TITRE : Eric Holder
RÉSUMÉ : On s’en doutait depuis ses débuts comme coursier (Nouvelles du Nord ), mais la chose, là, devient claire : Éric Holder est un héros de western. Manière d’éperonner amoureusement les paysages, de humer la tension d’un village en s’invitant dans ses bars, d’en capter le charme par la voix des femmes, le regard des hommes, de dénicher au repli d’une dune, au recès d’un abribus des figures hors norme, des communautés étranges, de surfer sur la violence d’un lieu, la captant, la déjouant. Sa petite caravane familiale a décidé de se poser en Médoc, à la pointe de la Gascogne, entre Gironde et Atlantique, et tout dès lors de s’organiser selon : aérer le jardin à la faux, mener le fils à l’école, apprivoiser les comptoirs, prendre les natifs au rets d’amitiés vraies, orchestrer les jeux des chats, jouer les paratonnerres souriants (notre homme, parmi d’autres activités, est un grand friseur d’incidents). Holder nous conte les aléas de son implantation pionnière par scènes rapides, à la foulée brève, nourries de dialogues taillés juste. Mais le Médoc est une terre rongée par la mer, placée face à la voracité tranquille de l’océan : le geste des Holder y gagne alors une gravité sourde qui donne au récit un caractère d’éternelle fin d’été. La mort est en terrasse et ne semble sommeiller. Profitons-en.