Les "claqueurs" du théâtre aux XVIII° et XIX° siècle : "Les Chevaliers du Lustre" deuxième partie
Par Bernard Vassor
Par Bernard Vassor Restons quelques instants encore avec notre chef claqueur Leblond. Les acteurs, actrices chanteurs, chanteuses, et auteurs donnaient convenablement, soit des bijoux, et des pensions. Leblond recevait une pension d'un louis par mois de Dupaty, pour faire applaudir Mme Belmont, il lui a donné dix louis pour soutenir sa pièce Mademoiselle de Guise, deux louis pour son Hussard noir et un louis pour Ninon. Riboutté a donné cinquante louis à Leblond et quinze à Ledoux, un autre chef de caballe qui avait cinquante hommes sous ses ordres pour assurer le succès de sa pièce l'Assemblée de famille. Les compositeurs de musique étaient plus pingres. Gavaux n'a donné que six francs, Nicolo qu'un seul malheureux louis, Sollierpromettait mais ne donnait rien. Après le départ de Mlle Georges, Leblond consentit à appuyer Mlle Duchesnois. Mlle Emilie Levertsavait elle aussi comme Mlle Georges, donner de sa personne pour remercier Leblond, en plus des six louis, d'une chaîne de montre en or, et remercia quelques gens du chef des claqueurs de la même manière. Mlle Bourgoin offrit une montre en or, Martin et Elleviou faisaient chacun une rente d'un louis par mois à Leblond. Le tarif des applaudissements à Nourrit à l'OPéra étaient tarifés à quatre francs chaque fois qu'il paraîssait; les apparitions deMlle Bigotini coûtaient entre douze et quinze francs; Mme Mosca a payé quinze francs chaque fois qu"elle a chanté à "l'Opéra-Buffa. Ledoux, l'autre chef de caballe, ancien comédien, habitait 4 rue du Coq et employait lui aussi entre quarante et cinquante personnes. Parmi ceux-ci on trouvait des marchands au Palais-Royal, un monsieur Maurice employé à la trésorerie et marchand de vins. Ledoux recevait en outred es bas, des gilets, des redingotes, et les billets qu'il recevait lui valaient des dîners dans les plus grandes tables, des souliers, des perruques. L'argent que lui remettaient les actrices lui payaient son loyer, en même temps qu'il recevait "ces dames". Un autre chef de caballe Dominique Darrieuxagé de quarante sept ans demeurait 5 rue Chabanais, arrêté plusieurs fois, avait été puni d'un mois de prison à la Force. Il récidiva et c'est lui qui distribua cent billets à la représentation de Christophe Colomb par Dumaniant. Joseph-Jean-Baptiste Lebrun, natif de Tournay, demeurant 50 rue de Richelieu n'a que douze personnes sous ses ordres, mais cela lui suffit à payer son loyer son tailleur et ses fournisseurs à qui il vend une partie de ses billets à moitié prix. Le maître de ballet Gardelutilisait les services d'un certain Molineuf, employé dans les jeux, et demandait parfois l'appui de Lebrun. Franconi, utilisait les services de tous ces beaux messieurs à tour de rôle, il était ainsi assuré d'avoir la totalité des claqueurs dans son camp. Lebrun avait reçu une gratification de cent écus du Ministre de la Police générale pour services rendus. Debrieux, qui le recevait à sa table, lui avait aussi envoyé sa femme et un gilet en prime. Jean-Emmanuel Chamonin, demeurant rue du faubourg du Temple 12, était attaché au théâtre de la Gaité, par Pixéricourt, Fréderic et Dubois, il disposait de douze hommes pour faire applaudir les acteurs et assurer le succès des pièces qui y étaient jouées. ........ Fin de la deuxième partie .......