Depuis quelques jours, certains internautes russes affichent leur soutien à Irek Mourtazin, illustre blogueur de l'opposition tatare et ancien chef du service de presse du président du Tatarstan, accusé de diffamation, non respect de la vie privée (du président tatare Mintimer Chaïmiev) et incitation à la haine raciale. Deux affaires lui valent ces poursuites :
- le 12 septembre 2008, il écrit sur son blog que le président Chaïmiev est mort pendant ses vacances en Turquie. Cette information, qui se répand sur plusieurs blogs, s'avère finalement fausse. Mourtazin explique, pour sa défense, qu'il n'est pas le premier à avoir évoqué ce fait divers, qu'il l'a lu sur la communauté Live journal de Kazan.
- Mourtazin a également écrit un livre intitulé Mintimer Chaïmiev : le dernier président du Tatarstan, où seraient disséminées des "informations diffamantes pour l'honneur, la dignité et la réputation d'homme d'affaires du président tatare". Exemple de phrase incriminée (p.56) : "Chaïmievest un bon exemple d'un comportement dans lequel domine le nihilisme législatif. Pour cette raison, il ne sait pas comment lutter contre la corruption. Mais la corruption a toujours été et reste rampante (au Tatarstan)."
L'accusation d'incitation à la haine raciale vient du fait que dans ses écrits il diviserait la société en deux catégories : la population et le pouvoir de la République du Tatarstan. Dans l'acte d'accusation du 14 janvier il est écrit : "En jugeant de manière négative l'activité des personnes responsables du pouvoir exécutif et législatif de la république, il a opposé la population au pouvoir, en décrivant les membres de ce dernier par des caractéristiques mensongères et négatives, accusant sans fondement les structures du pouvoir de vénalité, de violation des lois, de nihilisme juridique, d'utilisation de narcotiques, d'alcoolisation de la population, d'incitation à participer à des groupes sectaires et criminels, de destruction de l'économie ayant pour conséquence une gestion déficiente, d'accomplissement d'actions à caractère criminel ; et accusant le président de la république du Tatarstan d'être responsable du déclenchement de la guerre en Tchétchénie."
Irek Mourtazin poursuit toutefois son travail de journaliste et écrit actuellement un livre sur l'implication de la mairie de Kazan dans la corruption du système de transport public de la ville. Mourtazin semble en tout cas réellement gêner les autorités locales car il a été grièvement blessé par deux jeunes gens le 30 décembre, sans que rien ne lui ait été dérobé. Il pense donc que ce sont des personnes liées à la mairie de Kazan qui l'ont agressé. Pour ces partisans, il est évident que ces poursuites politico-pénales ont pour but de réprimer la volonté et l'activité d'un opposant régional.
Source bannière : Rem-lat
Source image : Opasny-tip