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Patrick Mac Goohan n'est plus mais il laisse un feuilleton remarquable de prescience. Plus qu'une simple série, Le Prisonnier fut sans doute la plus belle anticipation télévisée sur la société carcérale marchande. L'angoisse naît du contraste entre l'univers sucré et paisible qui règne dans l'île et la solitude extrême de Numéro 6 qui n'aura de cesse de tenter de s'enfuir. L'influence surréaliste est très nette avec "le rôdeur", cette grosse boule blanche qui suit inévitablement Numéro 6 lorsqu'il essaye en vain de s'évader. Bien entendu, on pense à Big Brother, Le démiurge numéro 1 (que l'on ne verra jamais) donne ses ordres au numéro 2, valet au rire diabolique.
Le dialogue du générique rappelle le théâtre de l'absurde de Beckett ou Ionesco :
"– Où suis-je ? (Where am I?)
– Au Village. (In the Village.)
– Qu'est ce que vous voulez ? (What do you want?)
– Des renseignements. (Information.)
– Dans quel camp êtes-vous ? (Whose side are you on?)
– Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements. (That would be telling. We want Information, Information, Information!)
– Vous n'en aurez pas ! (You won't get it.)
– De gré ou de force, vous parlerez. (By hook or by crook, we will.)
– Qui êtes-vous ? (Who are you?)
– Je suis le nouveau Numéro 2. (The new Number 2.)
– Qui est le Numéro 1 ? (Who is Number 1?)
– Vous êtes le Numéro 6. (You are Number 6.)
– JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN HOMME LIBRE ! (I AM NOT A NUMBER, I AM A FREE MAN!) "