Pendant le reste du voyage, j'ai tiré sur les Indiens - Fabio Geda

Publié le 19 janvier 2009 par Clarabel

Emil Constantin Sabau, treize ans, 1 mètre 58, réfugié roumain installé à Turin chez la nouvelle petite copine de son père, doit retrouver son fantasque grand-père, artiste de rue, qui sillonne l'Europe avec sa troupe. Sa situation est critique, il vient de mettre ko son bon samaritain (l'Architecte), son père a été rapatrié en Roumanie, mais s'est fait jeter en prison à cause d'un faux passeport. Sa mère est morte quand il avait onze ans. Emil est donc seul.
On se croirait bientôt dans Rémi Sans Famille, mais heureusement c'est beaucoup plus gai !

Emil va croiser en chemin Asia et quelques amis qui roulent à bord d'un volkswagen caravelle bleu marine pour Berlin. Une aubaine. Il va les suivre dans un squat, chercher son grand-père d'après les indices assez vagues qu'il peut trouver dans ses lettres, et connaître encore d'incroyables aventures. Mais toujours Emil nous raconte son périple sans atermoiement, sans complaisance. Il en est loin. Lui se sent dans la peau de son héros de bande dessinée (Tex), il pense winchester et cavalcade dans le désert aride. Il ne se voile pas la face, mais il préfère se donner du courage comme il peut.
Et on le comprend. Son périple est étonnant, on le vit à ses côtés en partageant ses émotions. C'est le couplet du stress, de l'impatience, de la curiosité, de l'angoisse etc. Toutefois c'est aussi d'un optimisme infaillible. Le jeune garçon a une bonne étoile au-dessus de la tête, il n'est pas avare de belles rencontres époustouflantes. Sans cesse opportunes.

J'ai trouvé ce roman formidable ! Il est frais, tonique, bourré d'une imagination débordante. Ce n'est jamais tristounet, jamais sinistre ou déprimant. Et pourtant c'était facile de tomber dans la morosité, un adolescent tout seul sur les routes d'Europe, à chercher une aiguille dans une meule de foin. Mazette ! Cela tient du prodige de nous tirer d'aussi beaux sourires plutôt que les larmes. Rien que pour ça, je tire mon chapeau.
Et puis quelle tendresse aussi. Emil est un gamin attachant, on le sait, d'autres aussi le sentent car il attire bien souvent que du bon autour de lui. Cela se résume dans ce passage :
« - C'est toujours bien de trouver quelqu'un.
- C'est vrai.
- Parce que si on est tout seul, on n'a personne pour nous donner la becquée.
»

Ce livre me fait penser, encore et toujours, qu'ensemble c'est tout. Oui, vraiment. J'ai découvert ce roman par un pur hasard, j'en suis tombée amoureuse, oui !!! Et pas seulement du titre. Que j'aime beaucoup. C'est normal, c'est un tout !

Gaïa, 2009 - 272 pages - 21€
traduit de l'italien par Augusta Nechtschein
 

« Grand-père Viorel dit que parfois, il est possible de tomber amoureux d'un mot qu'on a jamais entendu auparavant, un mot nouveau, et que d'un seul coup on commence à l'entendre partout et à s'en servir en permanence. A tel point qu'on peut se demander comment on avait fait pour vivre jusque-là sans le connaître. »