un an plus tard, Mathilde, qui a eu un fils de son mari, demande le divorce.
Ce n'est pas tant la prise de position du poète pour la Commune - qu'il reniera ensuite - qui est ici en cause. Ce sont son alcoolisme envahissant, sa brutalité (y compris envers son fils), ses sautes d'humeur et, bien entendu, sa relation avec Arthur Rimbaud. Amoureux éperdu du jeune homme, Verlaine a en effet quitté sa femme et son fils pour suivre "l'homme aux semelles de vent" en Belgique.
Mais jusque dans ses liaisons homosexuelles, Verlaine conserve son caractère violent, excessif, inquiétant. Rimbaud, qui n'est pas lui-même un ange mais ne tient guère à mourir plus tôt que prévu, se lasse et porte plainte après que son amant ait cherché à lui tirer dessus. Il retirera très vite sa plainte mais Verlaine atterrit en prison.
Là, cet homme étrange connaît une crise de mysticisme aussi sincère que l'étaient ses débauches, et qui le jette droit dans les bras du catholicisme. Son enfermement est en outre période faste pour le poète qui compose là quelques uns de ses meilleurs vers.
D'excès en excès, d'homme en femme et de femme en homme, toujours soumis à la Fée Verte, Verlaine passera le reste de sa vie à traîner à la remorque de sa mère. Usé, alcoolique mais révéré par les Symbolistes et tête de file des Décadents, il mourra dans la misère, à l'âge de 52 ans, quelque temps après le décès de Mme Verlaine.
Délicats, fondés sur l'assonance et la rime impaire, d'une finesse sans égale, ses vers expriment le plus souvent la mélancolie, la fadeur triste des vieilles nostalgies ou alors la glorification d'une chair que, pourtant, le poète ne peut s'empêcher de lier étroitement à la Mort. L'un de ses plus beaux recueils porte d'ailleurs le nom de "Les Saturnales" et, par là-même, semble revendiquer l'antinomie foncière qui, pas un seul instant, ne cessa de présider à la vie comme à l'oeuvre de Paul Verlaine, le Prince des Poètes. ;o)