Selon François Fillon, le gouvernement ne prévoit pas de "coup de pouce". Mais la presse affirme que l'Elysée et Bercy ont décidé de faire passer le taux du Livret A de 4% à 2,5%, et non 2%.
(source : nouvelobs.fr)
François Fillon a affirmé mercredi soir 14 janvier qu'il n'y aurait pas de "coup de pouce" du gouvernement pour maintenir le taux de rémunération du Livret A.
Mais selon Le Monde, le taux d'intérêt pourrait passer de 4% à 2,5% et non 2% comme s'y attendaient les spécialistes de l'épargne, lors de sa révision semestrielle qui doit être déterminée jeudi et sera effective le 1er février.
"Confirmée en haut lieu"
"L'exécutif s'écarte (...) de la règle de calcul automatique, instaurée pour éviter les interférences politiques et qui aurait voulu que le taux soit réduit automatiquement à 2%", écrit le quotidien sur son site internet, soulignant que la décision a été "confirmée en haut lieu à l'Elysée et à Bercy".
La Banque de France calcule chaque 15 janvier et 15 juillet le taux du Livret A en fonction de l'inflation et du niveau des taux sur le marché monétaire.
Le gouvernement décide ensuite sur proposition de la banque centrale, et le nouveau taux entre en vigueur le 1er du mois suivant.
"Sans coup de pouce"
"La règle, elle s'appliquera, sans coup de pouce", avait dit François Fillon en début de soirée sur Public Sénat, en marge des voeux du président de la haute assemblée, Gérard Larcher.
"Quand l'inflation est à 3%, le Livret A est à 4. Si l'inflation est à 1%, le Livret A doit baisser d'autant", a-t-il expliqué.
François Fillon a assuré que le taux serait "de toute façon rémunérateur pour les épargnants" et souligné qu'une inflation basse était "toujours une bonne nouvelle pour les Français".
Le taux d'inflation pris en compte pour la révision de janvier est celui du mois de décembre, que l'Insee a annoncé à 1,0% mercredi - un plus bas depuis 10 mois.
Placement préféré des Français
"Les prix se calment, le taux du Livret A divisé par deux", annoncent Les Echos en Une de leur édition de jeudi, évoquant une baisse mécanique à 2% au 1er février.
Pour le chef du gouvernement, il serait "un peu paradoxal" que l'Etat français ne baisse pas ses taux à l'heure où "tout le monde réclame la baisse des taux".
"La France est la première à réclamer à la Banque centrale qu'elle baisse ses taux pour relancer l'activité économique. Ce serait un peu paradoxal que l'Etat, lui, ne baisse pas les taux de son Livret A au moment où la Banque centrale, enfin, après des mois de refus de nous entendre, baisse les taux", a-t-il ajouté.
La baisse de la rémunération du Livret A, le placement préféré des Français, est une mauvaise nouvelle pour ses quelque 46 millions de détenteurs, et elle coïncide avec la généralisation de la distribution de ce produit à toutes les banques alors que la Banque postale et les Caisses d'épargne en avaient jusqu'ici le monopole.
Favoriser la croissance
Mais le gouvernement et les économistes espèrent que ces conditions d'épargne moins intéressantes favoriseront la consommation des ménages, chancelante depuis plusieurs mois.
Selon des statistiques publiées mardi par la Banque de France, l'encours du Livret A a atteint 133,4 milliards d'euros à fin novembre 2008, en hausse de 10,8% depuis janvier et de 14,5% sur un an glissant.
Ce succès, avant même la généralisation de sa distribution le 1er janvier, s'explique par la crise financière qui a poussé les épargnants à chercher des placements sûrs. (avec Reuters)