Dans le camp présidentiel, les opérations liées aux investitures en direction des élections locales du 22 mars soulčvent de grandes contestations ŕ Sédhiou. Principale source de discorde : la «trop grande» place accordée aux transhumants socialistes. Une crise qui favorise la montée en puissance de l’opposition, ŕ quelques semaines des scrutins locaux.
M. le maire, comment se passent les investitures ŕ Sédhiou ?
Conformément aux directives contenues dans la note circulaire de la direction du parti et du Secrétaire général national, le Président Abdoulaye Wade, nous avions ŕ installer la commission départementale d’investitures en tenant compte de toutes les sensibilités. Je ne tiens pas rigueur la tendance qui s’opposait ŕ moi de maničre délibérée et qui avait organisé une rencontre parallčle au Cdeps alors que j’avais convié ses représentants par voie de presse et directement. Ceux-ci étaient męme allés jusqu’ŕ désigner un président départemental d’investitures, en la personne de Moustapha Sow qui est le président de la section communale.
Qu’avez-vous fait devant cette opposition interne ?
Face ŕ cette liste parallčle, j’ai suggéré au président de la fédération que l’on retourne sur le terrain s’il était vrai que la liste que j’ai établie ne prend pas en compte tout le monde. Il fallait nommer 17 membres, alors j’en ai pris 6 de la sensibilité qui me contestait. En ce qui concerne ma responsabilité, je ne peux pas ignorer les anciens du parti. J’ai donc tenu compte de la représentativité de l’ensemble des sensibilités ainsi que des partis alliés comme And-Jëf, le Pr, les fidčles de Me Doudou Ndoye. L’Urd non représentée ŕ la premičre réunion du 25 décembre a été intégrée lors de la rencontre du 13 janvier 2009 dite celle des consensus et de l’élargissement de la commission. Au lieu de 17, nous avons maintenant 31 membres dont les Présidents de conseil rural (Pcr) qui sont responsables de section et tous les présidents de sous section. L’accord fondamental auquel nous avons abouti est que je reste le superviseur départemental pour Sédhiou, Mamadou Lamine Dramé pour Bounkiling et Amadou Tidiane Diallo pour Goudomp.
Et quel fut le principal désaccord ?
Les opposants internes ont souhaité que les présidents de conseil rural deviennent présidents de commission locale alors que, bon nombre d’entre eux sont minoritaires dans leur localité, pour ne pas dire plus. J’ai dit alors qu’il faut étendre la mesure aux maires puisqu’ętre président d’une commission locale d’investiture ne signifie pas devenir président de conseil rural aprčs les élections. Ce sont les investitures qui vont déterminer la tęte de liste. Le secrétaire général national, par voie de presse, a indiqué qu’ętre président de commission départementale ou locale d’investiture ne donne pas droit ŕ ętre maire ou Pcr. Il n’est męme pas dit que les membres de la commission seront demain investis ! Le rôle du président de commission ne consiste qu’ŕ coordonner les travaux d’investitures en appuyant l’installation des comités locaux. On a trouvé un consensus pour que dans chaque collectivité locale le Pcr devienne le président de la commission locale d’investiture. Etant entendu que cela est valable également pour un maire.
Le cas Alassane Ndiaye implose le parti. Comment comptez-vous le régler ?
Pour rassembler le parti, j’ai fait mon travail au-delŕ męme de ce qu’on me demandait. Je suis en train de recoller les morceaux parce que je ne veux pas laisser un seul militant potentiellement électeur basculer dans l’opposition. Alassane Ndiaye est dans le Pds et dans la męme situation que moi, contrairement aux propos de ses détracteurs. Qui peut lui contester sa popularité aujourd’hui dans sa localité ? Vous savez, tous ces Pcr que j’ai intégrés, les populations qui vont voter les ont rejetés ŕ 90%. La réalité est que nous ne voulons pas les laisser ŕ l’opposition qui, elle, fait des ravages dans le département de Sédhiou ŕ cause de la léthargie de ceux qui prétendent ętre les responsables du parti. Si cela ne tenait qu’ŕ Lamine Dramé et aux Pcr, le parti serait mort depuis longtemps dans la nouvelle région de Sédhiou. Les élections locales constituent un enjeu capital pour moi, c’est un grand défi qui nous est lancé. Alors, je refuse de contenter les Pcr pour mécontenter les populations qui voteront le 22 mars.
Comment appréciez-vous le retour d’Idrissa Seck ?
Ecoutez, Idrissa Seck ce n’est qu’hier qu’il est arrivé dans le parti dans le cadre de son élargissement (…) mais, j’ai compris qu’il était dans les dispositions de fusionner le Rewmi avec le Pds. C’est une affaire qui va ętre réglée au sommet. Jusque-lŕ, des directives ne nous sont pas parvenues de la direction du Pds. Cependant, nous avons déjŕ convenu en notre sein d’intégrer cette donne. Nous sommes donc pręts ŕ ouvrir nos listes aux responsables de Rewmi en restant cependant ŕ l’écoute de la direction nationale qui, en dernier ressort, va trancher. Dans tous les cas, je n’ai aucun problčme avec Idrissa Seck parce que la politique, c’est de l’arithmétique et non de la soustraction ou de la division.
Etes-vous candidat pour rempiler ŕ la mairie ?
A un moment, j’avais décidé de passer le flambeau ŕ la jeune génération, aux forces émergentes du parti ou aux cadres dignes de me remplacer. Socialiste ou libéral, j’ai toujours bénéficié de la confiance de l’écrasante majorité des populations… Aujourd’hui, si je dois soutenir un candidat et si on me demandait mon avis, je porterai mon choix sur celui que je crois capable de porter cette banničre. Mais si le président de la République estime que je dois rester ŕ Sédhiou, je dis que je suis un soldat du parti. Mieux, je suis devenu l’esclave et l’otage des populations de Sédhiou.
Il paraît que le fauteuil du futur Conseil régional vous motive particuličrement.
Si le parti me désignait comme candidat ŕ la présidence du Conseil régional, j’accepterais volontiers car, ce serait une nouvelle donne. J’ai vraiment la volonté de poursuivre mon combat pour le développement de cette nouvelle région de Sédhiou. Honnętement, par rapport ŕ la situation actuelle, ŕ l’aspiration des populations et des personnes de bonne foi, je suis la personne qui présente le meilleur profil de candidat au Conseil régional de Sédhiou.
Le maire Balla Moussa Daffé sait-il pourquoi il est contesté ?
Mais ce n’est męme pas de la contestation politique, c’est de la haine ! Je suis contesté parce que je les ai toujours battus. Ils savent trčs bien qu’ils ne représentent rien devant moi. C’est cela qui les chagrine. Actuellement, les populations me suivent parce que j’ai semé cette graine depuis longtemps. Je me suis investi socialement dans cette ville. J’ai posé des actes concrets de développement dans cette nouvelle région qui a été une revendication permanente en moi depuis le régime socialiste. C’est le Président Abdoulaye Wade qui a rendu possible cette requęte unanimement partagée par les populations. On peut tout me reprocher sauf de ne pas ętre attaché ŕ mon terroir et ne pas avoir des ambitions pour mon terroir.
Vous nourrissez autant d’ambitions pendant qu’on vous reproche votre gestion gabegique de la municipalité.
J’ai fait 30 ans de pouvoir. Si je m’étais enrichi est-ce que vous me trouveriez dans de pareilles conditions chez moi ? Si ce que j’ai donné pour entretenir cette pauvre mairie sans ressources m’était remboursé, je serai milliardaire aujourd’hui. Mes ennemis ont demandé un audit, je suis pręt ŕ cela.