Réforme du lycée : quand Sarkozy dicte la leçon

Publié le 17 janvier 2009 par Petiterepublique

Afin d’éteindre les manifestations des lycéens et les grèves des enseignants, Nicolas Sarkozy a simulé le retrait(1) du projet de réforme du lycée. Depuis, il claironne avec son ministre qu’il faut se donner le temps du dialogue. Conformément à sa stratégie désormais habituelle, le gouvernement affiche devant la presse son ouverture aux débats mais en prenant bien soin de choisir les acteurs qui lui seront favorables : les seuls discours relayés et entendus sont ceux qui vont dans le même sens que les décisions de la majorité au pouvoir.

Ainsi dans un article du Figaro(1), on apprend l’existence d’un collectif « Ambition lycées » regroupant 19 organisations de lycéens, de parents d’élèves et d’enseignants qualifiés explicitement de « réformateurs » comme pour stigmatiser les syndicats s’opposant à l’actuelle politique d’Education. Mais à la lecture des « neuf propositions pour réformer le lycée », fruit du travail de ce collectif, on s’aperçoit qu’elles sont en tout point similaires au projet initial de Xavier Darcos.

Alors que le gouvernement est censé avoir retiré le « lycée à la carte », avec des modules d’enseignement généraux et des modules d’exploration puis de spécialisation, le collectif suggère une «organisation du lycée modulaire» avec des modules «communs et d’exploration» en seconde et des modules «communs et de spécialisation» progressive en première et terminale !

De même une proposition prévoit de «fusionner les voies générales et technologiques», ce qui rappelle étrangement la volonté du ministre de faire disparaître les différentes filières au profit d’un parcours unique. Même s’il s’agit d’une reprise qui ne trompe personne, notons la simplification du langage du collectif quand Xavier Darcos usait de la métaphore « coloration du parcours » pour masquer la suppression de classes.

Concernant la répartition horaire en seconde, le gouvernement avait prévu de diminuer les heures de cours proprement dits pour instaurer trois heures de modules d’accompagnement. Et le collectif de proposer de «limiter l’horaire de cours des élèves», sans pour autant qu’ils passent «moins de temps au lycée», car seraient ménagés des « temps d’accompagnement » ou de travail personnel.

Enfin, même si Darcos ne s’est jamais risqué à annoncer ouvertement la suppression du Bac au profit d’un contrôle continu, on retrouve curieusement dans le texte d’ « Ambition lycées » la mention d’une modification de l’examen consistant en un nombre réduit d’épreuves terminales et la mise en place d’évaluations au cours de l’année.

Beau coup d’esbroufe de la part de Nicolas Sarkozy ! La démocratie participative est ainsi présentée sur la scène médiatique comme la clé de voûte des réformes entreprises par le gouvernement, alors que tout a été dicté d’avance. Il faut dire que les suppressions de postes massives de cette année et des années à venir doivent trouver une justification autre que budgétaire.

L.Monserrat