Il y a moins de deux semaines je lançais le grand projet des articles des lecteurs de Critik en séries. Aujourd’hui arrive le premier papier consacré à la série carcérale Oz écrit par Ryan du blog Critiklive, un autre blog de reviews de séries que je vous conseille de visiter . J’ai déjà reçu plusieurs articles de visiteurs et ceux ci paraîtront chaque samedi. N’hésitez donc à me contacter si vous avez aussi envie d’écrire un article.
Oz est le diminutif de la prison de haute sécurité de niveau 4 Oswald dans lequel un quartier expérimental, Emerald City a été créé par Tim McManus dans le but d’améliorer les conditions de vie des détenus et de favoriser leur réinsertion dans la société. Pour cela ils ont une grande liberté de circulation dans cette unité et doivent se côtoyer les uns les autres tout en pouvant avoir diverses responsabilités comme en cuisine ou à l’infirmerie. Mais la rédemption est-elle vraiment possible ? C’est le principal thème de la série. Oz est construit comme un huit clos étouffant et dérangeant où chaque prisonnier doit lutter dans cet univers où se côtoie la haine, la peur et la mort. Plus qu’un héros en particulier, c’est la prison le centre de la série car justement on est jamais sûr de retrouver les mêmes personnages d’un épisode à l’autre. Certains ne font que passer, d’autres se font tuer brutalement sans qu’on ait eu le temps de le voir venir tandis que d’autres arrivent juste pour mourir. En commençant un épisode de Oz, il est impossible de savoir comment les choses vont tourner, tellement la série est imprévisible. On assiste à la vie quotidienne de ces hommes lâchés dans cet enfer et où l’espoir ne devient vite qu’un simple souvenir vague. Durant la série, il y a énormément de personnages, et chacun se recoupe dans un clan bien précis au sein de la prison. Musulmans, aryens, irlandais, homosexuels, latinos… Chacun défend ses arrières et c’est une guerre continuelle entre les différents clans, possédant un leader qui peut être remplacé très rapidement, l’exemple le plus frappant serait Kareem Said, leader musulman et aux idées politiques bien arrêtées qui subit les foudres de ses “frères” après s’être amouraché d’une blanche. Chacun doit trouver sa place dans ce monde inconnu, car sans alliés, un prisonnier seul n’ira pas bien loin. L’une des grandes forces de la série est son casting interchangeable, un prisonnier meurt, un autre peut rentrer l’instant d’après sans que cela ne casse la densité du récit. Quand Oz accueille un nouveau prisonnier, on découvre à l’aide de court flash backs le crime qu’il a commis et sa sentence. Même si certains personnages meurent en cours de route, la série possède tout de même certains personnages hyper charismatiques qui deviennent vite indispensables au récit. C’est le cas de personnages comme Tobias Beecher, Kareem Said, Simon Adebisi, Miguel Alvarez, Ryan O’Reilly, Vern Shillinger ou Chris Keller. Autant de personnages complexes, imprévisibles et à la psychologie parfaitement étoffée. Chaque personnage apporte quelque chose à l’édifice du show et s’attacher à un personnage n’est pas toujours une bonne chose car il peut disparaître à tout moment. Mais pourtant, le grand tour de force de la série est sa capacité à rendre certains personnages attachants même s’ils sont des meurtriers. Il n’y a aucun manichéisme, et chacun peut surprendre. Ainsi le sensible Beecher aura commis une seule erreur dans sa vie et en payera le prix fort en arrivant dans ce milieu dur et hostile où il basculera petit à petit dans la folie pure, Ryan O’Reilly est un fin manipulateur qui se sert de tout le monde pour survivre, mais on lui découvrira un côté sensible au travers de sa relation avec son jeune frère handicapé mental, Cyril. Et c’est ainsi pour beaucoup de personnages.
Par contre, Oz n’est clairement pas la série à regarder en famille le dimanche après-midi autour d’un thé. Au vu du milieu carcéral dans lequel elle évolue, certains pourraient la comparer avec Prison Break, mais cette comparaison n’a aucune raison d’être. Là où cette dernière n’est rien de plus qu’un divertissement bon enfant, Oz est une série complexe, dure, violente et hyper réaliste. On a parfois l’impression d’être devant un véritable documentaire tellement la réalisation et le jeu impeccable des membres du casting rendent les situations hyper réelles. La violence de la série pourrait en rebuter plus d’un, car que cela soit dit, Oz ne fait aucune concession. Elle ne fait pas dans la demi-mesure, et on y filme meurtres, violes et bagarres sans retenue, on n’hésite pas non plus à montrer les prisonniers totalement nus comme lorsqu’ils sont isolés dans une pièce sombre avec seul un seau pour uriner. Certaines scènes sont bonnement insoutenables, mais c’est aussi cela Oz, une série très noire, résolument adulte et aussi extrêmement pessimiste. Mais pourtant si la série est souvent violente, elle ne tombe jamais dans une surenchère de sang ou de meurtre. Chaque scène, aussi dure soit elle, a un but bien précis et sert totalement le récit. Elle ne montre ni plus ni moins que la bestialité humaine et à quel point la violence est devenue le seul mode de communication de l’humain. La rédemption est l’un des thèmes centraux de la série, mais chaque intrigue, chaque personnage nous montre que la rédemption est impossible après cet enfer. Tobias Beecher en est l’exemple parfait. Il est un homme blessé, torturé lorsqu’il arrive dans le pilote. Alcoolique, il a tué une petite fille sur la route en état d’ivresse. La vie à Oz le fera complètement basculer dans la folie, dès sa première nuit en prison, il sera harcelé, violé et tatoué une croix gammée sur les fesses. A force d’encaisser les coups en silence, il s’endurcit et devient comme les autres, un homme sans foi ni loi qui fait tout pour survivre, drogué et qui perd toute humanité. Celui qui était le plus sensible des personnages deviendra un monstre cruel durant la saison 2 où il commettra d’horribles actes. Autres exemples, le poète quitte Oz en milieu de la saison 2 pour y revenir seulement quelques épisodes plus tard après un nouveau crime. Impossible de retrouver une vie normale, et impossibilité de devenir un citoyen normal et respectable. Un prêtre pédophile tentera de revenir à sa vie d’avant, sans jamais y arriver, et finira par se faire crucifier par les aryens dans une des scènes les plus traumatisantes de la série.
Mais il serait dommage de ne voir en Oz qu’une série sur la prison qui enchaîne les images violentes ou glauques, ce serait bien réducteur. Oz est une série très dense, mais brillamment construite et mise en scène. Chaque intrigue est structurée de telle façon qu’on ne peut jamais s’emmêler les pinceaux, malgré le grand nombre de personnages. Beaucoup de thèmes sont exploités au cours de la série, tels que la dureté de la vie en prison, la violence, le viol, la religion, l’homosexualité, la politique, les luttes raciales, le sida, la peine de mort et bien d’autres thèmes controversés encore. Chaque épisode s’ouvre autour du discours d’Augustus Hill, un prisonnier en chaise roulante, qui de sa cage en verre imaginaire, délivre un discours ironique, pessimiste et cruellement vrai mais qui est parfois le point fort de la série et parfois son point faible. C’est vrai à certains moments de la série où il raconte un peu n’importe quoi histoire de passer le temps. Tandis qu’à d’autres, son discours est parfaitement réfléchi, cynique et même très drôle. S’il y a beaucoup d’intrigues, certaines sont particulièrement récurrentes et marquent les esprits. A cela, les moment les plus marquants sont sans aucun doute la lutte sans fin entre Beecher et Shillinger, jamais lassante toujours passionnante. Une relation commencée de façon brusque dans le pilote avec Shillinger le bourreau et Tobias la victime innocente. A partir de ce moment, les rôles ne cesseront de s’inverser. Dans le même registre, la relation passionnelle entre Beecher et Keller représente l’un des musts de la série. Une relation malsaine partagée entre un amour sans limites et une profonde haine qu’ils ont l’un envers l’autre. Un duo captivant et magistralement interprété par Lee Tergesen et Chris Meloni. Les autres personnages ne sont pas en reste, comme Said qui s’impose dès le départ comme le leader des musulmans et qui perdra peu à peu son statut de chef ce qui le fera tomber de très haut, Alvarez qui ne cessera de jouer de malchance en retournant sans cesse à la case départ, les frères O’Reilly qui ont une relation touchante et réaliste même si Ryan reste un personnages dont il vaut mieux se méfier. Sans parler d’Adebisi, l’un des personnages les plus machiavéliques et dangereux de la série. La série s’implique aussi beaucoup dans la politique et délivre un message engagé envers un système judiciaire défaillant ou encore sur la peine de mort. A ce sujet, le gouverneur Devlyn (interprété par le fabuleux Zeljko Ivanek) est sans doute le personnage le plus dangereux de la série tellement ses idées politiques sont souvent très effrayantes. Car Oz, ce n’est pas seulement les prisonniers, il y a tout le personnel de la prison qui gagne vite en profondeur. Que ce soit le prêtre Ray qui remet sa foi en doute devant tant de violence inhumaine, la sœur Peter Marie coincée entre son devoir de nonne et sa position de femme, le directeur Glynn ne prenant pas toujours les meilleures décisions ou encore la gardienne Whittlelsey continuellement paumée entre sa vie à Oz et son rôle de mère célibataire ayant la charge d’une mère gravement malade. Autres personnages du staff important, le docteur de la prison Gloria Nathan qui deviendra vite l’obsession de Ryan O’Reilly dont il en deviendra amoureux au point de faire tuer froidement son mari par son propre frère. Bref, il y a encore beaucoup de personnages brillamment exploités qui donnent à Oz toutes ses lettres de noblesse.
En bref, Oz est une série tout simplement formidable, et qui m’a accroché dès son pilote coup de poing. L’une des plus grandes claques que je me sois prise devant mon petit écran. Oz c’est toute une ambiance, un climat, tendu, oppressant, on vit continuellement dans la peur et l’angoisse du prochain événement, tout comme les personnages de la série. Le réalisme froid et souvent cruel de la série apporte beaucoup aux intrigues et aux personnages tous plus complexes les uns que les autres. Le casting est de très haute volée, et certains acteurs sont tout bonnement extraordinaires dans leur interprétation. Avec des acteurs tels que Dean Winters, Adewale Akinnuyoe-Agbaje, Kirk Acevedo, Lee Tergesen ou encore Eamonn Walker. Mais ma préférence ultime va peut-être au fantastique Christopher Meloni arrivé au cours de la saison 2 et qui est vite devenu crucial dans le show. Comme pour prouver que la série n’a peur de rien, elle accueille durant la saison 4 Luke Perry (et oui de Beverly Hills) absolument méconnaissable dans ce rôle à contre emploi. La série se veut aussi critique du monde carcéral, notamment à travers une émeute impressionnante dans le final de la saison 1 qui est ni plus ni moins que l’un des plus grands épisodes de la série.
En conclusion, Oz est une série grandiose, brillante, aboutie et parfaitement maîtrisée au millimètre près. Une œuvre certes ultra violente, sans concessions mais aussi un récit pensé dans les moindres détails, un huit clos captivant, une écriture riche et un casting excellentissime. C’est tout cela Oz, une œuvre brillante et sans doute l’une des séries plus riches de ces dix dernières années.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 11 juin à 10:03
J adore cette série, je me suis fait l'intégrale en relativement peu de temps tellement que c'était prenant. L'article est pas mal, mais peux être trop élogieux, Oz est réellement une bonne série, mais elle a quand même quelques défauts comme toutes et pour ne pas paraitre partie pris il aurait fallu les cités, l'auteur ne parle pas de la saison six qui est relativement moins bonnes que les autres ou de certaines intrigues parfois un poil ridicule (le médicament qui font vieillir, les miracles de la religions dans les dernières saisons...), parfois des personnages sont utilisé trop facilement. Il faut faire tuer quelqu'un bah Ryan sans charge et si Ryan veut la mort de quelque il le sera. Mais effectivement on oublie assez facilement ces détails tant la série est de bonne qualité ce qui tient surtout aux acteurs qui sont irréprochables. Et juste une petite phrase à propos du générique qui convient parfaitement avec déjà des images crus et une musique à l'image de la série.
Merci d'avoir écrit sur cette série malheureusement pas très connue en France.