UIMM : Parisot et Gautier-Sauvagnac devant le juge

Publié le 19 janvier 2009 par Torapamavoa Torapamavoa Nicolas @torapamavoa

Audience exceptionnelle à la 17e chambre civile du TGI de Paris. Daniel Dewavrin, ancien président de l'UIMM, était poursuivi pour diffamation par la présidente du Medef. Denis Gautier-Sauvagnac, ex-leader de la métallurgie, vient témoigner à la barre.
(source : http://www.lesechos.fr/info/france/300323584-uimm-parisot-et-gautier-sauvagnac-devant-le-juge.htm )

Ambiance tendue à la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris, alors que Laurence Parisot a expliqué, au cours d'une audience publique, qu'elle ignorait l'existence des retraits d'argent liquide de l'Union des industries métallurgiques et minières (UIMM), jusqu'à ce que l'affaire éclate dans la presse, le 26 septembre 2007. Daniel Dewavrin prétend que la présidente du Medef ne pouvait ignorer l'existence des retraits de liquide de l'UIMM. Il a fait citer son successeur, Denis Gautier-Sauvagnac, comme témoin.

L'ancien président délégué général de la fédération de la métallurgie, qui faisait là sa première apparition publique depuis octobre 2007, a confirmé avoir eu une conversation à propos de ses pratiques financières avec Laurence Parisot, en juin 2007, plus de trois mois avant le premier article de presse sur le sujet.

Premier arrivé vers 13h30, Dominique de Calan, ex bras droit de Denis Gautier-Sauvagnac a fait une entrée remarquée devant une chambre aux abords emplis de gendarmes, suivi peu après de Hugues-Arnaud Mayer, président de la commission territoriale de l'organisation patronale. Rosine Lapresle-Tavera et Stéphane Seigneurie, respectivement coach et chef de cabinet de Laurence Parisot, sont ensuite entrés dans la salle d'audience, où ils ont rejoint les bancs du public.

A 14h07, la présidente du Medef est à son tour arrivée. "Je suis impatiente, j'attends ça depuis le 8 mars 2008", a-t-elle déclaré aux journalistes présents, avant d'ajouter "c'était la journée de la femme, je n'oublierai jamais". A 14h24, la partie adverse était au complet, avec Daniel Dewavrin, président de l'UIMM de 1999 à 2006, Jean Reinhardt, son avocat, ainsi qu'Arnaud Leenhardt, lui aussi ex patron de l'UIMM et appelé comme témoin par Daniel Dewavrin.

Suspension de séance à 14h45

Dans une ambiance très électrique, le premier accroc a lieu dans le premier quart d'heure de l'audience, avec une suspension de séance. Laurence Parisot souhaitait créer la surprise en faisant témoigner à la barre Hugues-Arnaud Mayer. Bien qu'elle soit hors délai, cette demande veut toutefois bien être acceptée par l'avocat de Daniel Dewavrin, à condition que celui-ci produise de nouveaux éléments contenus dans le livre "Enquête sur le patronat"*.

L'audience s'est terminée après 18h30. le verdict est attendu pour le 2 mars.

Guillaume Delacroix (au Palais de justice)

La journée rocambolesque du 8 mars 2008Le samedi 8 mars 2008, "Le Monde" publie une interview de Laurence Parisot, dans laquelle la patronne des patrons affirme avoir appris les pratiques financières de l'UIMM par la presse, le 25 septembre 2007. En début d'après-midi, Daniel Dewavrin, joint par l'AFP, déclare : "Denis Gautier-Sauvagnac m'a dit avant l'été 2007 qu'il avait eu une conversation avec Laurence et qu'elle était parfaitement au courant". Interrogé un mois plus tard par la brigade financière, Daniel Dewavrin sera plus précis : "Alors qu'elle interrogeait Denis Gautier-Sauvagnac sur la poursuite de ces pratiques, il lui avait souri et elle avait conclu en disant : "Je vois que vous continuez"".
Un peu plus tard dans la journée du 8 mars, "DGS" fait confirmer par son avocat les propos de Daniel Dewavrin. Laurence Parisot riposte alors par communiqué : "Les propos de Daniel Dewavrin et Denis Gautier-Sauvagnac selon lesquels j'aurais été informée (...)" dès avant l'été 2007 "sont mensongers. Ils sont gravement diffamatoires à mon encontre en ce qu'ils signifient que j'aurais menti". Réplique de Daniel Dewavrin, sur France Inter cette fois : "Elle ne dit pas qu'elle savait depuis longtemps que ces choses-là existaient et qu'elle en a tiré profit pour mener sa politique".
A 20h, la présidente du Medef apparaît sur le plateau de France 2 : "Ce sont de sacrés menteurs, ces messieurs (...). Ces deux personnes ont fait des déclarations tellement scandaleuses que j'ai immédiatement décidé de porter plainte pénalement en diffamation (...), je trouve ça lamentable que l'industrie soit représentée par ces personnes-là qui constituent une vieille garde de l'UIMM".
* ndlr : l'auteur du livre est Guillaume Delacroix, le journaliste des "Echos" en charge du patronat.