En 2007, plus de 100 milliards de $ ont été investis dans la puissance, les usines de production et la recherche et développement en matière d’énergies renouvelables à l’échelle mondiale. C’est ce qui ressort du rapport annuel du réseau politique REN21.
REN21 estime que la situation des énergies renouvelables en 2007 marque “une étape décisive à l’échelle mondiale”. Toutefois, le réseau indique que la perception que nous avons des énergies renouvelables est en-deçà de la réalité, du fait de la rapidité fulgurante de leur évolution ces dernières années.
Ce rapport témoigne de cette réalité et propose un aperçu de la situation des énergies renouvelables à travers le monde en 2007. Il couvre les tendances au niveau des marchés, des investissements, des industries, des politiques et des énergies renouvelables rurales (hors réseau). A dessein, il ne fournit pas d’analyse, ne traite pas des questions actuelles et ne prédit pas l’avenir, précise le Réseau.
Les principaux enseignements du rapport :
- La capacité de production d’électricité renouvelable aurait atteint environ 240 gigawatts (GW) dans le monde en 2007, soit une augmentation de 50% par rapport à 2004. Les énergies renouvelables représentent 5% de la puissance énergétique mondiale et 3,4% de la production électrique mondiale. (Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’énergie hydraulique à grande échelle, qui représentait à elle seule 15% de la production électrique mondiale).
- En 2006, les énergies renouvelables ont produit autant d’énergie électrique dans le monde qu’un quart des centrales nucléaires de la planète, sans compter l’énergie hydraulique à grande échelle (et même plus que le nucléaire en incluant cette dernière).
- La principale composante de la capacité de production d’énergie renouvelable est l’énergie éolienne, qui s’est accrue de 28% dans le monde en 2007, pour atteindre environ 95 GW. La capacité additionnelle annuelle a augmenté plus encore, avec une hausse de 40% en 2007par rapport à 2006.
- La technologie énergétique qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde est celle du photovoltaïque solaire raccordé au réseau (PV), avec une augmentation annuelle de 50 %de la puissance installée cumulative en 2006 aussi bien qu’en 2007, pour atteindre environ 7,7 GW. Cela représente, à travers le monde, un million et demi de foyers équipés de panneaux PV solaires en toiture qui alimentent le réseau.
- Les collecteurs de chaleur solaire en toiture fournissent de l’eau chaude à presque 50 millions de foyers à travers le monde et du chauffage par convection à un nombre croissant d’habitations. La capacité existante en énergie solaire thermique a augmenté de 19% en 2006, pour atteindre 105 gigawatts thermiques (GWth) à l’échelle mondiale.
- La biomasse et l’énergie géothermique sont couramment utilisées pour l’électricité aussi bien que pour le chauffage, avec des hausses récentes dans un certain nombre de pays, y compris des utilisations liées au chauffage urbain. Plus de 2 millions de pompes à chaleur géothermiques sont employées dans 30 pays pour chauffer et climatiser des immeubles.
- La production de biocarburants (éthanol et biodiesel) aurait dépassé 53 milliards de litres en 2007, soit une hausse de 43%par rapport à 2005. En 2007, la production d’éthanol a représenté environ 4% des 1300 milliards de litres d’essence consommés dans le monde. La production annuelle de biodiesel s’est accrue de plus de 50%en 2006.
- Les énergies renouvelables, notamment l’énergie hydraulique à petite échelle, la biomasse et le PV solaire fournissent de l’électricité, de la chaleur, de la force motrice et alimentent des pompes à eau pour des dizaines de millions d’habitants dans les zones rurales des pays en développement, alimentant l’agriculture, la petite industrie, les habitations, les écoles et les besoins communautaires. Vingt-cinq millions de ménages cuisinent et éclairent leur foyer au biogaz et 2,5 millions de ménages utilisent des systèmes d’éclairage solaire.
- Les pays en développent représentent plus de 40% de la capacité électrique renouvelable existante, plus de 70% de la capacité d’eau chaude solaire existante et 45%de la production de biocarburants.
Tous ces marchés confondus, quelque 71 milliards de $ auraient été investis en 2007 dans la capacité électrique et calorifique renouvelable à l’échelle mondiale (hydroélectricité à grande échelle non comprise), dont 47% pour l’éolienne et 30% pour le PV solaire.
S’y sont ajoutés les investissements dans l’énergie hydraulique à grande échelle, soit entre 15 et 20 milliards de $. Les flux d’investissements ont connu une diversification et une intégration au cours de 2006/2007, y compris ceux des principales banques commerciales et d’investissements, des sociétés à capital de risque et des sociétés de financement par capitaux propres, des organisations de développement multilatérales et bilatérales et des financiers locaux moins importants.
L’industrie des énergies renouvelables a vu l’arrivée de beaucoup de nouvelles entreprises, enregistré des hausses considérables de la valeur des sociétés et de nombreuses introductions en Bourse. En ne comptant que les 140 premières entreprises d’énergies renouvelables cotées en bourse, on obtient une capitalisation boursière combinée de plus de 100 milliards de $. Les entreprises ont également élargi leur expansion dans les marchés émergents.
Un certain nombre de technologies commerciales émergentes enregistrent une croissance industrielle très importante, notamment le PV solaire en couche mince, la cogénération d’énergie solaire et thermique et les biocarburants évolués/de deuxième génération (avec, en 2007, l’achèvement ou la construction en cours des premières usines commerciales jamais réalisées).
A travers le monde, les emplois liés à la fabrication, à l’exploitation et à l’entretien des technologies en matière d’énergies renouvelables ont dépassé 2,4 millions en 2006, dont quelque 1,1million pour la production de biocarburants.
Des objectifs quantitatifs de production sont fixés dans au moins 66 pays du monde, dont les 27 pays de l’Union européenne, 29 Etats des Etats-Unis (et Washington D.C.) et 9 provinces canadiennes. La plupart de ces objectifs portent sur les parts de la production électrique, de l’énergie primaire et/ou de l’énergie finale pour une année donnée à venir.
La majorité de production concerne l’horizon 2010-2012, même si un nombre croissant cible l’horizon 2020. A l’échelle de l’Union européenne, l’objectif est de 20% de l’énergie finale d’ici à 2020, la Chine ayant un objectif de production de 15% de l’énergie primaire d’ici à 2020. En dehors de la Chine, plusieurs autres pays en développement ont adopté ou revu à la hausse leurs objectifs de production en 2006/2007.
En outre, plusieurs pays ont désormais des objectifs liés à la part des biocarburants dans l’énergie destinée aux transports, notamment, à l’échelle de l’Union européenne, un objectif de 10% d’ici à 2020.
Les dernières années ont connu une explosion des politiques visant à promouvoir les énergies renouvelables. Au moins 60 pays (37 pays développés et en transition et 23 pays en développement) ont instauré une politique pour favoriser la production des énergies renouvelables. La politique la plus répandue est l’obligation de rachat de l’électricité produite par les énergies renouvelable. En 2007, au moins 37 pays et 9 Etats/provinces d’Amérique du Nord avaient adopté des politiques de tarifs de rachat, dont plus de la moitié sont en oeuvre depuis 2002.
L’élan en faveur des tarifs de rachat continue à travers le monde, tandis que les pays instaurent de nouvelles politiques de tarifs de rachat ou révisent les politiques existantes.
Au moins 44 pays et Etats/provinces d’Amérique du Nord ont instauré des normes relatives à la part des énergies renouvelables dans le portefeuille énergétique (Renewables Portfolio Standards, ou RPS), également appelés obligations vertes ou systèmes de quotas. Il existe plusieurs autres formes de mesures de soutien incitant à la production des énergies renouvelables, notamment les subventions à l’investissement ou les rétrocessions, les incitations fiscales et les crédits d’impôts, les exonérations de la taxe sur les ventes et de la taxe à la valeur ajoutée, les paiements à la production d’énergie ou les avoirs fiscaux, le comptage net, les investissements ou le financement publics et les appels d’offres publics.
Par ailleurs, beaucoup de pays en développement ont nettement accéléré leurs politiques de promotion de l’électricité renouvelable ces dernières années, en instaurant, en renforçant ou en envisageant un large éventail de politiques et de programmes.
Les politiques en faveur des chauffe-eaux solaires et des biocarburants se sont multipliées au cours des dernières années. Les obligations d’installation de chauffe-eaux solaires dans les nouvelles constructions constituent une tendance croissante qui se confirme au plan national comme au plan local.
De nombreuses régions proposent également des subventions en capital et/ou mettent en oeuvre des programmes de promotion de l’eau chaude solaire .Des obligations contraignantes d’incorporation de biocarburants aux carburants pour les véhicules ont été instaurées au plan national dans au moins 36 Etats/provinces d’Amérique du Nord et 17 pays.
La plupart de ces obligations exigent une incorporation de 10 à 15%d’éthanol à l’essence ou de 2 à 5% de biocarburant au diesel. Les exonérations de la taxe sur les carburants et/ou les subventions à la production sont devenues des politiques importantes en faveur des biocarburants dans plus d’une douzaine de pays.
Au plan local, des municipalités à travers le monde fixent des objectifs de production relatifs à la part des énergies renouvelables dans la consommation des autorités ou dans la consommation totale de la ville, généralement autour de 10 à 20%. Certaines villes ont défini des objectifs de réduction du dioxyde de carbone. De nombreuses agglomérations votent des politiques visant à promouvoir l’eau chaude solaire et le PV solaire et intègrent les énergies renouvelables à leur planification urbaine.
Les organismes de facilitation du commerce (OFC) soutiennent aussi la croissance des marchés, des investissements, des industries et des politiques sur les énergies renouvelables, à travers la création de réseaux, les études de marché, la formation, la facilitation de projets, le conseil, le financement et les autres formes d’assistance technique. Il existe aujourd’hui des centaines d’organismes de ce type à travers le monde, incluant des associations industrielles, des organisations non-gouvernementales, des agences de développement multilatérales et bilatérales, des partenariats et des réseaux internationaux et des agences gouvernementales.
Le rapport de REN21 est consultable en ligne