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Instantanés sportifs en France (1941- 1943).

Publié le 14 janvier 2009 par Pensezbibi

   Course du 7 mars 42

1. Se nourrir : pour les sportifs, c’est la première des difficultés qu’ils rencontrent. Tickets de rationnement, queues, espoirs de colis de Province : c’est le quotidien en ville, c’est «la Course au bifteck ». Certaines compétitions dotées de prix en nature sont très recherchées.
2. S’équiper : Le budget consacré en 1940 à l’Education physique et au Sport passe de 50 millions de francs en 1939 à près de 2 milliards de francs en 1940 mais les moyens financiers n’ont pas forcément été à la hauteur des ambitions de la «Révolution Nationale ». Au final les résultats restent très décevants par rapport au projet qui prévoyait «une école, un stade ». Les Sportifs, eux, ont les plus grandes peines à se procurer du matériel. On court sans pointes, on joue au foot avec des chaussures de ville. Le stock des balles de hockey est épuisé. Dans les départements occupés, les salles de sport et les gymnases sont souvent réquisitionnés par les Allemands pour loger leurs troupes.
3. Les deux sports-rois : On peut parler d’une explosion du nombre de clubs et de licenciés comme en témoignent les statistiques des fédérations sportives. Pour le Football et l’Athlétisme qui sont les deux premiers sports nationaux, le nombre de licenciés est en très forte augmentation. En 1941, le foot compte 216527 licenciés  contre162 467 en 1936. L’athlétisme compte 24689 licenciés en 1936 contre 40137 en 1942.  En 42, le foot a des champions de Zone. La durée des rencontres sportives est ramenée de 45 à 40 minutes ! Les clubs ne sont plus autorisés à utiliser des joueurs évoluant avec un statut professionnel. On rétablit en 42 les rencontres internationales. A Marseille, la Suisse bat la France 2 à 0. A Séville, l’Espagne bat la France 4 à 0. En athlétisme, Jean Lalanne bat le record du 10000 mètres en 30 minutes 22 sec et 8 dixièmes.
4. Le cyclisme : pour le vélo qui est un bien précieux, le nombre de plaques de bicyclettes vendues passe de 7,4 millions en 1940 à 10,7 millions en 1942. On dispute le Paris-Tours, le Paris-Reims, le Grand Prix de Paris. C’est l’année de la révélation d’Emile Idée, vainqueur du National. Le Vel’d’Hiv ne désemplit pas.
5. Le Rugby : le rugby à treize, populaire et semi-professionnel est en plein essor avant 40. Les partisans du XV, hauts responsables surtout,  profitèrent de leurs bonnes relations avec le régime de Vichy pour obtenir la mise hors la loi du Rugby à treize. Le XV récupéra les fonds, les joueurs, les stades et même les équipements du jeu à treize !

6. Le basket : supprimé en 40 et 41, le championnat fut remplacé par une Coupe Inter-Comités. Il reprit en 1942 mais fut subdivisé en trois zones qui fournirent chacun un vainqueur.

7. Des destins sportifs se heurtent à l’antisémitisme : Nakache, champion du monde de natation, sera déporté fin 1943 avec sa femme et sa fille en tant que juif. Il en reviendra seul et sera de nouveau champion du monde. On ne voit pas le boxeur Victor Young Perez, qui y avait conquis le titre de champion du monde des poids mouche. Juif, il connaîtra la déportation dont il ne reviendra pas. Théo Medina, le petit gitan, ne trouve plus d’adversaires à sa mesure pendant que Marcel Cerdan éxécute Gustave Hemery pour sa 71 ième victoire consécutive dans un Vel d’Hiv plein deux mois après la rafle..

8. Un Président très « sportif » : les activités sportives sont tout à la fois tentatives d’embrigadement et des soupapes de survie. On  ne cesse de seriner les slogans, en direction plus particulièrement de la Jeunesse qui est l’objet de tous les soins : « La France a besoin que tous ses fils endurcissent leurs corps et trempent leur âme pour faire face aux rudes devoirs qui s’imposent à eux. Soyez les pionniers de la rénovation physique et morale. »  Dans le même temps, on présente une image dynamique de Pétain, homme qui malgré son grand âge, conserve toujours son « pas alerte qui fait transpirer tant de personnages officiels ».
9. Résistances ? Le milieu sportif associatif va se montrer petit à petit réactif à la politique d’imposition de Vichy, surtout au niveau régional. On n’accepte pas l’autorité fédérale pour certains sports (surtout ceux qui s’autofinancent). Ailleurs, au centre national de moniteurs et athlètes d’Antibes (CNMA) dont la vocation est d’entraîner les athlètes de haut-niveau, les champions viennent donner leurs précieux conseils (Cerdan, Roup, Rouzié, Barthes, Pujazon, Allais, Coutet, Rebuffat). La politique sportive de Vichy va peu à peu se heurter à un quotidien qui ne cesse de se dégrader. Cela va se répercuter de façon automatique sur la pratique sportive. Les hommes de la France Libre sont très critiques et très virulents envers la politique éducative de Vichy. Le mouvement sportif n’est pas épargné car il est souvent accusé d’accommodation à la “Révolution Nationale”. Le 2 octobre 1943, une ordonnance du gouvernement gaulliste va abroger la législation de Vichy en supprimant le Commissariat Général à l’Education Générale et Sportive dirigé par le Colonel Pascot et la Charte des Sports.
(A suivre).


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