Les manipulations médiatiques du CRAN

Publié le 15 janvier 2009 par Roman Bernard
J'ai reçu ce matin-même, à mon adresse courriel « Criticus », un message lapidaire :
En congés à Paris avant l’investiture, Barack Obama a eu la surprise d’être contrôlé par des policiers qui ne l’ont pas reconnu.
Alors qu’il faisait son footing dans le jardin des Tuileries avant de regagner le Crillon, Barack Obama été interpelé par des policiers qui, sans le reconnaître, lui ont demandé ses papiers sous l’oeil médusé des passants.
Filmée par l’un d’entre eux, la scène est disponible en vidéo sur Dailymotion.

Intrigué, j'ai cliqué sur le lien et suis arrivé sur la vidéo donc, postée sur la « chaîne officielle » du Conseil représentatif des associations noires (CRAN). Je la reproduis ci-dessous :


Barack Obama contrôlé à Paris !
envoyé par lecran

Que voit-on, donc, sur cette vidéo ? Un homme absolument pas ressemblant à Barack Obama - bon, récemment, on m'a bien dit que je ressemblais à Karim Benzema, il faut donc croire que certains d'entre nous ne sont pas particulièrement physionomistes -, s'exprimant dans un anglais à peu près aussi bon que celui de Jean-Pierre Raffarin, et se faisant passer pour le président-élu des États-Unis d'Amérique. Quand bien même les policiers eussent été d'excellents locuteurs de la langue anglaise, ils n'auraient pas pu comprendre la prétention de ce « Barack Obama » de pacotille, s'exprimant dans un mauvais anglais donc, mais surtout courant dans une piètre tenue de jogging, sans protection policière, au Jardin des Tuileries, et cela à quelques jours de son investiture ! Si j'avais été policier, je n'aurais pas interpellé le pseudo-Barack Obama. Mais si, malgré tout, il avait persisté dans son usurpation d'identité, j'aurais appelé l'hôpital psychiatrique le plus proche pour procéder aux examens cliniques de rigueur.
Procédé grossier... et grotesque
Le procédé utilisé par le CRAN serait habile s'il n'était par trop grossier. Au début de la vidéo, on voit les mêmes policiers contrôler un homme âgé que le CRAN et ses alliés communautaristes qualifient de « blanc ». Il n'y a donc rien de « raciste » à ce que, dans le même temps, une personne « de couleur » - je ne supporte pas cette expression, mais il faut bien user de la même langue que ses ennemis - soit contrôlée.
L'homme ne ressemblant pas du tout à Barack Obama - ou alors, je vais me mettre à signer des autographes Karim Benzema, moi -, il n'est pas davantage étonnant qu'il soit interpellé. On peut reprocher aux policiers qui l'approchent de ne pas connaître des rudiments d'anglais, ce qui, dans la ville éminemment touristique qu'est Paris, serait sans doute nécessaire. Mais un nouveau venu parle anglais, et a raison de ne pas accorder trop d'importance aux protestations baragouinées du pseudo-président-élu.
Que cherche le CRAN, ici ? À frapper l'opinion - en se servant de tous les canaux disponibles, y compris les blogs, et même les blogs hostiles à sa démarche différentialiste - pour lancer sa campagne contre les « contrôles au faciès ».
Parallèle odieux
Cette campagne coïncide étrangement, comme cette vidéo en atteste par ailleurs, avec l'investiture du nouveau président des États-Unis. Le but est de dire que, alors que les États-Unis ont élu un président métis, la France, elle, « le » traite comme un délinquant. Un parallèle odieux, puisque la situation des Afro-Américains aux États-Unis, réduits en esclavage pendant deux siècles et soumis à la ségrégation jusqu'aux années 1960, est absolument incomparable avec celle de l'essentiel des immigrés en France. Les seuls descendants d'esclaves, en France, sont les Antillais, Guyanais et Réunionnais, mais aussi, et ce sont les plus nombreux, les Français d'ascendance européenne. Le rédacteur de ces lignes est très certainement le descendant - entre autres - d'esclaves gallo-romains et de serfs français médiévaux. À l'inverse, les enfants d'immigrés d'origines maghrébine, subsaharienne et asiatique sont tous des descendants de salariés.
Ajoutons, comme nous l'avons dit lors de la polémique déclenchée par Éric Zemmour sur les « races », que le CRAN est mal placé pour dénoncer le racisme supposé des Français, alors que sa nature-même est raciale.
Mais en tout état de cause, le CRAN aura du mal à généraliser le racisme à l'ensemble des policiers français et du peuple qu'ils protègent avec un procédé aussi bidonné. C'est pour cela que je n'ai pas craint de publiciser cette initiative ridicule.
Roman Bernard
Criticus est membre du Réseau LHC.