Il est en effet tentant de dire que ce sont 228 milliards qui ont été injectés sur le marché monétaire, montant correspondant à la somme des prêts quotidiens de la BCE aux banques, soit l'équivalent de 13 % du PIB français. D'ailleurs, nombre de commentateurs se sont laissés aller à cette tentation. Il est vrai que 95 milliards le premier jour, 60 le deuxième jour ... Au final, ça fait beaucoup. Et pourtant, ce raisonnement si séduisant comporte une erreur. En effet, la BCE prête sur des périodes très courtes. Ainsi, les banques qui ont emprunté jeudi ont remboursé vendredi, et la Banque Centrale a reprêté une somme très inférieure. Et il en a été de même les jours suivants. Du coup, ce qui ressemble à une série de prêts quotidiens est en fait un retrait des liquidités prêtées le 9 août, correspondant à l'amortissement des 95 milliards initiaux. Depuis vendredi, l'endettement des banques auprès de la BCE s'est donc réduit, à l'inverse de l'idée véhiculée par une sommation qui ne prend pas en compte les remboursements ! Finalement, la situation est bien meilleure que dans le cas d'un prêt de 95 milliards sur 7 jours, situation dans laquelle pourtant personne n'aurait eu l'idée d'affirmer que le montant injecté était de 665 milliards (= 95 x 7). Conclusion : les montants prêtés aux banques européennes par la BCE n'ont jamais dépassé 95 milliards. Ce soir, c'est la valeur des 25 milliards qui ont été « injectés » ce jour qui figurera dans leur bilan à la rubrique « sommes dues à la BCE » et qui correspond à une réduction de 70 milliards des liquidités mises en circulation par la Banque Centrale le 9 août.
Passant ainsi de 228 milliards à 25, voilà encore une raison d'inciter à la prudence dans le maniement des nombres !
(Voilà un billet court qui fera une bonne moyenne avec celui de samedi)