Nouvelle série d'un des scénaristes de The Shield, le nommé Kurt Sutter, cette série met en scène une bande de motards américains ayant le contrôle, aussi subversif soit-il, d'une petite bourgade de Californie, la mal nommée Charming.
> Les Sons of Anarchy
Inévitablement, Harley Davidson et autres belles mécaniques s'y côtoient, sur lesquelles reluisent les cuirs de nos protagonistes et des pin-ups qui les accompagnent. Le motard du 21ème siècle n'a pas changé avec le temps. L'avènement des nouvelles technologies ne semble pas l'avoir touché, préférant de loin mettre les mains dans le cambouis que, par exemple, passer ne serait-ce que cinq minutes devant cet objet inhumain qu'est l'ordinateur, inexistant de la série. Seuls leurs engins ont évolué et les communications aux téléphones portables témoignent qu'ils sont bien de notre époque.
Cette bande de motards que nous suivons possède un point de ventes et de réparations autos/motos, le Teller-Morrow. C'est le lieu de vie et de rassemblement du groupe où se tient régulièrement le conseil ayant pour objet de discuter des projets pour les valider après votes des membres. Ce système démocratique, qui laisse au groupe le choix de son destin en concertation avec l'ensemble de ses adhérents, se trouve gravement entaché par les activités mafieuses qu'il soutient mais aussi par le leader, le patron, Clay Morrow.
En effet, les Sons of Anarchy sont à l'origine des mauvais coups dans la ville. Plus précisément, ils mènent des trafics notamment d'armes comme on a pu le voir dans cette saison. Ils tiennent sous leur joug, la petite ville de Charming, qui, pour le coup, résonne ironiquement, tant le tableau laissé par la série de la bourgade, n'a rien de charmant. Personne ne résiste à la domination pesante des SoA sur la ville que se soit à l'hôpital ou chez les forces de l'ordre qui ont à leur tête un chef ayant céder sous la pression et se retrouve aujourd'hui corrompu jusqu'au cou. Ces activités servent à assoir le groupe dans sa notoriété sur la ville face aux bandes rivales, les Mayans et les Niners essentiellement. Elles permettent aussi d'accroitre des fonds et des moyens pour se battre. Les Sons of Anarchy ne sont donc pas des gens simplement passionnés par les belles mécaniques, ni de simples adeptes de la culture des motards mais ils sont de part leurs nombreuses exactions, un réseau mafieux.
Ce côté sombre est, en premier lieu, entretenu par le leader, le charismatique Clay Morrow. Plus jeune membre lors de la création des Sons of Anarchy, il mène pourtant à l'encontre des idéologies à l'origine, celles entre autres de John Teller, un des fondateurs des SoA. Clay Morrow a une âme de voyous et surtout un égo surdimensionné. Ego qui lui vient sûrement de sa carrure imposante accompagnée d'un sens innée du leadership. Difficile de lui dire non. Difficile également de ne pas lui donner confiance. Morrow domine et est sans doute l'homme le plus influent de Charming. Il en sait tout et en contrôle tout.
Un problème se dégage alors. Clay Morrow allant à l'encontre des idéos fondatrices, dirige le groupe trop selon ses convictions et ses envies. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Parfois, il semble se servir de la puissance des Sons of Anarchy pour ses intérêts à lui. Quant en plus, peu de décisions qu'il propose sont peu discutables, Clay Morrow règne alors en chef-dictateur au sein des SoA. Enfin, là où ces derniers, de part leur hégémonie, pourraient protéger la ville, Clay Morrow, en fait sa réserve de serfs où il peut y régner comme un seigneur. Cette voie prise ne correspond pas à celle voulue à l'origine, celle dont on aperçoit quelques détails durant cette saison, celle inscrite dans les mémoires de John Teller à sa mort, père de Jackson Teller, surnommé Jax.
Jax les découvre et se rend compte que Clay ne suit pas la doctrine originelle. Il se met alors à douter de lui et du chemin qu'il emprunte avec les Sons of Anarchy. En les faisant suivre une voie de plus en plus hors-la-loi, de plus en plus construite pour assurer la domination du groupe et seulement elle, il accroit le risque de le mettre en péril. Dans cette première saison, on aperçoit, d'ailleurs, des signes précurseurs qui supposent que la survie des SoA est comptée selon la direction prise par Clay.
L'un des premiers que l'on peut observer est du côté de la police. Certes, leur influence en son sein est bien marquée puisqu'en cas de problèmes, Clay a juste à solliciter le chef pour les arranger. Il se sert également de lui pour obtenir des informations menaçant ou pouvant servir le groupe. Ce qui lui procure, pour le moment, un bon avantage comme, par exemple, lors d'une décente au Teller-Morrow se soldant par un échec car Clay ayant été prévenu avant. Mais la corruption dont ne peut plus se défaire le chef, risquant pour lui, sa carrière, sa retraite, dont il en est très proche, est bien connue par son second. Il ne peut le dénoncer parce qu'il n'en a pas la preuve. Il le sait seulement. Ce qui se traduit concrètement par une rivalité entre les deux. Ce second, Hale, qui peut un jour éliminer son chef corrompu, en accord avec son intégrité et son devoir d'assurer la sécurité des habitants de Charming, pourrait rapidement devenir le danger numéro un de Clay et plus encore des Sons of Anarchy dans leur ensemble. Clay en multipliant les mauvais coups fait, en plus, grandir la motivation de Hale à s'attaquer à eux et pourquoi pas, in fine, à démanteler les SoA parce qu'au final, ils ne sont plus que de dangereux mafieux à motos.
Si en plus, les SoA sont les présumés coupables d'actions criminelles graves comme le vol et la revente d'armes à des révolutionnaires Irlandais, membre de l'IRA. Si pour cela, ils doivent mettre à sac un entrepôt, le brûler, multiplier les fusillades et les cadavres avec les bandes rivales, tuer un haut fonctionnaire, alors irrémédiablement, ils font parler d'eux, de Charming, au plus haut niveau de la société. C'est à cette occasion qu'en plus de Hale, débarque les fédéraux rien que pour eux. Clay fait donc grimper la mise à prix des Sons of Anarchy, exacerbant l'appétit de la société à les éliminer car se sentant en danger.
A cet égard, l'agent fédéral, June Stahl, jouée, notons-le, par Ally Walker, prend position au poste de police. Tarée, pensant n'en avoir pas pour longtemps parce que, selon ses préjugés, les motards ont peut-être de gros bras mais aussi, sans doute, une petite cervelle, elle prend de haut cette affaire et ne prend pas conscience de l'ampleur de la tâche à accomplir face aux Sons of Anarchy de Clay Morrow. Sûre d'elle, elle se fait naïvement piéger, croyant que la méthode de la carotte et du bâton suffirait pour que l'un d'eux balance. Que nenni, c'est le nez fracturé qu'elle se fera donner une bonne leçon par Clay, sa bande, mais aussi, ne l'oublions pas, le chef de police qui n'a pas intérêt à ce que son état corrompu soit découvert. Mais c'est d'abord sa condescendance sur cette affaire qui la fait échouer. Meurtrie dans son égo, elle se met alors à la chasse aux Sons of Anarchy. Une chasse aveugle, tirant sur tout ce qui bouge qui se termine par une mort innocente, injuste et cruelle.
A la jonction de la direction noire et périlleuse prise par Clay Morrow avec les Sons of Anarchy et la détermination vengeresse des forces de l'ordre pour les anéantir, se trouve au final quelqu'un qui n'avait rien avoir là dedans. Pire que cela, c'est la femme d'un des bikers qui avait raccroché, qui se battait pour qu'il abandonne le club qui en subit les conséquences tragiques. Et ce, malgré les sonnettes d'alarmes que s'efforçaient de faire entendre Jax à Clay, mais aussi le second Hale, qui doutait des méthodes de l'agent June, motivées surtout par la revanche de son égo.
Cet événement marque le début de la fin des Sons of Anarchy sous Clay Morrow. Tout du moins, ceci marque le déchirement entre Jax et ce dernier. Ce sera l'objet des saisons suivantes.
> Critique de la série
Étant donné le trait d'union avec The Shield, Sons of Anarchy partage de nombreux points communs avec la série ainée de Kurt Sutter.
Nous retrouvons une bande d'anti-héros composée de gens à la morale douteuse et égoïste. D'un côté la Strike Team de l'autre les SoA. Nous retrouvons une petite bourgade dominée par cette bande. Dans The Shield, nous étions à Farmington. Dans Sons of Anarchy, nous sommes à Charming. Nous retrouvons des bandes rivales telles que les Mayans ou les Niners. Nous retrouvons une forte rivalité entre la police et la rue. Nous retrouvons exactement le même schéma scénaristique que la saison 5 de The Shield dans laquelle, Kavanaugh, inspecteur des affaires internes, acharné à faire tomber la Strike Team, avait usé, au final, du même stratagème qui consiste à faire passer l'un des membres pour une balance et se terminant de manière tout aussi tragique. Je soupçonne, aussi, Kurt d'avoir soit des actions chez Take Two, soit d'avoir passer trop d'heures à jouer à GTA, au point que ses séries ressemblent furieusement à l'ambiance de ce jeux vidéo.
Sons of Anarchy, pour quelqu'un d'un peu habitué, ne respire donc pas la fraicheur, ce type d'histoires n'étant pas nouvelles. Au final, on n'est pas surpris, pas marquée par cette série, tellement on nous a fait ce coup là de nombreuses fois. Le coup de théâtre de fin, hormis sa portée et ses conséquences sur la mythologie de la série, est amené de manière trop tirée par les cheveux pour qu'il ne soit pas un poil insipide. On peut même deviner ce qui va arriver dés le début, puisqu'un motard, gentil, plein de cœur pour sa famille, qui a raccroché, auquel Jax répète sans cesse qu'il ne devrait pas reprendre, va forcément finir par le payer malgré lui, mangé par les requins. C'est cousu de fil blanc.
Ce qui nous retient davantage, hormis le côté motard si vous aimez ça, se sont les personnages. Même si, ils s'approchent un peu trop du cliché pour certains, dans l'ensemble, ils sont intéressants à suivre. Quant en plus, ils sont remarquablement joué comme Clay par Ron Pearlman, on dédaigne encore moins à continuer.
Au final, je dirai que SoA est une série moyenne qui ne prétend pas encore au podium mais qui de part ses personnages et ses histoires humaines, maintient l'intérêt. Il y a également ce côté voyou, subversif, que manie plutôt bien Kurt, qui est entrainant parce qu'il ouvre sur des morales souvent bien plus profondes et démonstratives que si c'était l'inverse. Mais attendons de voir ce que va donner la concurrence, notamment HBO avec 1%.
>> Bande annonce de Sons of Anarchy, saison 1:
Sons of Anarchy- Saison 1 - Bande Annonce