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On les appelle traditionnellement les "mahus" à Tahiti et dans d'autres îles polynésiennes.
Les premiers navigateurs européens à avoir exploré les îles décrivaient déjà ces garçons éduqués comme des filles qui, lorsqu'ils sont plus âgés, s'épilent, se travestissent, mangeant à l'écart des
hommes, dansant et chantant avec les femmes.
Trait important : ce ne sont pas des homosexuels, du moins pas forcément.
On a déjà parlé ici de l'importance de l'authenticité des histoires, et de leurs rapports avec la fiction et la réalité. Et cette histoire des "mahus" apporte un éclairage différent : une fiction,
la plus fictive qui soit, peut devenir une réalité, consensuelle, assumée en toute connaissance de cause par celui qui en fait sa vérité.
Plusieurs explications circulent au sujet de ces "mahus".
On dit que dans la culture traditionnelle polynésienne, certains groupes humains estimaient que la division du monde en deux sexes (masculin et féminin) était trop
restreinte voire dangereuse, d'où la naissance d'un troisième, apte à maîtriser autant les pouvoirs masculins que féminins. Une légende raconte aussi qu'on éduquait autrefois
automatiquement en fille le troisième enfant d'une famille, quel qu'il soit. Ou alors que les "mahus" étaient des antihéros, chargés de montrer aux jeunes la voie à éviter...
Tout cela ne manque pas de fondements, notamment la règle du troisième enfant : ce pourrait bien avoir été un moyen de réguler les naissances, sur des îles qui ne sont pas extensibles, ou un moyen
de préserver des mâles dans les tribus, exposées aux guerres nombreuses et aux sacrifices humains.
Quoi qu'il en soit, les "mahus" sont aujourd'hui très appréciés dans les métiers de l'enseignement et de l'hôtellerie.
Mais le monde moderne fait sombrer un nombre croissant de "mahus" dans la prostitution, on les appelle alors à Tahiti, des "rae rae".
Ce qui nous apprend une dernière chose : un phénomène tel que celui des "mahus" ne peut fonctionner que dans un environnement social particulier, construit dans la durée, relativement clos
et imperméable aux influences extérieures.
C'est aussi vrai en entreprise.
English version :
On the Isle of Tahiti, they are named "mahus", they exist elsewhere in Polynesia though.
The first european navigators described already these boys bred as if they were girls. When growing they wear girls' clothes, eat, sing and dance among women.
But they are not gay, at least not automatically.
Authenticity and relationships of stories with fiction and reality is a key issue, but this "mahus" story adds a new perspective on the matter : the most fictional fiction is able to become a
shared and asserted reality, with full knowledge from those who make it become their reality.
A whole bunch of traditions, legends come to explain the "mahus" case. Some tribes were thinking 2 sexes weren't enough, and that a third would bring salvation, through mixing
male and female qualities. Others tell it could have been a means to regulate population on limited islands, or to secure a certain amount of remaining males in case of wars and human
sacrifices.
Nowadays, "mahus" are still appreciated, especially in education and catering careers.
But modern social rules have made a growing amount of them fall into prostitution.
This evolution tells us a lesson : a society like the "mahus" one can only exist within very specific social environments, buit for centuries, tight ones out of external
influence.
Just as things are getting done within corporate environments.