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L'information se trouve dans le midi libre de ce jour l'association kokopelli dont la vocation est la conservation des graines (semences) de plantes anciennes, ne verra plus ses graines dans les jardins du roi Soleil, jardins entretenus par le célèbre Jardinier Alain Baraton, auteur en 2007 d'un livre sur ce magnifique parc.
La décision provient du ministère de l'Agriculture. privant Kokopelli d'une tribune par la voix d'Alain Baraton sur France Inter qui visiblement utilise ces semences.
Fait d'autant plus étonnant qu'un communiqué de presse du ministère de l'agriculture déclare qu'il soutient les variétés anciennes menacées d'érosion génétique...
Il est vrai que l'association agace tout particulièrement le ministère de l'agriculture, le GNIS et les professionnels de la semence qui ont poursuivis l'association parce qu'elle commercialise des semences qui ne sont pas inscrites au répertoire des semences.
Selon le GNIS qui m'a adressé il y a un an un courrier suite à l'article publié le 4 janvier 2007 sur agoravox, explique que l'association est hors la loi puiqu'elle ne déclare pas et n'enregistre pas les semences qu'elle comercialise à titre de conservation. Le procès fut évidemment perdu, la secrétaire d'état du ministre de l'environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, suit parait-il le dossier. Subtilité du droit français, pour éxécuter un jugement il faut en demander l'éxécution au tribunal et pour le moment aucune demande de ce type n'est faite, épargant ainsi à l'association Kokopelli une amende de 17000 €.
Kokopelli défend une autre ligne, la ligne "européenne" qui considère que les semences anciennes n'ont pas à être inscrites au répertoire des professionnels de la semence.
Deux enjeux sont sous jacents.
Le premier est dans le maintien, la conservation de la biodiversité qui doit permettre à tous d'acheter et de planter des graines de plantes "traditionnelles" pour son plaisir mais aussi dans un souci de conservation. Dans ce cas il est indispensable de répertorier ces semences dans un objectif clair de connaissance.
Le deuxième réside dans la volonté de maîtrîser un risque sanitaire et surtout d'organiser un marché. C'est l'objectif principal du GNIS, qui organise les marchés pour assurer les approvisionnements en semence, etc. On le voit, le risque est manifeste qu'une association qui pense et agit différemment soit très vite ostracisée par un système "industriel".
Le grand perdant c'est la liberté, si plus personne n'a la liberté de commercialiser des semences anciennes sous prétetxte de prévenir tout risque sanitaire il est évident que l'on touche là sans pour autant tomber dans le simplisme dans une aberration du système.
Comment conclure?
Tout d'abord peut être en rappelant que l'on ne peut que regretter la décision du ministère de l'agriculture. Pouvoir admirer et faire découvrir des plants anciens poussant dans le fabuleux parc de Versaille devrait être un projet pédagogique majeur pour sensibiliser les visiteurs à cette biodiversité menacée.
Ensuite l'agriculture doit évoluer. Entre productivisme à outrance permettant de faire de la France le grenier de l'Europe mais dont les conséquences écologiques sont désastreuses par l'usage massif de pesticides et la petite production de fruits et légumes "bio" immangeable, il y a de la place pour toute une série d'exploitations, de regroupements pour permettre de mieux exploiter la terre menacée d'érosion, de mort, tout comme le sont nos fleuves à cause du PCB.
Enfin c'est tout les jours qu'il faut agir petit à petit dans ses comportements pour réussir en tant que consom'acteur à faire changer les habitudes des industriels, des commerçants et des politiques...