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Woerth s'enfonce dans les pas de Breton

Publié le 14 août 2007 par Nico2312
Il ne faut bien entendu y voir aucun lien de cause à effet, mais le symbole est tout de même marquant : alors que Nicolas Sarkozy fête ses 100 premiers jours à l'Elysée, la croissance française marque sérieusement le pas avec résultat inférieur de moitié aux prévisions de l'Insee et de la Banque de France avec à peine + 0,3% au second semestre.
Ainsi, ce niveau de croissance beaucoup plus faible qu'espéré (rêvé ???) par le gouvernement compromet son objectif d'une croissance comprise entre 2,25 et 2,5% sur l'ensemble de l'année 2007. L'Insee ne table de son côté que sur une croissance annuelle de 2,1%. Une bien mauvaise nouvelle pour Bercy qui va devoir assumer le "pari", pour reprendre l'expression de Christine Lagarde (peut-être serait-il temps qu'elle réalise que les finances d'un pays comme la France ne se gèrent pas comme on remplit un grille de loto ou comme on parie au courses...), du paquet fiscal qui va coûter la bagatelle de 10 milliards d'euros dès cette année . Mais il en faut bien plus que cela pour inquiéter le ministre du Budget, Eric Woerth, qui déclare qu'il n'y a "pas d'inquiétude à avoir sur la tenue de nos comptes publics en 2007". Mieux, selon lui cela n'affectera en rien le déficit public : "rien ne change là dessus parce que 2,4%, c'était construit notamment sur des hypothèses de dépenses qui sont aujourd'hui parfaitement tenues"... C'est beau et crédible comme lorsque Nicolas Sarkozy assure aux ministres des Finances de l'Eurogroupe que la France pourrait "être au rendez-vous de 2010" pour faire passer la dette sous la barre des 60% du PIB, sauf bien entendu si par le plus grand des malheurs, la croissance n’était pas au rendez-vous. Force est de constater que sur ce coup le président de la République avait bien senti le vent, puisque contrairement aux médias la croissance semble totalement insensible à son charme.
De toute façon, pourquoi chipoter sur quelques dixièmes de point croissance alors qu'Eric Woerth nous annonce sans rire (et c'est bien ce qui est grave) que "l'effet Sarkozy", élu le 6 mai dernier, se "fera sentir à partir du second semestre". Et le ministre d'enfoncer le clou : "en 2008, le budget, on est en train d'y travailler. Il sera fondé sur des hypothèses de croissance réalistes et volontaristes aussi. Il n'y a pas de raison de changer de cap aujourd'hui". Bien dit, il n'y a pas de raison que la croissance ne se plie pas aux dogmes du sarkozysme (sinon de toute façon, Brice Hortefeux se fera un plaisir de l'expulser) !!!
Pendant ce temps, Le Monde rend un hommage plus que mérité à Thierry Breton, l'ancien ministre des Finances qui semble servir de modèle à Eric Woerth, en le qualifiant au détour d'une interview sur crise des "subprimes", de "spécialiste des dettes colossales" du fait de ses pasages remarqués à la tête de France Télécom et à Bercy…. Difficile de faire plus lapidaire et plus réaliste comme présentation. Après ses grandes réussites précitées, on est en droit d'être inquiet lorsqu'il se permet d'accorder un satisfecit à Nicolas Sarkozy qui, selon lui, "saura articuler une stratégie économique et financière claire, assez attendue par les acteurs économiques, dans ce contexte de correction systémique".

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