Contre l’avis du parquet, la cour d’appel de Paris a ordonné la remise en liberté sous contrôle judiciaire d’ Yldune Lévy, qui était écrouée depuis le 15 novembre. Julien Coupat son compagnon et principal suspect des sabotages de lignes de TGV, reste le seul protagoniste de l’affaire en détention. Une détention provisoire singulièrement longue dans un dossier décrié comme très léger. Jeudi, le Syndicat de la magistrature n’a pas hésité à dénoncé une “instrumentalisation” de la justice, évoquant “l’entêtement “de la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, et du parquet de Paris.
Passé une démonstration de force et d’efficacité, le dossier Tarnac est devenu bien gênant pour le gouvernement. Le doute a succédé à l’emballement. Reste à savoir pour les autorités politiques comment sortir d’une situation douteuse tout en gardant la face. La privation de liberté de quelques individus semble ne pas peser pas bien lourd face à la raison d’Etat.
A jouer avec la peur le gouvernement commence à se faire peur. Le piège s’est refermé sur la ministre de l’Intérieur qui pensait redorer son blason en se posant comme le sauveur d’une France menacée par de dangereux terroristes. C’était aller un peu vite en besogne. Si Nicolas Sarkozy maîtrise la conduite à grande vitesse, sa ministre de l’intérieur a mordu sur le bas côté. Julien Coupat n’est pas ben Laden et Yldune Lévy pas Mata Hari. Sortie de prison, au moins pour quelque temps, la jeune femme reste mise en examen pour “destructions en réunion et association de malfaiteurs“, le tout “en relation avec une entreprise terroriste“. Elle a obligation de résider à Paris, de se présenter une fois par semaine à la police et a interdiction de rencontrer les autres protagonistes de l’affaire. Rien de moins.
Julien Coupat, le cerveau présumé, également en prison depuis deux mois, a vu sa demande de remise en liberté rejetée. Si le parquet et la police disent s’appuyer sur des indices précis, ils ne semblent pas en capacité d’apporter de preuves concrètes. La présomption d’innocence aurait-elle cédé la place à la présomption de culpabilité ?
Vendredi, le député PS André Vallini, récent démissionnaire du poste de secrétaire national à la Justice mais surtout ancien président de la commission parlementaire Outreau, estimé justement que les leçons d’Outreau, “semblent décidément ne pas avoir été retenues par la justice française“.
Selon lui, le maintien en détention de Julien Coupat montre que “le principe de notre procédure pénale qui veut que la liberté soit la règle et la détention l’exception, est violé chaque jour et la présomption d’innocence est aujourd’hui plus que jamais bafouée dans notre pays“. “Alors que l’affaire a commencé depuis plus de trois mois, il semblerait que les services de police aient de plus en plus de mal à établir les charges qui pourraient être retenues contre Julien Coupat et Yldune Lévy“, ne manque-t-il pas de faire remarquer.
Dans son communiqué le syndicat de la magistrature après avoir évoqué “une qualification des faits volontairement disproportionnée” juge, que cette affaire est la “la parfaite illustration des risques que comporte le transfert des compétences du juge d’instruction vers un parquet statutairement dépendant du pouvoir politique“.
Solidarité politique et de territoire, François Hollande Président du Conseil Général et député de Corrèze dénonce au micro de la Télé Libre, une hystérie sécuritaire du gouvernement.
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