Par Bernard Vassor
Le Coucher d'Yvette ...... D'après de nombreux historiens du spectacle, la première représentation "deshabillée" eut lieu au Divan Japonais rue des Martyrs. L'erreur est double, il existait bien avant la salle de la rue des Martyrs (75) selon des mémorialistes, dans le passage de l'Opéra, le "Théâtre naturaliste de Monsieur Chirac" où des comédiens jouaient des scénetttes dans le plus simple appareil. La deuxième erreur consiste dans le fait que la salle que Maxime Lisbonne, ancien communard, avait repris à Jehan Sarrazin, s'appelait "Les Concerts Lisbonne". Il fut donné une pièce intitulée "Le Coucher d'Yvette", qui avait été refusée par l'Eden-Théâtre. C'était une pantomime musicale, streep-tease bien innocent; en effet, la comédienne Blanche Cavelli, enlevait lentement ses vêtements derrière un paravent à contre-jour, mais conservait, ce que les spectateurs ne pouvaient pas voir, de quoi préserverson intimité. La censure interdit aussitôt le spectacle en public, mais Maxime Lisbonne contourna la difficulté en ne présentant son spectacle que sur invitation. Le spectacle fut repris ensuite à l'Alcazar d'été (aux Champs Elysées). C'est en 1900, que les choses sérieuses apparurent; deux salles : "le Little-Palace" et "les Folies-Pigalle" proposèrent des exhibitions de tableaux lascifs "purement lubriques"selon les censeurs. Bien sûr, la police et les tribunaux mirent fin à un tel scandale! En appel, les contrevenants ayant été acquittés, le ministère public obtint la condamnation sous la présidence de monsieur Landry, sous la qualification d'outrages publics à la pudeur. La chambre avait fait une distinction entre le nu artistique et le nu obscène. D'une part, le fait de faire représenter au théâtre des scènes dans lesquelles figurent des femmes nues ne constituait pas le délit d'outrage public à la pudeur, lorsqu'il résultait des diverses précautions prises, des jeux de lumière combinés, de la disposition de gaze faisant écran avec le public et de l'éloignement des actrices, de leurs poses purement plastique, immobiles, et dégagées de toute intention lascive !!! Les Folies-Pigalle ...... Le tribunal acquitta le directeur du théâtre des Folies-Pigalleet trois de ses pensionnaires, mais d'autre part considérant que le délit d'outrage à la pudeur était établi, il condamna monsieur Chatillon directeur du Little-Palaceà trois mois de prison, et deux artistes à quinze jours avec sursis à madame Bouzon, dite "Sergine Charley" et la même peine à mademoiselle Blanche Lepelley dite "Liliane". Il y eut aussi l'affaire des "Folies-Royales" dont le diecteur Gohen, dit "Dikson" écopa de trois mois de prison; Germaine Duhault, dite "Deslys" "bénéficièrent" elles, de quinze jours sans sursis. Voilà la triste histoire des pionniers de la gaudriole....