La controverse sur le rôle de l'arbitre video est sans doute aussi ancien que la mise en place de ce dispositif.
Et le match Toulouse - Glasqow, a permis de confirmer s'il en était besoin que le recours aux images ne représente pas la solution miracle aux contestations.
Rappelons les faits : alors que Vincent Clerc s'apprête à récupérer un ballon convoité par les trois-quarts écossais à quelques mètres de l'en-but toulousain, il est proprement balancé par un adversaire. Le ballon est ensuite applati par le centre Morrisson.
L'arbitre de la rencontre, Monsieur Wayne Barnes, demande alors une confirmation vidéo. Tous pensent qu'il va refuser l'essai pour cette charge sur Clerc. Mais non, il valide l'action écossaise qui donne un avantage significatif à Glasgow. Il semble que le directeur de jeu ait seulement demandé à son homologue en charge de la video de lui confirmer que le ballon a bien été applati par Morrisson.
Au-delà de l'étonnement que la décision - légitime sur le plan procédural - de Monsieur Barnes a pu susciter chez tous les supporters Français, on peut légitimement se demander quelle plus-value apporte la vidéo.
D'une manière générale, on a le sentiment d'une utilisation à la fois trop systématique et trop limitée.
Trop systématique, car les arbitres, en particulier dans les compétitions internationales, ont une tendance à réclamer le recours à la vidéo dès lors que le joueur qui applatit n'est pas seul ou qu'il plonge dans l'en-but (on ne parle pas ici des plongeons "spectacles" réalisés alors que le scoreur est seul dans l'en-but). A force d'en appeler à la vidéo, l'arbitre de champ banalise son utilisation. Il sape en quelque sorte son autorité en ne prenant pas ses responsabilités.
C'est
d'autant plus agaçant que les juges de touches ne sont pas
associés, eux qui pourraient tout à fait légitimement intervenir
pour valider une action réalisée à quelques mêtres d'eux. Il
suffirait pour cela que "l'arbitre leur indique leurs
responsabilités (règle 6 IRB)" c'est-à-dire leur demande de
l'assister sur ce point. D'ailleurs, les règles expérimentales
adoptées par le Board insistent sur le fait que les juges de
touches doivent désormais être considérés comme de véritables
arbitres assistants.
Trop limitée par la réglementation, la consultation de l'arbitrage video ne permet pas de répondre aux situations les plus litigieuses.
Que disent les règles de l'IRB en matière d'arbitrage video ?
La règle 6 relative aux officiels de match, dispose que "l'officiel utilisant des systèmes technologiques" peut être consulté par l'arbitre si celui-ci n'est pas sûr d'une décision relative à l'en-but ou en cas de doute sur la présence du joueur en touche au moment où celui-ci applatit le ballon dans l'en-but.
En réduisant
le périmètre de la vidéo à l'en-but, l'IRB ne permet pas aux
arbitres de consulter celle-ci pour des situations qui ne s'y
situeraient pas, comme ce fut le cas samedi dernier à Toulouse. En
d'autres termes, Monsieur Barnes a peut-être commis une erreur
d'appréciation en ne sifflant pas la faute commise sur Vincent
Clerc. Il a en revanche agi conformément aux directives de l'IRB en
ne demandant pas à l'arbitre video d'examiner la charge sur
l'ailier Toulousain intervenue à l'extérieur de
l'en-but.
Notons au passage qu'en ce qui concerne le Top14, le règlement de la LNR étend le rôle de l'assistant video au jeu déloyal dans son ensemble. Il semblerait pertinent que les compétitions internationales autorisent l'arbitre à consulter la vidéo pour ce type de cas.
Mais est-ce suffisant ?
Pas certain, comme on le voit, pour toutes les fautes qui ne peuvent être rangées dans la catégorie "jeu déloyal" mais qui ont un impact déterminant sur le score (comme ce fut le cas à Ernest-Wallon samedi).
On peut imaginer d'étendre l'usage de la video au-delà de l'en-but. mais jusqu'où aller et comment circonscrire le périmètre d'intervention. Par exemple, si l'on propose d'étendre la saisine de l'arbitre vidéo à "la dernière action avant l'essai". Comment définir celle-ci ?
Autre dilemme : si l'on étend l'interrogation du vidéaste aux 22 mètres, n'y aura-t-il pas des cas litigieux qui se dérouleront à 25 mètres et qui déchaineront les critiques pour n'avoir pas été examiné à la video ?
La solution pourrait consister à laisser le choix à l'arbitre de saisir l'assistant vidéo toutes les fois qu'il estime que l'enjeu le nécessite. On imagine tout de suite la réaction des dirigeants et des supporters toutes les fois que l'arbitre aura décidé sans l'aide de la video.
Difficile de
trouver LA solution au problème des insuffisances de l'arbitrage
video. Il est même très possible qu'il n'y en ait
pas.
Au final, on
n'est pas loin de se demander si le dispositif actuel n'est pas le
pire à l'exception de tous les autres...