Consensus, application des directives de la direction, réalités sur le terrain. A deux mois des élections locales, les états-majors des partis ou coalitions en lice sont dans les bases politiques. Avec comme lettre de mission, trouver les voies et moyens pour confectionner les listes de candidats devant défendre leurs couleurs. Une tache manifestement difficile, au vu des ambitions des uns et des autres.
Si la Coalition « Benno Siggil » Sénégal se donne comme bréviaire le consensus, le Parti démocratique sénégalais (Pds) et ses alliés réunis au sein de la Coalition « Sopi 2009 » semblent miser sur l’application des directives du Secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye Wade.
Au męme moment, les autres postulants avancent en fonction des réalités sur le terrain. Mais d’ores et déjŕ, il est clair que le duo au sommet Coalition Sopi-Benno Siggil Sénégal s’affiche.
Chaque camp rejette toute alliance avec l’autre. « Nous sommes ouverts ŕ toute alliance avec les organisations de la Société civile ainsi que les autres formations politiques mues par le souci de se débarrasser du pouvoir », lancent les leaders de « Benno Siggil » Sénégal.
« Nous avons reçu des instructions de ne pas lier d’alliances avec les partis qui combattent le pouvoir », rétorque, Modou Diagne Fada, responsable libéral dans le département de Kébémer.
Code électoral
Cependant, męme si la posture des deux camps semble évidente, il n’en demeure pas moins que les choses ne sont pas gagnées d’avance. En attestent les modifications intervenues récemment dans le Code électoral. En effet, le 30 décembre 2008 dernier, le gouvernement a déposé un projet de loi modifiant les articles L 189, L 190, L 193, L 225, L 226, L 239, L 242, L 244, et L 245 du Code électoral, relatifs ŕ la composition et au mode d’élection des conseillers régionaux, municipaux et ruraux.
L’Assemblée nationale, contrôlée par le parti au pouvoir, a adopté cette disposition. Ainsi, il y aura désormais une égalité entre la liste majoritaire et la proportionnelle. Cela, en lieu et place de la décision qui a été arrętée lors des négociations entre les partis politiques et le ministre de l’Intérieur, stipulant qu’il y ait 60 % d’investis sur la liste proportionnelle et 40 % sur la majoritaire. La nouvelle disposition semble donner moins de chances aux « petits » partis ou coalitions.
Malgré cela, des formations, ŕ l’image du Parti pour la solidarité et le développement (Psds) du colonel Malick Cissé, l’Union des forces patriotiques émergentes (Ufpe) de Mbaye Diack affirment qu’elles iront seules aux élections, tout en précisant qu’elles noueront des alliances en fonction des réalités sur le terrain.
Le président du Jëf-Jël, Talla Sylla, n’a pas la męme vision. Il a récemment lancé aux leaders de l’opposition : « il nous faut nous unir ou périr ». Un message compris par les destinataires.
Ainsi, aprčs « And Siggil Sénégal », la coalition de l’opposition est devenue « Benno Siggil Sénégal » avec l’arrivée des partis de l’opposition parlementaire et du leader de l’Alliance pour la République (Apr-Yaakaar), Macky Sall. Comme si cela ne suffisait pas, les leaders de l’opposition exhortent les responsables ŕ la base ŕ s’ouvrir aux personnalités de la Société civile.
Wade tranche
Męme veillée d’armes chez la Coalition « Sopi 2009 ». Les discussions sont en cours pour avoir la meilleure équipe possible. Joint au téléphone, Moussa Sow, secrétaire général de la fédération départementale Pds de Podor, signale que les alliances ne sont pas encore effectives dans sa zone. Podor compte des collectivités locales dont 22 Communautés rurales et 10 communes. Les partenaires du Pds dans la localité sont le Parti de la réforme (Pr), Aj/Pads et le Prc de Samba Diouldé Thiam.
M. Sow avoue que dans certaines localités, la mayonnaise a pris. Dans d’autres, il y a des difficultés notamment avec l’Urd.
Des problčmes surgissent également dans la commune de Ndioum avec Aj/Pads. Pendant l’élection présidentielle, le Pds avait gagné avec une différence de quelques voix face au parti de Landing Savané.
A Médina Ndiathbé, l’Urd a trouvé le consensus avec les libéraux locaux, selon Moussa Sow. Le Pds et ses alliés feront ainsi face ŕ la Coalition « Benno Siggil Sénégal » qui regroupe essentiellement les partis de l’opposition. Malgré ces paramčtres liés aux investitures et ŕ la présence des autres forces politiques dans la localité, Moussa Sow affiche son optimisme.
« Nous avons l’intention de réaliser 100% », lance-t-il, avant d’ajouter : « le Ps n’existe que dans la commune et nous allons le battre. L’Apr Yaakaar est absente dans la localité », martčle-t-il.
La męme ambiance est perceptible dans le département de Kébémer oů Modou Diagne Fada fait remarquer que cette localité est un fief du Pds, mais, relativise-t-il, il y a quelques poches oů Aj/Pads et l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) sont présents. « Nous avons donné des instructions aux militants pour qu’ils tiennent compte de ces alliés. L’instruction va ętre appliquée. Les représentants de ces formations feront des propositions », souligne-t-il
Męme si l’Urd y est présente, Kébémer est « une commune entičrement bleue ». Mais les difficultés pourraient provenir au sein męme du Pds, męme si M. Diagne dit ne pas sentir de blocages. Kébémer compte de nombreux responsables politiques ayant occupé des fonctions dans l’appareil d’Etat. Des voix se sont déjŕ élevées pour demander la candidature de personnalités qui se réclament de la Société civile.
« La liste du Pds est bien ouverte ŕ des personnalités de la Société civile ŕ Kébémer en particulier Thiendou Niang et ses amis », fait savoir Fada.
A Darou Mouhty, les responsables locaux, Modou Diagne Fada et Thierno Lô sont en discussions, ŕ en croire le premier nommé. « Nous avons trouvé un compromis dynamique pour la Communauté rurale de Darou Mouhty », fait remarquer M. Diagne qui ajoute qu’avec le soutien des autorités religieuses, un consensus sera trouvé.
Dans les autres localités, męme si les choses semblent de plus en plus se faire en douceur, les récriminations ne manquent pas. Certains libéraux de Kaolack sont divisés sur le choix porté sur le ministre d’Etat, Souleymane Ndéné Ndiaye pour présider la commission d’investitures. A Nioro, des jeunes contestent le directeur de la Sn Hlm, Matar Ba. A Matam, un groupe de libéraux menace de présenter une liste parallčle.
Cependant, le dernier communiqué du Secrétaire général national du Pds semble apaiser l’hardiesse des contestataires. Dans cette note adressée aux responsables de la Coalition « Sopi 2009 », Me Wade indique que les tętes de listes ne seront pas forcément les maires.
« Le Secrétaire général national a réglé le problčme en disant que les tętes de listes ne seront pas forcément les maires. Il a donné une image. Il dit : avant de partager la biche, il faut d’abord la tuer. Nous allons nous battre ensemble. Aprčs la victoire, la direction du parti va choisir ceux qui vont diriger », explique Modou Diagne Fada.
Nouvelle équation dans le camp présidentiel : les retrouvailles de la famille libérale avec l’audience accordée ŕ Idrissa Seck, président de « Rewmi », lundi dernier par le chef de l’Etat. Les responsables interrogés disent n’avoir pas encore reçu des instructions sur cette question. Conséquences, les travaux se poursuivent. Mais les sorties des responsables libéraux, Habib Sy, Aliou Sow, Abdoulaye Baldé... contre le retour d’Idrissa Seck risquent certainement de compliquer une alliance entre « Rewmi » et le Pds aux élections.
Le dernier mot semble revenir ŕ Me Wade. Une course contre la montre ou menace sur la tenue ŕ date échue des élections locales ? En tout cas, le dernier délai de dépôt des listes de candidats est fixé au 20 janvier prochain, selon un communiqué du ministre de l’Intérieur. L’opposition affűte déjŕ ses armes contre un report.