Depuis la fin des temps l’homme a raconté des histoires. On nous a tous raconté des histoires, pour nous endormir le soir quand nous étions petits et pour nous endormir debout, quand nous sommes devenus grand.
Aujourd’hui la politique est devenue l'expression du système pyramidal dans toute sa splendeur : le pouvoir du leader ship.
En France notre président omnipotent Sarkosy s'agite sans cesse et court partout (sans toujours sembler savoir pourquoi !). Il excite ainsi à l'extrême le concept de toute puissance propre aux hommes politiques, toujours plus avides de pouvoir.
Or, cette course effrénée peine à cacher la profonde stérilité des politiques, tant dans leurs actes que dans leurs paroles.
Finalement dans cette quête, illusoire par excellence, de la toute puissance, leur impuissance, au sens littéral du mot, perce nettement.
Alors pour nous endormir, se prenant pour Pimprenelle et Nicolas et par la même, nous prenant pour des enfants, ils usent du storytelling, ils nous racontent des histoires.
Certains diront brutalement : « ils nous prennent pour des cons ! »
Mais c’est pire, ils se servent du storytelling le plus souvent très intelligemment pour éliminer l'Autre en nous.
Ils veulent nous rendre tous différents, mais d’une différence nommée, classifiée par eux. Une différence qu’ils veulent nous imposer.
Mais les politiques ne sont pas les seuls à user ainsi, mal, du storytelling.
Cette entreprise de sape est également menée en parallèle par Hollywood et une partie de la pub. Hollywood nous donne les histoires que nous voulons, comblant illusoirement nos manques et tuant tout désir comme le dit Bernard Stiegler. Et la pub nous pousse à être autophage ( « la société de consommation de soi », Dominique Quessada).
Que nous reste-t-il après leur passage dévastateur ?
Sans Autre, le moi s'épuise vite. A bout de souffle et d’espoir, expulsé de l’espace de son désir, il lui faut, comme les petits enfants, non seulement jouer et rejouer, mais changer sans arrêt d'activité. Se mettre en mouvement continuellement. Niant le temps, l'homme d'aujourd'hui court dans l'espace, dans tous les espaces. Il court après son désir, sans jamais l’apercevoir.
Il ne reconnaît plus la place de l’Autre en lui.
Il est incapable d’une relation avec un Autre.
Le storytelling tel que nous le connaissons en politique ou en pub lui donne ce qu'il veut : de l'entertainment pour se reposer, pour passer le temps (au sens de se passer du temps), pour jouer, en un mot de l'illusion.
Il faut réinventer le storytelling.
L'être humain n'est jamais réductible à ce qu'il est là immédiatement devant vous, il est Autre.
Le nouveau storytelling doit lui redonner du temps, du sens, de la ressource, de l'altérité créatrice, la liberté d'être et d'agir.
Le storytelling doit engager la personne mais aussi l'individu, non seulement le masque, mais aussi l'individu Autre qui se cache derrière. Il doit permettre le jeu social, au sens du jeu d'une porte, car sans jeu, la porte ne pourra ni s'ouvrir ni se fermer!
Le storytelling doit aider l'homme à sortir du monde sans bord dans lequel il vit. Mais comment sortir quand il n'y a ni dedans, ni dehors?
Le storytelling peut donner à l’homme un cadre à son épanouissement, lui rendre son individualité confisquée par les politiques, les medias et la pub, une individualité qui peut, dans des histoires vraies, se confronter à d'autres individualités et prendre corps en une communauté formée, non pas de personnalités différentes, mais d'individualités Autres.
Le storytellling peut nous redonner une altérité perdue aujourd’hui, pour mieux permettre de nous engager dans de nouvelles relations avec d’Autres, des relations empreintes de désir
Ecrit par: Jean Yves Le Moine
Posté par: Morgane Craye
Publié sur: levidepoches/planning stratégique
Pour plus d'information cliquez ci-après pour lire le rapport d'innovation "le Storytelling" réalisé par les membres de courts circuits