Résumé: La femme du consul des Etats-Unis Robert Thorne perd son enfant lors d’un accouchement difficile. Pour ne pas la traumatiser, le consul accepte sans lui dire de procéder à un échange de bébé et adopte un autre enfant dont la mère est morte en couches. Peu de temps après, Thorne est promu ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni suite à la mort accidentelle de son prédécesseur. Petit à petit, des événements étranges commencent à se produire dans l’entourage du petit Damien, le fils de Thorne…
Dans la vague des remakes hollywoodiens récents, celui de La Malédiction, chef d’œuvre de Richard Donner, fait figure d’exception, puisqu’il a été plutôt bien accueilli par la critique à sa sortie. La raison en est simple : John Moore, réalisateur de cette nouvelle mouture, ne s’est pas foulé et a produit une copie carbone de l’original. Mais comme toute copie, il y a dégradation des données au passage…
Soyons clair tout de suite, pour quelqu’un n’ayant jamais vu le film de Donner, ce remake est tout à fait regardable et même plutôt bon. La photographie est très belle, l’histoire est exactement la même donc évidemment bonne, l’interprétation est correcte (même si Liev Schrieber est un peu trop monolithique pour qu’on s’attache vraiment à lui) et la musique de Marco Beltrami est efficace. Mais seulement, comparé a l’original, le film de Moore ne tient pas la route un instant et se révèle d’une platitude hallucinante. Hormis quelques sursauts bienvenus (l’excellente scène de « l’accident » de la mère de Damien, tout le passage en Italie, vraiment magnifique visuellement), le film se contente de dérouler son intrigue sur un rythme pépère et sans surprise. Jamais on ne ressent la pression de l’original, cette tension insidieuse et cette sensation d’inéluctabilité.
Une platitude due à plusieurs facteurs. Tout d’abord, les scènes de meurtres sont reprises quasiment telles quelles, mais ne possèdent pas une once de la tension de celles du film original. La faute entre autres à une musique n’arrivant jamais à rivaliser avec la montée démoniaque des chœurs de la mythique partition de Jerry Goldsmith. La faute aussi à des effets numériques parfois trop visibles, comme par exemple lors de la mort du prêtre ou celle du journaliste, interprété ici par David Thewlis. Dommage, car il s’agit d’un des rares passages modifiés par rapport au film original, mais cette mort fait tellement artificielle et tirée par les cheveux qu’on la croirait sortie d’un épisode de la série Destination finale. Effet nanaresque garanti. De plus, dans le but évident de faire monter la tension, John Moore a eu l’idée saugrenue de rajouter des scènes de cauchemar absolument ridicules, avec sourires démoniaques et bébés morts à l’appui. Problème : au lieu d’effrayer le spectateur, ces scènes prêtent réellement à sourire tant elles sont kitsch et grossissent le trait. En clair, le film ne comporte que peu de modifications par rapport à l’original, mais celles-ci se révèlent très souvent malheureuses. On pourra par exemple noter aussi la mort de Mrs Baylock, poignardée par Thorne dans le film de Donner, mais ici renversée par la voiture de celui-ci, façon Bip-Bip et Coyote…
Cependant, à de rares occasions, le remake ne se débrouille pas trop mal. La mort de la mère de Damien est une des rares scènes plus réussies dans le remake, et le prologue dépeignant les événements historiques récents (l’attaque sur le World Trade Center, l’ouragan Katrina…) comme annonciateurs de l’arrivée de l’Antéchrist est une bonne idée. Au niveau du casting, on a le plaisir de retrouver Mia Farrow, excellente dans le rôle de la démoniaque Mrs Baylock. Mais malheureusement, ces quelques bonnes idées sont noyées dans un film sans saveur et peu impliquant, à l’image de son climax foiré et antispectaculaire (on ne voit même pas le héros se faire tuer alors que c’est la scène qui anéantit tout espoir !).
Bref, sans être totalement honteux (les remakes de Fog ou du Bal de l’Horreur par exemple étaient largement pires), cette nouvelle mouture de La Malédiction n’a, comme on pouvait s’y attendre, pas grand intérêt si ce n’est de démontrer une fois de plus l’intemporalité de l’original…
Note : 4/10