Mercredi 14 janvier.
Ma nuit a été mouvementée. Je ne sais si c'est la conséquence du résultat mitigé de notre rendez-vous avec l'obstétricien de Briançon lundi, mais force est de constater que la future naissance de
notre enfant a hanté mon sommeil.
Dans mon premier songe, Gabrielle accouche à terme. Pas par césarienne, mais bien par voie basse comme nous le souhaitons. La naissance a lieu dans une structure médicale non identifiée, en
présence d'une équipe médicale restreinte et entièrement féminine. L'accouchement se déroule tranquillement, sans pépins, et je suis présent dans la salle. À un moment du travail, il m'est même
donné d'apercevoir la tête de notre enfant avant qu'elle ne sorte. Tout semble aller pour le mieux, même si le climat n'est pas particulièrement chaleureux. Tout est juste "normal". Le bébé
parvient à sortir sa tête et, là encore, tout semble aller bien. Mais à l'expulsion totale de l'enfant, une des soignantes s'aperçoit qu'il est mort. Loin de tenter quoi que ce soit pour le
réanimer, elle s'en étonne tout juste et le jette au loin.
Cette vision de cauchemar aurait dû me réveiller. Mais non, mon rêve se poursuit de manière chaotique. Sans savoir comment je suis sorti de l'hôpital, je me retrouve seul dans la rue, à chercher
désespérément Gabrielle. Je finis par rentrer chez nous, une sorte d'appartement qui n'a rien à voir avec notre lieu de vie véritable, et je devine son corps sous la couette de notre lit. Persuadée
qu'elle se morfond de douleur suite à ce qui vient de se passer, je m'approche d'elle avec d'infinies précautions et je soulève la couverture. À mon grand étonnement, les yeux qu'elle tourne vers
moi ne sont pas embuées de larmes... et elle est toujours enceinte. Devant mon expression de surprise, elle me dit simplement : « Mais l'accouchement, c'est pour dans quatre mois. »
Soulagement, et fin du rêve.
Le reste de la nuit, je le passe à enchaîner les songes plus ou moins morbides : une fête dans une grande propriété en bord de mer dégénère suite à une altercation entre deux femmes et un incendie
ravage une partie du bâtiment; un tueur en série sévit à proximité d'un camp de vacances pour adolescents. Bref, que du bonheur ! Dans mon sommeil, mon esprit semble se livrer à une surenchère dans
l'horreur. Autant dire que je ne me lève pas avec le sourire aux lèvres et une énergie débordante. Déjà que je ne suis bon à rien sans mes deux cafés matinaux...
Cette agitation nocturne de mon bocal est-elle le reflet d'une angoisse ? Peut-être. En toute objectivité, je n'ai pourtant pas l'impression d'être inquiet sur l'issue de la grossesse de Gabrielle.
C'est bien d'avantage l'attitude du corps médical vis-à-vis de notre demande d'AVA2C que j'appréhende. Et c'est peut-être cela que mon rêve traduit avant tout : la peur du manque d'humanité des
soignants à notre égard.