" Les moins de 25 ans et les professeurs pourront aller gratuitement dans les musées et les monuments nationaux à partir du 4 avril, une mesure ciblée annoncée mardi par Nicolas Sarkozy qui prend la place d'une gratuité totale expérimentée et finalement abandonnée.
Cette mesure de gratuité "ne tue pas les musées, au contraire, car les jeunes qui ont l'habitude d'aller au musée" iront également quand ils seront adultes, a dit M. Sarkozy à l'occasion des voeux qu'il présentait à Nîmes devant les responsables du monde de la culture.
La mesure concerne la centaine de monuments nationaux, comme le Panthéon ou l'Arc de triomphe, le Mont St-Michel ou les remparts de Carcassonne, ainsi que les collections permanentes de la quarantaine de musées nationaux, le Louvre, le musée du quai Branly, Fontainebleau ou le château de Pau. Leurs expositions temporaires resteront payantes, précise le ministère de la Culture.
En pratique, elle s'applique aux jeunes âgés de 18 à 25 ans, les jeunes âgés de moins de 18 ans bénéficiant déjà de la gratuité dans ces établissements.
Le coût de la mesure, qui sera compensée financièrement aux établissements, est évalué à 25 millions d'euros par an. Pour 2009, la somme pourra être prélevée des 5% de budget que doit geler chaque année chaque ministère, a précisé le ministère de la Culture.
Le ministère de la Culture avait, à la demande du Premier ministre François Fillon, mené au premier semestre 2008 une expérimentation de gratuité totale dans quatorze établissements nationaux, musées (pour les collections permanentes) ou monuments, avec pour objectif d'élargir leur fréquentation à de nouveaux publics.
Dans le même temps, l'expérimentation proposait quatre nocturnes gratuites pour les 18-25 ans au Louvre, à Orsay, au Centre Pompidou et au musée du quai Branly, une gratuité "ciblée" pour laquelle la ministre de la Culture Christine Albanel n'avait jamais caché sa préférence.
La mesure annoncée "cible un public qui a du temps, qui a envie de culture et qui est très sensible à la question de la gratuité", a dit le ministère, s'appuyant sur les résultats de l'enquête menée pendant l'expérimentation.
Des études avaient montré que la mesure de gratuité totale, instaurée par exemple en Grande-Bretagne depuis 2001, avait provoqué une hausse de fréquentation, parfois spectaculaire, mais attirait la plupart du temps le même type de visiteurs dans une sorte "d'effet d'aubaine", contrairement à l'effet recherché
Lors de la campagne électorale, l'UMP, favorable à la gratuité totale, avait estimé le coût d'une telle mesure à entre 150 et 200 millions d'euros par an, une charge extrêmement lourde à assumer en ces temps de budgets plus que tendus.
Le directeur du musée de la Renaissance à Ecouen (Val d'Oise), Thierry Crépin-Leblond, dont la fréquentation a augmenté de 86% lors de l'expérimentation, a estimé que la mesure annoncée était "souhaitable et souhaitée".
Les jeunes "sont ceux qui viennent le moins", a-t-il dit interrogé par l'AFP. "Il faut que ce soit une vraie action, il faut leur donner des outils de compréhension, pour les faire venir et leur donner envie de revenir", a-til estimé."