J’ai toujours autant de mal avec Ségolène Royal, bien que j’ai défendu sa motion et voté pour elle à deux reprises au congrès, et ce les yeux fermés, tant une partie de l’équipe de Martine Aubry me donnait des haut-le-cœur, et aussi parce que je me suis pris d’affection pour sa démarche collective.
Mais il faut avouer qu’en terme de stratégie politique, elle est balaise.
En témoigne cette proposition qu’elle viendrait de faire, se disant « disponible » pour conduire la liste dans le Poitou pour les prochaines échéances européennes (donc liste "Grand Ouest").
En premier lieu, on se dit « bizarre, le score sera forcément moins bon que le record de 2004, en plus Cohn-Bendit revient aider les verts, Mélenchon nous balance son PDG dans les pattes, et le PRG fera peut-être liste commune avec le MoDem, les français voudront sanctionner le PS pour son congrès foireux, etc... »
==> Branlée assurée.
Justement, Ségolène montrerait une nouvelle fois qu’elle a les qualités d’un leader : quelqu’un qui anticipe, qui participe, et qui assume les déroutes.
De plus, elle pousse Martine Aubry à s’investir totalement dans cette campagne, disant que « c’est le rôle du premier secrétaire de s’investir totalement dans la bataille », chose que « Titine » se serait bien gardé.
Martine Aubry serait obligée de s’investir, ne voulant sûrement pas laisser le leadership de la campagne à Ségo. La nouvelle 1ère secrétaire serait donc obliger de tomber dans le piège.
D’autre part, si jamais Martine Aubry refuse, cela risquerait d’être assez mal vu par pas mal de militants, et rendrait Aubry comme seule responsable d’un possible (probable ?) fiasco électoral.
Last but not least : Ségo aurait l’opportunité une fois de plus de mettre en avant sa cohérence sur l’Europe, en recherchant l‘unité en basant sa campagne sur le Manifesto du PES, signé par Aubry mais réfuté plus ou moin par Hamon. En effet, le Manifesto prévoit l’application du traité simplifié, or, Benoît Hamon, qui chercherait à obtenir la tête de liste en île de France au dépend d’Harlem Désir, est formellement contre l’application du mini traité.
Voilà donc une opportunité pour Ségo de raviver les incohérences sur de grandes questions de fonds dans le camp Aubry...
On l’aime ou on l’aime pas, il faut dire qu’elle est forte la Ségo, ou alors très bien conseillée.