Auteur : Paul Auster
Titre original : Oracle Night
1ère édition : 2003
Nb de pages : 235
Lu : janvier 2009
Ma note:
Résumé :
Après un long séjour à l’hôpital, l’écrivain Sidney Orr reprend goût à la vie. Mais il est accablé par l’ampleur de ses dettes et par l’angoisse de ne pas retrouver l’inspiration. Un matin, il découvre une nouvelle papeterie au charme irrésistible. Il entre, attiré par un étrange carnet bleu. Le soir même, dans un état second, Sidney commence à écrire dans ce carnet une captivante histoire qui dépasse vite ses espérances. Sans qu’il devine où elle va le conduire, ni que le réel lui réserve les plus dangereuses surprises… Virtuosité, puissance narrative, défi réciproque de l’improvisation et de la maîtrise : La Nuit de l’oracle précipite le lecteur au cœur des obsessions austériennes, dans un face à face entre fiction et destin. Comme si l’imaginaire n’était rien d’autre que le déroulement du temps avant la mort. Ou pire encore, son origine.
Mon avis:
Je poursuis donc ma redécouverte du zigue avec délice et je commence à me rendre compte à quel point il va être difficile de parler des livres de Paul Auster sans tout dévoiler. La nuit de l’oracle met à nouveau en scène les thèmes récurrents de l’auteur, la travail d’écriture, le rapport de l’écrivain à son art, l’imaginaire, la perte. Dans une vertigineuse mise en abime, le narrateur, un écrivain qui reprend la plume après une longue hospitalisation, imagine l’histoire d’un éditeur qui change de vie et tente d’oublier son passé après avoir frôlé la mort, et cet éditeur lit un manuscrit où il est question d’un prophète. Certains éléments sont évoqués dans Dans le scriptorium, et c’est un vrai plaisir de les retrouver sous un autre aspect. Le personnage du narrateur se remet donc à écrire, dans un carnet bleu acheté sur un coup de coeur. On retrouve dans l’histoire qu’écrit Sydney Orr certains éléments de la vie de ce dernier. Et inversement. Sans verser dans le fantastique le récit prend une allure étrange et onirique, tout en subtilité, le réel se mêle habilement à l’imaginaire. Le vécu et l’inconscient de l’écrivain interfèrent avec son imagination. On en vient à se demander si l’inverse est possible, si les mots peuvent aussi influer sur le réel et le concret. Le thème du voyage dans le temps est aussi évoqué par le biais d’un scénario que le narrateur doit rédiger. Passé, avenir, réel, imaginaire, le roman flotte entre toutes ces dimensions, laissant le lecteur émerveillé par tant d’adresse et de cohérence. La fiction dépassant la réalité, le savoir inconscient influençant l’imaginaire. Thèmes fascinants formidablement traités, un style délicieux et définitivement très visuel.