Dans l’Indochine de 1931 colonisée par les Français, la famille Dufresne tente de vivre de la culture du riz. La mère (Isabelle Huppert) élève seule ses enfants : le beau Joseph, 20 ans (Gaspard Ulliel), et la jolie Suzanne, 17 ans (Astrid Berges-Frisbey), qui en ont marre de vivre pauvrement. C’est que la plantation va mal : contre argent, la mère a obtenu du cadastre la concession de quelques hectares de terre en bordure de l’océan, or ces braves fonctionnaires ont « oublié » de la prévenir que ces terres étaient inondables lors des marées de décembre. La récolte est perdue, la banque ne veut plus prêter d’argent, or la concession doit être cultivée sous peine d’être reprise par l’administration. Bref, la famille a le couteau sur la gorge. Remède imaginé par la mère : construire une digue en rondins, qui arrêtera la marée. Les paysans du coin sont embauchés pour cette tâche, et acceptent, car la patronne, qui est aussi institutrice à l’école indigène, se montre plutôt bienveillante avec eux, donc elle est respectée.
Et puis, un jeune Chinois, Monsieur Jo (Randal Douc), riche fils de famille, est amoureux de Suzanne et la courtise assidûment. Certes, il ne pourra pas l’épouser, sa propre famille attend de lui qu’il se marie dans sa classe sociale. Mais la mère de Suzanne, encouragée par son fils qui est du genre raciste, ne répugne pas à lui faire le chantage de la bague au doigt. Si bien que Monsieur Jo invite Suzanne à passer une semaine avec lui à Saigon et lui offre une bague ornée d’un diamant. Et dès son retour, Joseph est chargé d’aller vendre la bague ! Sa prospection le fait tomber sur une femme plus âgée, qui est vite fasciné par sa beauté, couche avec lui et lui achète la bague à un prix très supérieur à sa valeur. Cet argent, remis à la mère, ne peut pourtant payer que les dettes de la famille, pas les investissements nécessaires. Pour ne rien arranger, Monsieur Jo, finalement éconduit, cherche à annexer les terres des environs pour y cultiver des poivriers, et comme il est riche, l’administration lui prête main-forte et veut expulser les villageois, qui se révoltent et coupent la tête d’un fonctionnaire venu leur annoncer qu’ils ne sont plus chez eux dans leur village. Naturellement, l’armée réprime avec son doigté habituel, en déportant les villageois et en incendiant leurs maisons…
Finalement, Joseph quitte la maison et va vivre en devenant guide pour touristes chasseurs, et la mère, qui était en mauvaise santé, meurt, non sans avoir écrit au Résident général qu’elle lui souhaitait de crever comme le chien qu’il était. Plus tard, de retour en France métropolitaine, Suzanne va devenir écrivain sous le nom de Marguerite Duras, et le polder construit par sa mère existe toujours. C’est le seul point positif de cette histoire, mais allocine.fr a oublié de le mentionner.