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Ça craint

Publié le 17 janvier 2009 par Alain Hubler

Stephan EicherJe ne sais pas trop ce qui se passe dans ce bas monde, mais j’ai la conviction que «ça craint». Probablement une des conséquences de cette saleté de crise qui guette au tournant et qui a été sciemment et irresponsablement tricotée par une bande de requins pour qui seul compte le maximum de pognon en un minimum de temps.

Toujours est-il qu’à l’heure où je tapote ce billet, il ne se passe pas un seul jour sans manifestations de plus en plus odieuses d’intolérance, de xénophobie et d’exclusion. Aucun milieu, aucune collectivité, aucun cercle ne semble épargné.

Je ne parlerai pas du conflit israélo-palestinien dans lequel le simple fait de vouloir essayer de comprendre la situation vous fait passer soit pour un antisémite terroriste, soit pour un sioniste islamophobe. Je me contenterai d’évoquer juste deux «détails».

Le premier nous provient de Genève. Un canton où le très mauvais ministre socialiste de la police a eu la stupide idée de pratiquer une rafle parmi les mendiants rroms histoire de montrer qu’il «fait quelque chose» à la veille de l’extension de bilatérales à la Roumanie et à la Bulgarie. Pour le magistrat, «faire quelque chose» consiste à alpaguer quelques mendiants, leur piquer leur maigre pognon et les mettre dans un car pour les renvoyer dans leurs foyers. Des foyers qu’ils n’ont probablement pas. Et tout ça pourquoi ? Juste pour essayer d’endiguer la vague d’arguments complètement fallacieux de ceux qui prédisent une arrivée massive de mendiants en cas de «oui» le 8 février prochain.

Faut-il rappeler que les Roumains, comme les Bulgares, qu’ils soient rroms ou pas, peuvent déjà venir sans visa, comme beaucoup d’autres touristes, pour une durée de trois mois. Tout cela n’est qu’effet de manche et d’annonce politique. Des actions complètement disproportionnées, complètement inadéquates, qui n’ont pour seul effet que d’attiser la haine contre des gens «pas comme nous» que certains essayent de faire disparaître de notre champ de vision comme sils étaient une vilaine tache à éliminer à coup de fiel de bœuf.

Le second «détail», qui m’a été signalé par un ami (merci à lui), on le trouve dans La Julie d’hier. Abdoulaye Penda Ndiaye, journaliste de la rédaction d’Yverdon-les-Bains relate le jugement de deux concubins qui ont escroqué presque 140’000 francs à un octogénaire yverdonnois. Le «détail» réside dans le fait que le journaliste précise, à deux reprises dont une dans le chapeau de l’article, que les escrocs sont yéniches. Une précision qui n’apporte strictement rien à l’article à moins que l’on veuille essayer de démontrer par une accumulation subjective que les «gens du voyage» sont dangereux. D’ailleurs, les escrocs sont-ils seulement nomades ? L’article ne le dit pas et de toute manière, la grande majorité des Yéniches est aujourd’hui sédentaire et vit en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Et quand bien même ils seraient nomades, qu’est-ce que cela changerait ? Un escroc est un escroc, qu’il soit nomade ou sédentaire.

Préciser l’origine communautaire, comme ça, sans raison journalistique est une erreur grave dans le contexte politique et social actuel. Une erreur qui relève plus de la discussion de mauvais café du commerce que du devoir et du droit à l’information et qui fait de surcroît le jeu des partis nationalistes qui n’en demandent pas tant puisqu’eux se contentent – si l’on peut dire – de réclamer une mention de la nationalité.

Mais cette réapparition somme toute récente des «gens du voyage» dans la presse et dans les discours politiques n’est, à mon avis, pas le fruit du hasard. La stigmatisation de ces peuples en période de crise économique permet de détourner l’attention et de cristalliser les haines sur «l’autre si différent» parce que nomade, parfois. Une condamnation qui rappelle de sombres périodes de l’histoire du XXe siècle : le fichage de Poincaré, l’internement en hôpital psychiatrique ou en prison des enfants de Pro Juventute ou encore le génocide nazi.

Jusqu’où, en ce début de XXIe siècle iront-ils dans ce retour à la persécution de ceux que certains jugent comme étant «non conformes» ? Je n’en sais rien, mais ce dont je suis certain, c’est que d’ores et déjà «ça craint».

Et pendant ce temps-là, les corbeaux recouvrent les murs.

P.S. «Il est tout à fait impensable, il est tout à fait hors de question que tu viennes t’asseoir à ma table que tu me fasses la conversation. (…) Bénit soit le fossé qui nous sépare, il ne sera jamais assez profond. Le prix que tu payes pauvre connard dépasse ta pauvre imagination. Je te la laisse, je te la laisse ta place au paradis.»
Paroles de la chanson «Confettis» de Stephan Eicher, Yéniche célèbre.
Je ne sais pas à qui elles s’adressent, mais c’est celles que je dédie à ceux qui font souffler la haine entre les peuples.

  

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