Nomination en forme de désaveu du ministre de l’Educ-nat ?
On se souvient qu’il fut l’artisan de la «discrimination positive» à l’égard des jeunes bacheliers issus des quartiers que l’on dire pudiquement «sensibles», en les intégrant à Sciences-Po «sur dossier».. L’initiative m’avait paru assez intéressante.
J’ai lu par la suite dans un article du Monde que ces jeunes éprouvaient quelques difficultés dues au fait qu’ils ne possédaient pas exactement la même culture générale au sens large que leurs homologues plus bourgeois entrés à Sciences-Po sur concours et que cela impliquait un effort supplémentaire.
Pour avoir lu de nombreux ouvrages de Pierre Bourdieu sur la question de «l’héritage» culturel et des «habitus» de classe, je n’en fus guère surprise.
Selon l’article, Richard Descoings serait surnommé «Ritchie D.» («riches idées») par ses élèves, il prône «l’innovation en permanence»…. Ce qui explique à l’évidence le choix de Nicolas Sarkozy, qui ne peut manquer de voir en lui une sorte d’alter ego (encore que je soupçonne Richard Descoings d’être nettement plus intelligent et cultivé que Sarko, ce qui n’est d’ailleurs pas bien difficile !) et surtout un trublion susceptible de changer toutes les règles en permanence…
Ça, c’est vachement utile pour «enfumer» le peuple et lui interdire de faire quelque projet que ce soit : et hop ! «passez muscade»… mâtiné de ce petit jeu enfantin du «furet» : assis en cercle, les mains derrière le dos, il faut deviner chez qui il a élu domicile… “Il est passé par ici, il repassera par là” chantions-nous en espérant deviner où il s’était arrêté.
Le temps que les moins avertis des parents aient compris la règle du jeu, celle-ci aura été modifiée 5 ou 6 fois. Vous pouvez en revanche faire confiance aux bourgeois pour connaître toutes les ficelles et les règles sur le bout des doigts.
J’ai bondi de colère et d’indignation en lisant un intertitre tout à fait éloquent : «Contre le principe de «l’égalité républicaine» !…
MERDALOR ! S’il y a bien un principe auquel je suis attachée, c’est précisément celui d’égalité. Contre les imbéciles qui ne manquent pas d’invoquer le «nivellement», je dirais une fois de plus que cela n’a rien à voir.
L’égalité, telle qu’elle est prévue par nos textes fondamentaux (complétée par la jurisprudence du Conseil constitutionnelle et du Conseil d’Etat) ne consiste nullement à raboter tout ce qui dépasserait à la manière d’une dictature communiste ou spartiate, mais à donner davantage de possibilités à ceux qui en ont le moins, précisément pour rétablir «l’égalité des chances» quand il s’agit du domaine éducatif.
Autrement dit, mettre un peu plus en adéquation l’égalité purement formelle des textes : «Tous les citoyens naissent libres et égaux en droit» et l’égalité réelle qui dépend largement du niveau social, des revenus, des «habitus de classe», etc…
Je m’inscris dont totalement en faux contre ce qu’il avance : «l’égalité formelle de traitement (dans l’éducation des jeunes) n’est pas la garantie de l’égalité des chances, et encore moins de la justice et de l’équité». Il s’en prend à cette «égalité républicaine qui permet d’exclure sans bruit et en toute bonne conscience les non-initiés».
Si rien n’était évidemment parfait, l’œuvre de la IIIè République en matière d’égalité des chances – notamment les concours d’entrée en 6ème, assortis d’une bourse pour les meilleurs élèves issus de milieux défavorisés - a permis à des générations d’élèves et plus tard, étudiants de poursuivre des études bien au-delà du niveau où leur milieu familial les aurait confinés.
Pasteur, Jaurès, Léopold Senghor, Aimé Césaire, Yves Coppens, Jaquez Hélias, autant de noms, «d’illus-trations» comme l’on disait à l’époque en témoignent à l’envi.
Post-scriptum :
Pour un cas d’inégalité flagrante, je vous invite à lire un article coup de gueule de ma copine Circé-45 sur la conception très critiquable de la notion de «quotient familial» pour les tarifs – fonction du revenu – des à-cotés de la vie scolaire : cantine, étude, garderie et centre de loisirs…
UM/Posture garantie… mieux vaut être plutôt riche que pauvre dans la bonne ville d’Orléans telle que gérée par Serge Grouard !