Mardi 20 janvier, lorsqu'il posera la main sur la Bible pour prêter serment devant le Capitole, Barack Obama se remémorera peut-être la phrase qu'il avait lancée aux médias il y a quelques mois. Il commencera alors à claquer des doigts; ses pieds se mettront à frapper le sol en rythme; les battements de son cœur suivront soudain le tempo; ses paroles se feront chanson d'amour et il souviendra.
"La Motown a fait de moi l'homme que je suis."
Créée à Detroit (la Motor Town) il y a tout juste 50 ans en janvier 1959 par Berry Gordy, Motown Records est une maison de disque quasi mythique qui révolutionna la musique noire américaine.
Ses artistes, vous les connaissez tous : Diana Ross
et The Supremes, Martha and the Vandellas, Smokey
Robinson, Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Pointer
Sisters, The Temptations, Michael Jackson et les Jackson Five, Lionel Richie et The Commodores.
Ses ouvriers de l'ombre, vous les connaissez moins : le trio d'auteurs-compositeurs de génie Holland-Dozier-Holland et le groupe de musiciens de studio The Funk Brothers sur lequel a été réalisé un film d'anthologie. Ce sont eux, les meilleurs d'entre tous, qui œuvrèrent sans relâche derrière les projecteurs, dans les sous-sols de l'étonnante fabrique de tubes, à la création du "Motown Sound".
Mais les clefs de son succès sont peut-être à chercher ailleurs.
Motown, c'est de la musique black pour un public en noir et blanc. L'ouverture aux autres qui poussent à sortir de sa communauté pour parler, danser, rire, pleurer avec des gens qui ne nous ressemblent pas. Motown c'est la nécessité de la paix.
Motown, ce sont des love songs. Des chansons qui viennent du cœur pour parler à l'âme. De la "soul" music qui trouve ses racines ancestrales dans le Gospel. Motown, c'est la puissance de l'amour.
Motown, c'est du rythme, de la vibration, du déhanchement. Des back beats, des tambourins, de la guitare basse. Un son particulier et reconnaissable entre tous qui n'a qu'un seul et unique objectif. Motown, c'est la joie partagée.
Durant ses 20 années de succès, Motown répondit simplement aux espérances quotidiennes des gens. Nous voulons de la joie; nous souhaitons que la paix soit au milieu de nous; nous désirons découvrir l'amour.
Parfois, à l'écoute de la radio ou devant notre écran de télévision, nous regrettons la Motown. Le monde a bien changé, la musique aussi. Mais il ne faut jamais regretter le passé; il faut désirer l'avenir. L'espérance rend soul.
Alors pour nous rappeler que notre plus grand désir, c'est l'amour, nous pouvons taper du pied, claquer des doigts, écouter les battements de notre cœur et fredonner avec Stevie Wonder : Happy Brithday to you, Motown.