VIENNE - La vie quotidienne et économique était toujours perturbée mercredi en Europe centrale et dans les Balkans par des mesures de rationnement de la part de l’URSS la Russie, après huit jours de coupures de gaz russe via l’Ukraine au plus fort de l’hiver, alors que l’Union européenne (UE) menace Moscou et Kiev de plaintes en justice.
L’est du continent continue de grelotter et voit ses réserves de gaz baisser inexorablement. Certains pays tentent de diversifier leurs approvisionnements de secours.
En attendant une hypothétique reprise des livraisons, la Slovaquie, la Moldavie et la Bulgarie notamment continuaient de tourner au ralenti.
Il faut, selon les pays, de 24 à 72 heures de livraisons ininterrompues pour voir le gaz russe arriver à nouveau chez ses clients.
- ALLEMAGNE - Approvisionnée en gaz russe via le Bélarus, l’Allemagne poursuivait mercredi ses livraisons de secours à la Serbie et à la Bosnie-Herzégovine.
- AUTRICHE - L’Autriche, qui importe 60% de son gaz de Russie, disposait de trois mois de réserves au début de la crise et n’a ordonné aucune restriction.
- BOSNIE-HERZEGOVINE - Totalement dépendante du gaz russe, la Bosnie peut tenir jusqu’à vendredi ou samedi grâce aux livraisons de secours allemandes, à raison de 1,5 million de m3 par jour. En l’absence de stocks, un tiers de la population avait été privée de chauffage aux premiers jours de la crise.
- BULGARIE - Suite à la nouvelle coupure, le premier ministre Sergueï Stanichev est à Moscou et Kiev mercredi. Plusieurs milliers de foyers à Sofia n’ont ni chauffage, ni eau chaude, et plusieurs dizaines d’écoles restent fermées en raison du froid, les unités de chauffage urbain fonctionnant toujours cahin-caha. Plus de 220 usines restent au ralenti ou à l’arrêt. Le pays peut, selon Bulgargaz, assurer 25 à 30% de ses besoins pendant 110 jours avec ses réserves, alors que le gaz russe représente 92% de sa consommation.
- CROATIE - Toujours en état d’urgence, la Croatie, qui importe 40% de ses besoins en gaz de Russie, maintenait mercredi ses restrictions pour les plus gros consommateurs industriels et des entreprises. Des approvisionnements de secours en provenance d’Allemagne et d’Italie ne sont pas suffisants et le pays négocie avec des pays nord-africains, exportateurs de gaz, pour essayer de diversifier les approvisionnements via l’Italie.
- FRANCE - Le pays connaît depuis plusieurs jours une tension “sans précédent”, selon Gaz de France (GDF), l’absence de livraisons de gaz russe ayant provoqué une baisse de 15% des approvisionnements au moment où la consommation flambait de 40% à cause du froid. GDF a prévenu ne “pas” pouvoir “tenir tout l’hiver ainsi”.
- GRECE - La Grèce attend vendredi une nouvelle livraison par bateau, venant cette fois-ci de Gaz de France, de gaz naturel liquéfié (GNL) correspondant à 80 millions de m3 de gaz naturel, soit huit jours de consommation. Un troisième méthanier venant d’Algérie est attendu le 26 janvier. La Grèce a assuré son approvisionnement de gaz pour 22 jours, selon l’opérateur public de gaz (Dep). La part du gaz russe dans les achats de gaz a été de moins de 75% en 2008 et le gaz ne représente que 7,5% de l’énergie utilisée en Grèce.
- HONGRIE - Très largement dépendante du gaz russe, la Hongrie est prête techniquement à recevoir de nouvelles livraisons d’Ukraine. 8,2 millions de m3 sont arrivés d’Allemagne via l’Autriche mercredi, pour la consommation nationale et l’exportation vers la Bosnie et la Serbie. La Hongrie, qui dispose encore de plus de 3 milliards de mètres cubes de stocks, a par ailleurs proposé mercredi de livvrer du gaz et de l’électricité à la Slovaquie voisine. Des restrictions sont maintenues pour les consommations supérieures à 2.500 m3/h.
- ITALIE - Privée de gaz russe, soit 27% de ses importations, l’Italie continue de puiser dans ses réserves, suffisantes pour deux mois.
- MACEDOINE - Seules deux entreprises d’importance, Makstil (aciérie) et 11 Oktombri (canalisations) ont été forcées d’arrêter leur production en raison de la pénurie de gaz, selon le ministère de Economie.
- MOLDAVIE - L’Autriche a offert à la Moldavie des générateurs électriques et des chauffages de grande capacité alors que les stocks de gaz de ce pays sont épuisés depuis samedi soir. La situation dans la région séparatiste de Transdniestrie est “proche de la catastrophe”, selon le ministre de l’Economie et du Commerce, Igor Dodon. Dans la capitale Chisinau, la température des chauffages collectifs a été réduite et l’approvisionnement en eau chaude des habitations a été coupé.
- POLOGNE - La Pologne continue de recevoir 84% des volumes habituels de gaz russe principalement via le Bélarus, par lequel les livraisons ont été augmentées. Le premier ministre Donald Tusk a annoncé une “accélération” de la construction prévue à Swinoujscie (nord-ouest) d’un port pour méthaniers et la conclusion prochaine d’accords de livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) avec le Qatar et le Koweït. Varsovie envisage en outre la construction de nouvelles connexions avec les systèmes de gazoducs en Allemagne et au Danemark, ainsi qu’une jonction avec le terminal autrichien de Baumgarten (est).
- REPUBLIQUE TCHEQUE - La République tchèque reçoit quotidiennement 18 millions de m3 de gaz norvégien et d’Allemagne et dispose de stocks lui permettant de faire face au surcroît de consommation lié au froid. Le pays s’est en outre engagé à fournir 4 millions de m3/jour à la Slovaquie.
- ROUMANIE - Mesures pour assurer l’approvisionnement et état d’urgence maintenu. Plusieurs centrales au gaz sont passées au mazout. Le pays importait avant la crise 10 millions de m3/jour de gaz russe pour une consommation de 60 millions. Le pays disposait initialement de 60 à 80 jours de réserves.
- SERBIE - La Serbie s’est assuré mercredi 4,7 millions de mètres cubes par jour de livraisons de secours allemandes et hongroises jusqu’au 20 janvier. Celles-ci ont permis de normaliser la situation pour la population. Le pays nécessiterait 2 millions de mètres cubes supplémentaires pour faire redémarrer son industrie. Très affectée par le gel des livraisons russes aux premiers jours de la crise, le pays a converti certaines de ses unités de chauffage urbain au fioul.
- SLOVAQUIE - La Slovaquie, qui a décrété “l’état d’urgence énergétique” et de strictes restrictions pour le secteur productif, a annoncé mercredi n’avoir plus que pour onze jours de réserves de gaz malgré l’engagement de Prague de lui livrer 4 millions de m3 par jour, soit 15% de sa consommation quotidienne. La Hongrie a proposé mercredi de lui fournir une aide en gaz et en électricité pour faire face à la crise. Le gouvernement réfléchissait toujours à relancer la centrale nucléaire de Jaslovske Bohunicece, une décision qui contreviendrait au traité d’adhésion à l’UE. Le premier ministre Robert Fico était par ailleurs à Moscou mercredi pour discuter de la situation.
- SLOVENIE - Malgré l’arrêt des livraisons de gaz russe, qui représentent 60% de son approvisionnement, 40% étant assurés par l’Algérie, la Slovénie parvient à couvrir la consommation des ménages, des entreprises et des administrations en puisant largement dans ses réserves et grâce à un appoint depuis l’Autriche.
- TURQUIE - Pour compenser l’arrêt des livraisons via les Balkans (32 millions de m3/jour), la Russie a augmenté ses livraisons à la Turquie par un gazoduc sous-marin, de 40 à 48 millions de m3/jour. Des centrales au gaz sont passées à d’autres sources d’énergie. Le ministre de l’Energie, Himli Guler, a jugé les mesures de restriction “efficaces”. Il se rend à Moscou mercredi pour discuter de la crise.