Hier ici même, après écoute attentive d’une émission de géographie diffusée sur France-Culture, je narrais tant bien que mal ce que cette ville de Berlin avait fait des espaces laissés vides par la chute du mur, et je terminais par un paragraphe sur la recomposition sociale finalement fruit du hasard qui en était sortie. C’était fort sérieux.
Rebondissement aujourd’hui en parcourant le site du Monde (lien provisoire vers l’article) : j’avais bien vaguement lu dans le Routard que quelques sangliers pouvaient éventuellement vaquer dans Berlin. Quelques sangliers, pas 5000 à 8000, ce qui fait un sérieux changement d’échelle. J’imaginais aussi, après avoir vu la ville et ses immenses étendues boisées (voir cette note-là), que les animaux avaient probablement trouvé gîte et couvert dans les forêts.
Que nenni nous dit Le Monde : les animaux ne craignent ni les humains ni leurs véhicules motorisés, d’où balades nocturnes dans les rues du centre-ville, y compris (mais c’est fort près d’un bois) du côté de la mythique porte de Brandebourg. Ce qui peut amener à rédiger un constat cocasse en cas d’accident, pas forcément facile à présenter à l’assureur sans passer pour un rigolo.
Et le mur dans tout ça ? J’y viens. Il enserrait en fait tout Berlin Ouest puisqu’il avait pour but d’empêcher les heureux habitants du paradis communiste d’aller tester in situ l’enfer capitaliste. Il coupait donc la route aux bêtes qui vivaient dans les forêts hors des limites communales, et les empêchaient de rejoindre les vastes espaces naturels intra-muros. Le mur coupait aussi la ville en deux (et c’est finalement ce que le touriste sait du mur à son arrivée, et ce sont ces traces-là qu’il cherche), empêchant encore la libre-circulation du gibier d’une zone boisée à une autre.
Le basculement de novembre 1989 a ainsi mis sur le devant de la scène un nouveau type de job : chasseur urbain, à la nuit tombée.
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