Aujourd’hui je vais vous raconter quelques anecdotes au sujet des soins que reçoit ma belle-mère, en ce moment, à l’hôpital l’Enfant-Jésus de Québec (CHA).
Elle habite Pont-Rouge et son ami habite Ste-Foy. Elle a subi un pontage (dans une jambe) le 10 décembre dernier. Bien que sa plaie coulait, on lui a donné son congé le 19 décembre … en prenant des arrangements avec le CLSC de Ste-Foy pour qu’ils envoient une infirmière lui faire l’un des deux pansements qu’elle devait changer quotidiennement.
Elle sera à Ste-Foy du 19 au 26 décembre et durant cette période, une infirmière du CLSC Ste-Foy se présentera à seulement deux reprises. Une fois elle a changé son pansement, la deuxième fois (le 24 décembre) elle n’a fait que lui donner un sac contenant des pansements en lui disant: «Je n’ai pas le temps de le faire aujourd’hui, on est dans le jus, vous allez devoir faire votre pansement vous-même.»
Bonjour et merci… elle est partie !
Le 26 décembre, ma belle-mère, accompagnée de son ami, s’en viennent à Pont-Rouge pour nous recevoir. En fait, nous avions tout préparé d’avance, il ne restait qu’à s’asseoir et manger. Nous avons remarqué que sa jambe était très enflée et que la plaie coulait beaucoup. En l’espace de quelques heures, elle a changé son pansement trois fois tellement ça coulait. Elle ne semblait pas trop s’en inquiéter parce que personne du CLSC ne s’en inquiétait (ça coulait tout autant les jours précédents).
Après la soirée, mon chum et moi sommes retournés chez nous à Ste-Marie de Beauce, un peu inquiets de l’avoir vue dans cet état… mais elle n’était pas seule et ils devaient repartir tous les deux pour Ste-Foy, probablement le lendemain.
Le 28 décembre, mon chum parle au téléphone avec sa mère et remarque qu’elle est confuse, qu’elle a le souffle court… ça ne va pas du tout. Il appelle une ambulance et elle est conduite au même hôpital (Enfant-Jésus).
Résultat: Infections nosocomiales multiples. Pas de SARM ni de C-Diff. les deux seules infections qui ont l’air de compter pour les médecins. À les voir aller, on dirait que les autres infections noso c’est rien. Bin non, c’est rien, c’est juste un pick-line (avec les risques d’infections supplémentaires associés à l’installation du machin) pour administrer les antibiotiques en intraveineuse… et on y va à tâtons dans la sorte d’antibiotique tant qu’on a pas les résultats des analyses qui prendront quelques jours à arriver… douleurs, fièvre, mais surtout: ré-hospitalisation qui aurait pu être évitée. Ma belle-mère comme n’importe qui d’autre, aurait préféré passer ce temps des fêtes en convalescence, tranquillement dans sa maison pendant que la plaie guérit.
Sa jambe lui fait mal
Le 4 janvier en après-midi, alors que mon chum et ma fille sont auprès d’elle, elle se plaint de douleurs. On sonne… personne ne vient. Au bout d’un temps, ma fille va au poste de garde demander des calmants pour sa grand-mère. 2 heures plus tard, personne n’est encore venu la voir. Mon chum lui donne une Tylénol extra-fort qu’il a avec lui. Pendant la même période elle aura eu le temps de faire dans sa culotte et d’y rester au moins 30 minutes. Là, mon chum se choque. Et par la suite ça n’arrivera plus.
Nourir les patients
Tous les jours, s’il n’est pas auprès d’elle mon chum parle à sa mère au téléphone. Elle lui dit tout le temps qu’elle n’a pas faim et ne mange pas. Étant donné qu’elle était sous soluté on a cru que ce n’était peut-être pas bien grave mais… du soluté elle n’en a pas eu longtemps.
Lors d’une de ses visites mon chum se tanne et dit à l’infirmière…
«Quand j’ai été hospitalisé par le passé, la préposée vérifiait toujours si j’avais mangé mon repas, et sinon, elle m’encourageait à le faire. Je pense que si je n’avais pas mangé ils auraient pris des mesures pour que je garde mes forces, avec du soluté ou quelque chose du genre.»
Et l’infirmière de répondre: «Maintenant on ne fait plus ça, on donne du lait Ensure.»
«Mais alors ? pourquoi ne lui en donnez-vous pas ?»
«Euh… »
Bin voilà. Personne ne surveillait si elle mangeait assez. À 73 ans, la dénutrition peut avoir des conséquences sur la capacité de récupérer d’un malade. C’est devant l’infectiologue que mon chum montrera à l’infirmière qu’il n’est pas content. «Comment pouvez-vous laisser jeûner une personne âgée ?» et l’infirmière qui n’avait pas trop l’air d’apprécier les commentaires de mon chum, a dû se résoudre à en entendre aussi de l’infectiologue présent dans la chambre.
Hier on apprenait que son voisin de chambre rencontrait la diététicienne pour faire son choix de menus… dès le premier jour de son hospitalisation. Ma belle-mère qui est entrée le 28 décembre, n’a pas encore eu cette chance. On apprenait aussi qu’elle est en carence de potassium… probablement due à un apport alimentaire insuffisant.
Pour comble de malheur, elle a fait un petit ACV pendant son hospitalisation et maintenant elle ne peut plus sortir de son lit sans l’aide d’une infirmière… et elle ne veut pas déranger… alors elle se lève, et tombe… plusieurs jours de suite, et à ce jour, rien n’a été fait pour prévenir les chutes et risques de blessures.
Est-ce que ce genre de soins est la norme à l’hôpital l’Enfant-Jésus et dans les autres centres hospitaliers du Québec ?
Le seul moyen de le savoir est de rester bien vigilant auprès de nos proches hospitalisés. Il faut s’assurer qu’on les nourrit, qu’on leur donne des calmants, qu’on les sort de leur excréments si nécessaire, qu’on prévient les chutes… et pour ça, il faut être présent. C’est ce que mon chum et son frère ont entrepris de faire… n’ayant pas trop le choix. Mon beau-frère habite Drummondville, c’est pratique hein ?
Prenez bien soin de vos malades… ne vous fiez pas sur le personnel hospitalier pour le faire, parce que même si certains sont «gentils» il faut se rappeler que ce n’est pas suffisant. C’est pas pour se faire des amis qu’on va à l’hôpital, c’est pour se faire soigner. Et ça, c’est le minimum qu’on DOIT EXIGER.
Faudrait pas que ma belle-mère lise ça… comme tout bon québécois elle est très «bonne» envers les autres, elle ne voudrait pas faire ombrage au merveilleux travail du personnel hospitalier ou du CLSC même après toutes ces mésaventures. Serait-elle la seule à penser ainsi dites-moi ? Et est-ce qu’on se demande parfois… pourquoi les malades n’osent pas se plaindre, même lorsqu’il y a carrément négligence ?
Pour ceux qui auraient la chance de n’avoir jamais été malade, c’est peut-être pas facile à comprendre. Mais je gage que certains d’entre vous, habitués des hôpitaux, ont ressenti une sensation de «déjà vu» et de malaise en lisant cet article.
Une personne malade qui se plaindrait de mauvais soins CRAINDRAIT pour les conséquences que ça pourrait avoir sur les futurs soins, le futur «air» des soignants. Personne ne veut se faire rejeter, regarder de travers, encore moins en période de vulnérabilité.
Si vous comprenez de quoi je parle, je vous invite à partager vos commentaires.
Une histoire à suivre…