Bilan : True Blood saison 1

Publié le 17 janvier 2009 par Red

Au risque de paraitre prévisible, je vais commencer le bilan en parlant des appréhensions que j'avais envers True Blood avant de m'y lancer. Evidemment, la saison étant assez riche en nouveautés d'haleines différentes (True Blood, Fringe, Sons of Anarchy, 90210 et j'en passe), True Blood était pour moi une série que je n'allais pas visionner. Regarder le pilote peut-être par curiosité mais pas aller plus loin. Puis avec les critiques positives que j'ai lues, surtout sur l'ambiance que dégage la série, assez atypique - c'est un peu ce qui ressort le plus facilement de la série et l'atout principal de la saison -, j'ai décidé de continuer.
Comme pour Mad Men dont je n'avais pas aimé les deux premiers épisodes, j'ai appris à apprécier True Blood à sa juste valeur. À vrai dire en se replongeant dans une série, on décide de faire l'impasse sur les choses qui déplaisent et se concentrer sur les choses qui ont du potentiel et la série a facilement su me convaincre et les épisodes passent plus facilement dès qu'on arrive à s'attacher aux personnages.
Accessoirement, il y a aussi un phénomène étrange qui s'est produit, ça doit être l'effet-Alan Ball : tout ce qui me déplaisait dans le pilote s'est avéré être ce que j'ai préféré sur la saison complète. La relation entre Bill et Sookie et la mythologie autour des vampires, principalement.

Comme je l'ai dit, ce qui ressort de True Blood c'est évidemment ce ton macabre, cette ambiance noire et trouble. Que ce soit à travers la réalisation ou les dialogues, il y a un vrai climat qui s'en dégage qui fait que le rayon de comparaison entre True Blood et d'autres séries se retrouve être assez limité : True Blood est un show en soi, un vrai, avec un caractère et tout ce qui suit. À partir de là, les scénaristes peuvent évoluer dans un décor fixe, qui, s'il disparaît dans les saisons à venir, marquera un vide assez gigantesque dans la ligne narrative de la série et rendra la série assez insipide.

Les personnages de True Blood sont variés. C'est pas le genre de séries qui arrivent à rendre tous les personnages attachants (ce que peu de séries arrivent à faire), c'est pas le genre de séries qui fait changer l'appréciation du personnage d'un épisode à l'autre selon l'intrigue qu'on lui dédie : les protagonistes sont fidèles à eux-mêmes et le téléspectateur préférera ceux envers lesquels il s'identifie plus facilement. Du point de vue des deux personnages principaux, Bill et Sookie, il faut apprécier la dimension narrative que prend la relation être humain / vampire, accesoirement mortelle / immortel, sinon une partie de la première saison est gâchée.

J'en viens justement, True Blood n'est pas une série sur les vampires mais bien une série sur les relations entre les vampires et les hommes. Contrairement à d'autres oeuvres qui s'appuient davantage sur l'aspect mythologique de la vie vampirique, Alan Ball se contente de traiter la métaphore et à partir de là, les thèmes et les leitmotivs constituent l'attrait principal de la controverse soulevée par la série : on le dit un peu partout en parlant de True Blood, on substitue le vampire par n'importe quel individu appartenant à n'importe quel groupe éthnique, peu importe, la question reste la même et la série s'appuie beaucoup sur ce point : le vampire mérite le même traitement social qu'autrui.
En ce sens, la saison 1 de True Blood est un vrai chemin vers la tolérance de l'inconnu, une sorte de fil rouge continuel sur les thèmes de l'injustice et la discrimation qui ne passent pas inaperçus, constituant des thèmes intéressants mais aussi actuels.

Le point faible de cette saison, c'est peut-être cette difficulté qu'ont eu les scénaristes à mêler mythologie et développement de personnages à travers leurs vies personnelles si on peut dire.
Plusieurs épisodes sont constitués d'intrigues qui posent problème là-dessus : le 10 par exemple, excellent pourtant, où d'un côté Bill doit affronter le procès vampirique pour son faux pas et d'un autre côté, à Bon Temps où l'on organise une fête pour le mariage à venir de deux personnages secondaires. Dans un autre genre, il y a les intrigues de Jason et Amy avec le vampire vers la fin de la saison et le séjour de Tara en prison parallèlement : la mythologie s'épaissit d'un côté mais d'autres intrigues assez conventionnelles - celles de Tara et Sam surtout - n'ont aucun poids dans les thèmes que soulève la série alors que True Blood traite simultanément et la mythologie et la vie personnelle des personnages peu concernés par la présence des vampires dans la série.

Il y a eu d'autres dérapages vers la fin de saison aussi. Si on laisse de côté le season finale, assez mauvais et peu True Blood-like, on sent vers les épisodes 7, 8 et 9 que les intrigues se répètent : l'histoire du V entre Jason et Amy - presque interminable - qui a duré trop longtemps et la relation chaotique entre Tara et sa mère, avec cette histoire de démon qui a également occupé une surfance conséquente dans la saison, à tord.
Cela dit, la série a l'intelligence de soulever des points intéressants ici et là : à travers des répliques marquantes (la communication avec autrui étant une source de pollution pour l'âme, le corps et l'esprit dans l'épisode 10) ou des comportements ironiques mais poignants (Jessica hystérique d'avoir quitté le monde des mortels pour devenir vampire) dans l'épisode 11 face à Bill.

Bref, True Blood n'est pas une série parfaite, loin de là mais elle a des atouts que beaucoup d'autres séries n'ont pas (une atmosphère marquante et assez unique) et ironiquement, elle a des défauts que d'autres séries du câble ont tendance à éviter (une redondance constante sur beaucoup d'intrigues qui favorisent un rythme lent)
C'est une bonne découverte mais la saison 2 peut faire beaucoup mieux : les scénaristes doivent maîtriser l'agencement de leur propos et le développement des personnages pour donner quelque chose de réellement réussi et convaincant.