Les poireaux vinaigrette au lomo et parmesan à la mode tafou tafou

Par Estebe

Bonjour

Une confession en guise d’amuse-bouche. Le poireau et mèzigue, on n’a pas toujours été copain. Lui nous battait froid. Et nous ne l’aimions guère. La faute à une mémé, par ailleurs plutôt bonnarde, qui forçait sa petite-progéniture à avaler une papette informe et malodorante. Papette à base de poreaux, donc. Comme quoi il y a un traumatisme enfantin derrière toute chose. Même derrière cet idiot de poireau.
Et puis, on a changé d’avis. Lui aussi. C’est venu tout doucement, par consentement mutuel. Une petite œillade. Un sourire en coin. Un bisou sur la joue. Aujourd’hui, c’est la passion.
Le poireau et mèzique, c’est Loana et Jean-Edouard, Gault et Millau, Montaigne et La Boétie, Calvin et Hobbes. Voire même Chevallier et Laspalès. C’est tout dire.
Tiens, essayez donc ces poireaux vinaigrette relookés, au lomo chipsé et pimenté, noisettes et parmesan. Un plat à ce point atchement bon que quiconque croque dedans s’expose à une apoplexie de volupté dès la première mastication. Vous voilà prévenus.


Au marché choisissez des poireaux à la tige mince et immaculée. Passez après chez le boucher espagnol et faites vous tranchez de fines lamelles d’un beau lomo, filet de porc séché, maigre et goûtu. Filez ensuite chez l’Italien pour acquérir un morceau de parmesan bien cassant. Avant d’aller vérifier dans le placard de la cuisine s’il vous reste du piment doux fumé, de l’huile de noisette et des noisettes tout court. Le compte est bon? Action!
Virez le vert des poireaux (qui feront une bonne soussoupe). Nettoyez les tiges. Et hop, à la vapeur, un bon moment, jusqu’à tendreté radicale.
Chipsez les tranches de lomo à la poêle sans graisse jusqu’à croustillant majuscule. Saupoudrez de piment fumé.
Mitonnez une vinaigrette huile de noisette-balsamique blanc, gentiment relevée.
Ecrabouillez quelques noisettes.
Lacérez le parmesan en minces lamelles.
Laissez tiédir les poireaux. Humectez-les de vinaigrette, puis coiffez du tout. Une pincée de fleur de sel. Un tour de moulin à poivre. Une bruine de piment. Voilà.
Et c’est une aurore boréale qui éclaire subitement votre table à manger (en merisier roux, assemblage par tenons et mortaises, 116 mètres avec allonge intégrée, acheté en promo chez Roche Bobois).


Adios


NB: La très amène Tiuscha nous a récemment demandé de lire à tout le monde et à voix haute cinq lignes, à partir de la cinquième ligne, de la page vingt-quatre du bouquin qui traîne sur notre table de chevet. Bon, il y en a quinze, des bouquins. On vous en attrape un, à l’aveugle.
Page 24, cinquième ligne. «Natacha desserra d’un geste négligeant la ceinture de son peignoir en pilou mauve, laissant entrevoir des rondeurs singulières. Elle lui coula un drôle de coup d’œil, puis lança d’une voix rauque: «Tu as déjà joué au tafou tafou?» Emilien ne répondit pas. Affublé d’une surdité congénitale et d’une myopie virale, le garçon évoluait dans un smog sensoriel, somme tout confortable. Le tafou tafou s’annonçait mal…»