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Une Messe en si sous l'angle solistique

Publié le 18 janvier 2009 par Philippe Delaide

Concert mardi 13 janvier au Théâtre des Champs-Elysées. Konrad Junghänel, à la tête de l'orchestre Akademie für alte Musik Berlin et du Cantus Cölln nous propose sa lecture de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach.

Cantus Colln 1
Contrairement à un Philippe Herreweghe ou, plus récemment, un Masaaki Suzuki (cf. note du 2 décembre 2007) qui optent pour une certaine ampleur, la transparence et la clarté absolue des plans, Konrad Junghänel, recentre l'œuvre sur une vision plus "chambriste", dite solistique, avec un chœur de dix voix étalonnées avec beaucoup de soin et une formation orchestrale ramassée. Il recherche une certaine densité, sans effet ostentatoire. Son propos est plus centré sur les couleurs, le grain des voix et des instruments, le marquage des individualités que sur la restitution solennelle et monumentale de la spiritualité de l'œuvre. Par rapport notamment à Masaaki Suzuki, on peut regretter dans cette approche un certain manque de tension et de constance sur la ligne rythmique, avec une basse continue qui pèche un peu par manque de fermeté (pourtant supporté par un violoncelle, un orgue et une contrebasse).

Certains passages ont toutefois été restitués avec conviction par l'ensemble choral et orchestral comme le dramatique Qui tollis peccata mundi, le magnifique Cum sancto Spiritu ou le fameux Osanna in excelcis, que JS Bach reprend à deux fois.

Chacun des dix chanteurs du chœur apporte à un moment ou à un autre sa contribution. Comme  dans de superbes enregistrements de pièces de Buxtehude ou de Schütz par cette formation (cf. notes du 23 septembre et du 21 décembre 2008 ), l'ensemble vocal est très homogène, chacun des solistes est d'un excellent niveau.

Cette version de la Messe en si est tout de même assez intéressante car très cohérente et d'un très bon niveau du début à la fin. On peut ne pas adhérer aux options esthétiques de Konrad Junghänel, que je trouve plus appropriées pour des œuvres sacrées intimistes (comme par exemple les concerts sacrés de Schütz ou les cantates de Buxtehude) que pour un monument comme la Messe en si de JS Bach que je ne peux s'empêcher d'interpréter comme l'aboutissement absolu des grandes cantates chorales ou des messes brèves du Cantor.

Konrad Junghänel et le Cantus Cölln ont déjà enregistré cette oeuvre en 2003 sous le label Harmonia Mundi.


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