En novembre 2005, un certain Harry Markopolos transmettait à la SEC (Securities and Exchange Commission) un document d’une vingtaine de pages expliquant, quasi par le menu, le système construit par Bernard Madoff. Ce rapport qui restera sans suite avait été précédé, dès 1999, par une première alerte qui elle-même avait été sans le moindre effet.
Markopolos décrivait alors dans ses mises en garde successives le système Madoff avec la liste des rabatteurs, les détails sur le fonds et même s’inquiétait, en cas de débâcle, de la vulnérabilité de quelques banques privées européennes partenaires privilégiés de Madoff.
Harry Markopolos devrait être entendu prochainement par la commission d’enquête du Congrès américain qui pourra à cette occasion, n’en doutons pas, s’intéresser à la capacité de la SEC à tenir son rôle de « gendarme » et voire même à s’interroger sur le fait que seul et perdu dans son coin, un type comme Markopolos, puisse avoir été capable de découvrir ce système délictueux et ce depuis tant d’années.
En Europe, les banques partenaires de Madoff ont paraît-il été grugées par le financier américain. Telle est pour l’heure la version officielle d’institutions financières qui se réfugient toujours dans le silence renvoyant dans leur 22 mètres les journalistes qui s’intéressent au dossier. En publiant avant Noël le document élaboré en 2005 par Makopolos, le Wall Street Journal a mis les pieds dans le plat. De quoi peut-être rêver que dans notre pays, un de ces jours, la presse économique et financière fasse preuve aussi d’une certaine hardiesse et pourquoi pas aille jusqu’à conduire un véritable travail d’investigation, d’autres diraient un véritable travail de journalisme.
Lyon, le 19 janvier 2009
Photo:DR.