Aujourd'hui je voulais partager avec vous ce texte de Jean Debruyne dont je vous avais déjà présenté un texte pour Noël. L'actualité au Proche Orient nous met inévitablement face à des questions lourdes de sens. Je n'ai pas envie de savoir "à qui la faute?", "Qui a commencé?". je n'ai pas envie de faire dans la pesée des torts, dans l'escalade de l'horreur "ah ben oui, mais ils tuent plus d'enfants d'un côté que de l'autre". Parce que la haine que l'on peut avoir, elle commence par là. C'est une guerre et quoiqu'on en dise, une guerre n'est jamais propre, n'est jamais sans dégâts. On peut dire que ce sont la faute des armes, mais qui manipulent les armes? Qui se les procurent? Ce sont des hommes non? Le droit international, la politique et la morale internationale peuvent tenter d'encadrer la guerre, in fine c'est sur le terrain que cela se passe et dans le coeur de chaque homme. Je ne peux et ne veux absolument pas condamner ces hommes et femmes, d'un côté comme de l'autre qui se battent pour ce qu'ils pensent être une cause juste. Je ne peux que prier pour que la haine dans leurs coeurs se transforme en sentiment plus positif et qu'ils puissent construire la paix. Quand on voit la difficulté que l'on a dans nos petites vies à aller au-delà d'une dispute, une attaque verbale venant d'une autre personne, on imagine aisément que passer au-delà de 60 ans de conflit, maintenant ancré dans toutes les générations, n'est pas chose aisée. C'est pourquoi je vous fais découvrir ce texte: la paix c'est à nous de la tisser et il faut être tous les jours sur le métier.
La paix aurait pu être une fleur sauvage
de ces fleurs des champs
que nul ne sème ni ne moissonne.
La paix aurait pu être
une de ces fleurs des prés
que l'on trouve toute faite un beau matin
au bord du chemin, au pied d'un arbre
ou au détour d'un ruisseau.
Il aurait suffit de ramasser la paix
comme on ramasse les champignons
ou comme on cueille la bruyère
ou la grande marguerite.
Au contraire la paix est un travail
c'est une tâche.
Il faut faire la paix
comme on fait le blé.
Il faut faire la paix
comme il faut des années
pour faire une rose
et des siècles pour faire une vigne.
La paix n'existe pas à l'état sauvage :
il n'y a de paix qu'à visage humain.
Jean Debruyne