Difficile de ne pas voir l’influence du cinéma hollywoodien dans les méthodes de communication utilisées par l’armée israélienne. Paysage tout en délicatesse auréolant les chars, clichés de soldats se préparant à mener campagne sous de beaux couchers de soleil. Et que dire de la télé sur Youtube où des images dignes des films(1) et des jeux vidéos, présentant au monde la guerre propre qu’Israël est censé mener ?
Le soin pris dans les mises en scène de guerre confirme les choix du gouvernement israélien de dépasser le simple conflit en organisant toute une machinerie de communication. Après avoir avancé l’argument de l’autodéfense, Ehud Olmert a donné à voir au monde le film de sa guerre. Filtrant, empêchant les journalistes de se rendre à Gaza, le gouvernement israélien a offert un véritable bouclier médiatique aux premières attaques et préparé ainsi l’opinion publique.
Afin de conserver l’appui des Etats-Unis et de la population israélienne avant les élections, les spécialistes en communication ont choisi de présenter la guerre à travers la mythologie hollywoodienne. L’utilisation de référents émanant de toute la production cinématographique ramène le spectateur vers une symbolique longuement développée dans les films et les médias américains : l’idéal guerrier, l’armée puissante et juste, la lutte contre le terrorisme.
La construction dramaturgique s’établit à partir de la communion des regards de ces trois soldats israéliens. Visiblement concentrés sur un danger qui se situe hors-champ, les jeunes soldats auréolés par la fumée sont contraints de mener la guerre contre les terroristes. Difficile de ne pas trembler pour ces héros qui défendent leur famille que les barbelés ne protègent pas des roquettes palestiniennes.
Ces images dépassent la vision d’un Spielberg et des différentes productions patriotiques pour se rapprocher d’une conception de la guerre, visible dans le cinéma de Terence Malick.Car par-delà l’idéal militaire, le gouvernement israélien entend montrer l’importance du destin qui s’impose finalement à ces jeunes soldats qui préfèreraient être auprès des leurs que sur un champ de bataille. L’image porte ainsi en elle tout le caractère sacrificiel de la guerre que l’on retrouve autant dans La Ligne rouge que dans Platoon : le principe meurtrier de la guerre dépasse ces soldats transformés en martyrs d’une cause qu’ils devront défendre au prix de leur vie.
Avec un talent pour le moins inquiétant, le gouvernement israélien a réussi à reprendre au travers de quelques clichés toute la construction dialectique hollywoodienne afin d’offrir des réponses inconscientes aux interrogations du spectateur choqué par le carnage de Gaza.
Laurent Monserrat
- Doit-on s’étonner que le gouvernement israélien s’enorgueillisse du soutien de l’ancien acteur Arnorld Schwarzenegger grand propagandiste de la violence l’écran ? Schwarzenegger a en effet exprimé son soutien à l’opération terrestre d’Israël dans la bande de Gaza. Après un entretien avec le Consul Général d’Israël à Los Angeles, Yaakov Dayan, Il a déclaré que « chaque nation à le droit de se défendre contre le terrorisme et les attaques contre ses citoyens. Israël n’échappe pas à la règle et c’est de son droit de se défendre contre une violence qui ne cesse pas. Une violence faite d’attaque à la roquette de la part du Hamas ».
- Photographie : AFP
- Image tirée de la Ligne rouge de Terence Malick