Si l'on remonte au début de notre ère il est incontestable que la Terre Sainte des chrétiens appartient alors aux Hébreux, après leur exil à Babylone. Chassés par les Romains, ils se
dispersent, c'est la diaspora. Les Byzantins, qui ont succédé aux Romains, sont remplacés à leur tour quelques siècles plus tard par les musulmans de l'empire ottoman, à
l'issue d'un jihad. Pendant un temps les Croisés vont l'occuper à leur tour avec pour premier objectif de libérer les Lieux Saints. Ce ne sera qu'une parenthèse. Ils seront deux siècles plus tard
remplacés à nouveau par l'empire ottoman. En 1920 le Foyer national juif, sous mandat britannique, amorce le retour des Juifs sur leur terre originelle. Avec la création de l'Etat d'Israël
c'est chose faite en 1948, il y a tout juste 60 ans.
Ces 60 années vont être déterminantes. Les Israéliens vont faire de la partie qu'ils occupent un pays moderne et démocratique, et vont transformer un désert en oasis, tandis que les Palestiniens,
peu à peu retranchés à Gaza et en Cisjordanie, seront incapables d'en faire autant. Certes les Israéliens vont bénéficier principalement de la manne de leurs coreligionnaires américains, tandis
que les Arabes ne recevront pas celle provenant de leurs riches - et pétroliers - coreligionnaires arabes, sinon pour les alimenter en armes. Pendant près de 40 ans, de 1967 à
2006, Israël va occuper Gaza. Sauf à la fin de cette période, où les choses vont se gâter, Gaza va bénéficier pendant ce temps-là de l'essor économique d'Israël en multipliant les
échanges avec lui.
Jusque là on pourrait penser que le Hamas est respectueux des fidèles des autres religions du Livre, encore qu'il montre le bout de l'oreille quand il menace de s'opposer à ceux qui se mettront
en travers de son chemin. Il se dévoile tout entier quand il explique, dans le paragraphe suivant, à quelle condition "les religions, islamique, chrétienne et juive, peuvent coexister
dans la sécurité et la confiance" : "à l'ombre de l'islam" [c'est moi qui souligne] (article 31, qui reprend dans des termes identiques le même thème que celui figurant à
l'article 6). Autrement dit Juifs et Chrétiens ne sont tolérables que s'ils sont soumis à l'islam. Le Hamas entend redonner en effet à l'islam toute sa place : "lorsque l'islam
disparaït, tout est altéré" (article 9).
Pour le Hamas la Palestine a un rôle particulier à jouer : elle "est l'axe du globe terrestre, le point de rencontre des continents, le lieu envié par les envieux depuis l'aube de l'histoire"
(article 34). "La terre de Palestine est une terre islamique waqf [de main-morte] pour toutes les générations de musulmans jusqu'au jour de la résurrection. Il est illicite
d'y renoncer en tout ou partie, de s'en séparer en tout ou partie" (article 11). Pourquoi est-ce le statut de la Palestine ? Parce que c'est le statut "de toute terre conquise par les musulmans
de vive force". A mon avis, l'Espagne, qui a été conquise de vive force par les musulmans au VIIIe siècle, et libérée au XVe, devrait protéger ses arrières...
Qui se met en travers du chemin du Hamas ? Les sionistes. Le Hamas en a une conception extensive. A
Qui d'autre se met en travers du chemin du Hamas ? Les ennemis de l'islam qui "étaient derrière la révolution française, la révolution communiste et la plupart des révolutions
dont nous avons entendu et entendons parler de-ci de-là" (article 22). Je dédie tout spécialement ce passage aux différents partis, associations et syndicats de gauche, qui
appelaient à manifester aujourd'hui pour soutenir le Hamas : tels qu'à Paris les Alternatifs, la LCR, le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), le Parti communiste français, le PCOF (Parti
communiste des ouvriers de France), les Verts, la CGT, la FSU, la Ligue des droits de l'homme (LDH) et l'UNEF; tels qu'à Berne le POP et les Verts. Lénine parlait déjà d'"idiots
utiles"...
Que préconise le Hamas ? "Il n'y aura de solution à la cause palestinienne que par le jihad. Quant aux initiatives, propositions et autres conférences internationales, ce ne sont que
pertes de temps et activités futiles [ c'est moi qui souligne ]. Le peuple palestinien a trop d'honneur pour dilapider son avenir, son droit et son destin en activités
futiles"(article 15). Le Hamas propose donc de passer aux choses sérieuses. L'article 7 de sa charte nous explique, citation d'un hadît à l'appui, qu'un bon Juif est un Juif
mort : "L'Heure ne viendra pas avant que les musulmans n'aient combattu les Juifs (c'est-à-dire que tous les musulmans ne les aient tués), avant que les Juifs ne se fussent cachés
derrière les pierres et les arbres et que les pierres et les arbres eussent dit : 'Musulman, serviteur de Dieu ! Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le".
On peut ne pas approuver "l'industrie de l'Holocauste", que fustige à raison, dans son livre éponyme, Norman G. Finkelstein à propos de l'exploitation de la souffrance des Juifs. On ne peut que trouver indécente - et l'épithète est faible, sans doute trop faible - l'association de l'étoile de David et de la croix gammée, faite par le Hamas il y a 20 ans, à laquelle aujourd'hui répondent comme en écho les banderoles de manifestants pro-palestiniens.
Francis Richard