«Les pompes et les œuvres» vaticanes & les stupidités scientifiques absolues proférées par Benoît XVI…

Publié le 18 janvier 2009 par Kamizole

Juste avant Noël, je m’étais amusée avec quelques photos vues sur un diaporama de 20 minutes. J’en ai utilisé un certain nombre à l’occasion. Il m’en reste quelques unes dont deux photos prises au Vatican. Je les trouve parfaitement emblématiques du décalage entre l’Eglise Catholique et la société.

Décorum et étiquette d’un autre âge, ridicule mise en scène en même temps que mise à distance des fidèles. Bien éloignés en tous cas de la simplicité que l’on imagine chez les Chrétiens des premiers temps et précisément tout ce qui fut à l’origine du schisme protestant à la Renaissance.

Ce n’est évidemment pas pour rien que j’utilise malicieusement l’expression «les pompes et les œuvres» - de Satan ! – auxquelles nous promettions de renoncer selon la formule prononcée le jour de la première communion.

Après Jean-Paul II, Benoît XVI s’emploie sans relâche à rayer définitivement les acquis de «Vatican II» - que pour ma part j’avais accueilli comme un véritable souffle de liberté qui ne pouvait que «dépoussiérer» les sacristies !

Je suis absolument certaine qu’il ne faut pas chercher plus loin les causes de la désaffection croissante des fidèles, l’extrême raréfaction des vocations sacer-dotales. Etant du côté maternel, l’arrière-petite-fille d’un pasteur presbytérien, je ne peux que trouver totalement stupide l’opposition – renouvelée sous une forme solennelle par Jean-Paul II – au mariage des prêtres, sans même parler de l’ordination des femmes ! qui est devenue courante chez les Protestants (et même dans certaines branches du judaïsme).

Ce n’est évidemment pas pour rien que, bien que croyante, je ne sois plus pratiquante depuis fort longtemps. J’ai toujours trouvé ridicule que les divorcés soient exclus des sacrements. Et de même je ne saurais partager les positions rétrogrades de l’Eglise catholique sur la contraception, l’avortement, l’interdiction d’utiliser une capote pour se protéger du Sida, l’homosexualité…

En toute honnêteté, je dirais toutefois que j’ai rencontré des prêtres et des religieuses qui ne partageaient nullement ces préventions d’un autre âge.

On ne dira sûrement pas que Benoît XVI prenne le chemin d’une pareille tolérance ! Il met en œuvre tout ce que l’on pouvait attendre du Cardinal Ratzinger et se livre à une sorte de «reconquista» idéologique – et politique ! – qui pourrait prêter à sourire par son ridicule si elle ne témoignait d’une âpre intransigeance alliée à une volonté déterminée et sans faille de faire plier les autorités politiques – laïques - à la «lex vaticana».

Il y eut déjà, au mois de décembre la visite de Bernard Kouchner au Vatican où il a scellé le 18 décembre 2008 un accord entre l’Etat français et l’Etat du Vatican aux termes duquel les étudiants titulaires d’un diplôme délivré par les établissements d’enseignement supérieur catholiques – reconnus pas le Saint-Siège - pourront obtenir une reconnaissance directe de leur grade à l’université afin d’y poursuivre leurs études.

Cet accord a bien entendu mis en émoi tout ce que la France compte de laïques convaincus ainsi que la Conférence des présidents d’université (CPU) qui dans une «lettre ouverte à Nicolas Sarkozy» traitant ce sujet entre autres, affirme que cet accord «ravive inutilement le débat sur la laïcité»

Lequel, on s’en souvient, avait fait rage à Paris en septembre 2008, lors du voyage officiel de Benoît XVI – reçu par Nicolas Sarkozy en tant que chef d’Etat - à Paris et à Lourdes, à l’occasion du centenaire de l’apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous.

Nicolas Sarkozy avec sa «laïcité positive» et Benoît XVI avec son pendant : «laïcité ouverte» s’entendant comme larron en foire pour nous faire bouffer, non du curé, mais de l’hostie à lire-larigot…

Alors même que mettre la France sous la coupe du Pape serait aller contre l’histoire même de la France qui depuis la fameuse controverse entre Philippe Le Bel et le Pape Boniface VIII au tout début du XIVè siècle (1302-1303) a toujours revendiqué son indépendance par rapport à la papauté.

A fortiori sous un régime républicain qui n’a cessé de revendiquer sa laïcité depuis la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905.

D’ailleurs, au sujet de cet accord, les ambiguités soint loin d’être totalement et définitivement levées par le ministère de l’Education nationale.

Parce qu’au départ, il était question d’admettre les étudiants issus de l’enseignement supérieur catholique, que leurs études aient porté sur les domaines profanes ou théologiques… Le ministère est revenu sur cette version, seuls les enseigneemnts religieux seraient visés. Mais rien ne dit que si l’accord le prévoyait ainsi, le Vatican et les institutions religieuses ne feront pas le forcing à un moment ou un autre pour que le ministère reconnaisse tous les diplomes de n’importe quel domaine.

Or, il m’étonnerait que le ministère de l’Education nationale exerçat un contrôle sur le contenu des études de l’enseignement supérieur catholique qui est totalement autonome. Que se passera-t-il si des étudiants en sciences profèrent des opinions créationnistes et réfutent totalment le darwinisme, la théorie de l’évolution ?

Enfin, le minsitère affirme - aujourd’hui - que les universités auront la faculté d’admettre ou non les étudiants et qu’il n’y aura de fait aucune admission uniquement sur titre. Mais l’objection reste la même si l’accord prévoyait l’automaticité de l’intégration du récipiendaire… Le Vatican aura l’Educ-Nat à l’usure !

Mais c’est quand Benoît XVI se pique de combattre la pilule contraceptive sur le plan de la science qu’il atteint les sommets du ridicule !

Ses arguments sont d’un simplisme ahurissant : les urines des femmes qui recourent à une contraception par des oestrogènes pollueraient les eaux et par voie de conséquence seraient responsables de nombreux cas de cancers et surtout ! de la perte de fertilité masculine…

Je ne me permettrais sûrement pas de disputer avec Benoît XVI des questions de théologie, domaine qui m’est parfaitement étranger et, pour le peu que j’ai pu entendre ou lire, me paraît tout à fait abscons.

Mais je m’y connais un tout petit peu plus dans le domaine médical et pharmacologique. Et j’aimerais bien connaître les scientifiques qui acceptent d’accréditer de telles billevesées !

Car je ne connais aucun médicament qui traverse l’organisme pour en ressortir intact ! Les molécules qui le composent sont dégradées d’une manière ou d’une autre par les différents organes et ensuite éliminées selon diverses voies qui dépendent des principes actifs. Ce qui se retrouve dans les égouts sous forme d’urines ou de matières fécales l’est sous forme de métabolites qui n’ont plus rien à voir avec les molécules chimiques du médicament. Les différentes hormones contenues dans les pilules contraceptives ne sauraient échapper à ces mécanismes.

En revanche, les eaux fluviales sont bien polluées par des effluents chimiques qui ont des répercussions sur la fertilité masculine et féminine mais à ma connaissance, il s’agit des divers produits chimiques, pour une grande part provenant de l’industrie chimique et notamment d’un certain nombre de composants des plastiques. J’en ai déjà parlé et aurais très certainement l’occasion d’y revenir tant nombre d’articles divers traitent de ces problèmes.

Bien évidemment, sur le plan idéologique Benoît XVI ne saurait s’arrêter en si bon chemin. Selon un article du Monde, il plaide désormais pour une «écologie de l’homme» !…

Sans doute veut-il apparaître résolument «moderne» en s’appropriant un terme qui a plutôt la faveur du public. Mais associer les deux termes constitue déjà un non-sens sémantique. Parce que l’écologie vise à l’équilibre de l’homme dans son environnement (qui lui est par essence extérieur) et que le terme vient du grec «oikos - maison» (même racine qu’économie).

En toute logique cela signifierait que l’homme contiendrait sa propre maison… Même chez l’escargot qui la porte sur son dos, la maison lui est extérieure.

Force est donc d’admettre qu’il entend traiter avant tout des choses de l’âme. Ce qui relève bien entendu plus de sa compétence que le domaine médical.

Un vague souvenir trotte dans ma tête, je ne sais si je parviendrais à le préciser et honnêtement, je n’entends pas faire de recherches approfondies, si tant est même que je trouvasse quelque chose… Cela se rapporte à la «pureté» avec laquelle l’être humain doit accueillir non seulement la parole divine mais également le corps du Christ par la communion. Il me semble bien avoir entendu à cet égard et en quelques occasions comparer le corps humain à une maison… Mais il faut bien entendu l’entendre comme une image.

Or, dans son «écologie de l’homme» Benoît XVI développe un corpus idéologique à mon avis tout à fait rétrograde sinon réactionnaire que je vais tenter de résumer.

En postulant le retour du «respect de la distinction entre hommes et femmes» il vise à l’évidence deux buts. D’une part revenir à la tradition des rôles masculins et féminins strictement définis et je peux supposer que la femme devrait redevenir l’inférieure obéissante de l’homme, confinée dans son intérieur en attentant son seigneur et maître.

D’autre part, s’attaquer aux homosexuel(le)s et trans-sexuel(le)s par le biais d’une critique en règle de la «théorie du genre» qui entend établir «une distinction entre l’appartenance sexuelle et le rôle assigné par la société aux individus selon leur sexe, ainsi qu’entre l’identité biologique et la façon dont elle est vécue par chacun».

Voilà plus que n’en saurait supporter Benoît XVI qui affirme qu’elle se traduit en définitive par «l’émancipation de l’homme de la création et de son créateur».. C’est prêter beaucoup d’intentions à Dieu ! Cela me défrise tout autant qu’au temps où l’on me parlait «de plan de Dieu sur les hommes» qui est une négation absolue du libre-arbitre.

Dieu aurait-il figé pour l’éternité les rôles respectifs des hommes et des femmes ? J’y vois plus le reflet de la culture patriarcale !

Il prétend que le rôle de l’Eglise catholique serait de défendre la création en tant qu’œuvre de Dieu et qu’il importerait, tout autant que l’environnement, de protéger l’homme de sa propre destruction…

Que certains choix de vie ne soient pas de son goût, je le conçois. Mais qu’il ose prétendre que les personnes qui les adoptent courussent à leur destruction, me paraît totalement absurde.

Mais croyez bien qu’au-delà de ces questions, 2009 risque d’être encore plus agitée. En effet, j’ai lu sur Le Figaro que ce sera «l’année Darwin»… n’en déplaise aux culs-bénis obscurantistes qui prônent le «création-nisme» ! On peut donc s’attendre encore à moult débats et controverses et de sévères empoignades idéolo-giques.

Du rififi dans l’air : de la chique, du sang et du mollard… Préparons-nous à compter les coups !

SOURCES

Le Vatican dénonce les “effets dévastateurs” de la pilule sur l’environnement
LE MONDE | 05.01.09 © Benoît XVI plaide pour une “écologie de l’homme”
LEMONDE.FR | 22.12.08 ©

Le Figaro

Darwin sera l’une des figures de l’année 2009

La théorie de l’évolution a nécessité plus de vingt ans de gestation