Que nous vaut ce dernier film qui, comme beaucoup d'autres, porte Will Smith en tête d'affiche sans ménagement? Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple. Mais plus qu'une affiche à la commercialité racoleuse, c'est une affiche qui fait avant tout le choix de la sobriété, à l'image du long-métrage.
Sept Vies est un drame... et une belle histoire. Mais ce n'est pas la trame de l'histoire qui marque ici, c'est bien la mise en scène. Une technique scénaristique élaborée qui se réalise dans la retenue et la finesse. La caméra est votre oeil et vous suivez un homme qui semble marqué par la vie, une vie qu'il mène étrangement depuis que vous l'observez.
Rien ne vous sera rélévé ni sur son vécu (sauf quelques bribes), ni même sur les raisons de ses actes. Bien sûr, il sera aisé au spectateur de trouver son chemin dans ce petit brouillard, que l'on trouve bien gentillet dans un premier temps.
Et alors que les enjeux de l'histoire sont acquis sans avoir jamais été dévoilés, le temps semble s'allonger tant la réalisation prend son temps. On se réfugie donc dans le jeu de Will Smith qui fait ici des prouesses expressives avec son visage. Un jeu qui privilégie l'expression corporelle et autorise des silences bavards et non avares de sentiments, cela va sans dire.
Un ensemble construit harmonieusement autour d'un leitmotiv: l'Art de suggérer. "Il n'y a pas de mots" pour dire certaines choses. La preuve en images.
Alors d'accord, outre ces suggestions ou cette subtile réalisation, l'on peut rester dubitatif sur l'intérêt du film. Et croyez-moi, j'ai fait parti de ceux, perplexes, qui se repositionnent dans leur siège sans cesse, énervé par l'utilité que pouvait bien m'apporter ce film plutôt sentimental...
Ces questions, je me les suis posées jusqu'à la fin. Ou pour être honnête, un peu avant la fin. Car les réponses sont venues. Alors que je voyais les choses venir -puisqu'elles étaient si bien suggérées-, et malgré ma ferme volonté de ne pas céder sur du "téléphoné", j'ai été très touché par un dénouement pourtant annoncé au début du film.C'est seulement là que j'ai compris. Toute la force de ce film est ici. Vous faire croire que vous savez où vous allez et que vous êtes donc armé (voire blasé) pour affronter ce qui va arriver. Lorsque ce qui devait arriver arriva, il est trop tard pour réaliser que le voir venir fait encore plus mal (alors que l'on trouvait le temps plutôt long!).On sort de la projection éprouvé, littéralement trahi par notre conscience des sentiments.
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