D'un autre côté l'entreprise a beaucoup d'atouts : elle va recevoir demain sept prix d'excellence à la grande foire technologique de Las Vegas - 7 CES Innovation Awards -, elle dispose
de fortes liquidités et n'a pas de dettes (voir les articles de 24 Heures ici , du Matin ici et du Temps ici ).
Créée en 1981 cette entreprise, dont le siège social se trouve aujourd'hui à Morges, soit à une douzaine de kilomètres de Lausanne, a commencé très modestement dans le petit village d'Apples dans
le canton de Vaud, plus précisément dans une ferme, mise à disposition par les beaux-parents de Daniel Borel. Cofondateur de la société avec Pierluigi Zappacosta et Giacomo
Marini, Daniel Borel - qui siège toujours au Conseil d'administration de la société - en a été le président de 1988 à 2007, et en a été le président-directeur général de
1992 à 1998. L'objet initial de Logitech était de développer des logiciels graphiques... d'où la raison sociale.
Apparue en public le 9 décembre 1968 - il s'est décidemment passé beaucoup de choses en 1968 - la souris a fait connaître dans le monde entier Logitech, qui en a commencé la
fabrication pour Hewlett-Packard en 1984. Le 3 décembre 2008, soit 40 ans après son invention, et près de 25 ans après la première souris produite par elle, Logitech fêtait la sortie de la
milliardième souris fabriquée dans son unité de production chinoise. Car, si les bureaux de Logitech se trouvent en Suisse et en Californie, l'usine se situe en
Chine.
Si l'effectif total est de 9'000 personnes, le gros des troupes, 5500 personnes, se trouve en fait dans cette usine de Chine, dont Logitech possède la moitié du capital. Les 3'500
autres personnes sont employées directement par Logitech. 525 d'entre elles devraient faire l'objet de la réduction d'effectif, que la société annoncera le 20 janvier
prochain, en même temps que les chiffres du quatrième trimestre de l'année 2008. Ces 525 personnes représentent donc 15% de l'effectif direct. Il n'est pour l'instant pas question de
réduire l'effectif de production.
Logitech, ce n'est pas seulement la fabrication de souris, qui a bien évolué depuis ses débuts comme on peut le voir sur le site de l'entreprise ( ici ), c'est
aussi la fabrication de trackballs, boules de commande en français ( ici ), de claviers, de webcams, de casques, de
microphones, de caméras de surveillance, de télécommandes universelles, de manettes de jeux etc. C'est dire que la gamme de produits est vaste et qu'aujourd'hui aucune ligne de produits
ne dépasse les 10% du chiffre d'affaires, alors qu'il fut un temps où les souris représentaient entre 50 et 60% du chiffre d'affaires...
Plus haut j'ai évoqué les récompenses que Logitech va recevoir. Il faut noter que ce n'est pas la première fois : sur son site la compagnie ne se prive pas d'en faire étalage, à bon
droit ( ici ). Frédéric Brillet dans un article paru dans Les Echos le 29 mars 2005 pouvait écrire
à propos de la centaine de brevets déposés par an par la compagnie : "C'est en fait surtout à sa culture de l'innovation permanente que le fabricant suisse doit de conserver une longueur
d'avance sur la concurrence. Et il ne ménage pas ses efforts en ce sens : plus de 5 % du chiffre d'affaires est investi dans la recherche-développement."
Frédéric Brillet ajoutait : "Logitech se caractérise aussi par son approche « marketing » de l'innovation. L'entreprise n'innove que si c'est rentable, et ne perd jamais de vue les évolutions du
marché". C'est certainement pourquoi le Président du Conseil d'administration actuel, Guerrino De Luca, dans un entretien accordé au Temps de ce jour, se montre confiant dans
l'avenir : "Je le dis sans arrogance : Logitech sortira encore plus fort de cette crise ... dont nous ne connaissons pas la durée".
Mais pour cela une réduction d'effectif est malheureusement nécessaire : "Nous devons absolument protéger notre bilan, précise Guerrino De Luca, soigner nos marges, conserver des dettes nulles et
nos liquidités de 450 millions de dollars telles qu'annoncées lors de nos derniers résultats trimestriels". Le Conseiller d'Etat du canton de Vaud en charge de l'économie, Jean-Claude Mermoud, en
a "pris acte avec regret", nous dit 24 Heures de ce jour. Mais n'est-il pas préférable d'être amputé que de mourir...
Francis Richard
L'internaute peut écouter sur le site de Radio Silence (ici) mon émission sur le même thème.